4 pièce(s) jointe(s)
Amazon développe des lunettes connectées pour ses chauffeurs dans le but d'accélérer les livraisons
Amazon utilise des caméras connectées à une IA dans les camionnettes de livraison
et certains conducteurs sont préoccupés par le respect de leur vie privée
Amazon, le leader mondial de l'e-commerce, a intégré dans ses vans de livraison des caméras connectées à une IA pour surveiller les livreurs tout le long du parcours de livraison et ainsi connaître leur performance. Certains conducteurs sont préoccupés par le respect de leur vie privée, car ils sont enregistrés "100 % du temps" par les caméras pendant qu'ils sont en route et signalent une série d'infractions à la sécurité, notamment le non-respect d'un stop, les excès de vitesse et la conduite distraite. De son côté par contre, le détaillant affirme que les caméras l'aideront à améliorer la sécurité de son réseau de livraison.
Amazon veut garder un œil sur ses livreurs pendant le service
Les chauffeurs Amazon de certaines installations américaines auront bientôt une paire d'yeux supplémentaire pour les surveiller lorsqu'ils prendront la route pour effectuer leurs livraisons quotidiennes. En effet, le géant mondial de l'e-commerce a récemment commencé à tester des caméras connectées à une IA dans les véhicules pour surveiller les chauffeurs de livraison sous contrat pendant qu'ils sont au travail. Amazon a confirmé ses faits au micro de CNBC, disant que cette "surveillance" va lui permettre d'améliorer la sécurité de son réseau de livraison, mais cela inquiète grandement les acteurs concernés.
Selon des critiques de l'industrie, cette forme de surveillance n'est pas loin de ce qui s'observe en Chine et ne devrait pas être autorisée aux États-Unis. D'après eux, cela crée un environnement de stress continu pour les conducteurs et constitue une violation flagrante de leur vie privée. Les caméras ont été déployées dans des fourgons de livraison de marque Amazon utilisés par une poignée d'entreprises qui font partie de son programme de partenariat de services de livraison, et qui sont en grande partie responsables des livraisons du dernier kilomètre.
Selon les dires de Deborah Bass, porte-parole d'Amazon, qui a confirmé les faits à CNBC, les caméras pourraient être déployées dans d'autres prestataires de services de livraison au fil du temps. « Nous investissons dans la sécurité dans toutes nos activités et avons récemment commencé à déployer une technologie de sécurité basée sur des caméras de pointe dans toute notre flotte de livraison », a déclaré Bass dans un communiqué. « Cette technologie fournira aux conducteurs des alertes en temps réel pour les aider à rester en sécurité lorsqu'ils sont sur la route », a-t-elle ajouté.
Amazon a déjà distribué une vidéo d'instruction aux prestataires de services de livraison, les informant du fonctionnement des caméras. Toutefois, nombreux sont ceux qui s'interrogent à propos de la surveillance de masse et l'utilisation abusive des données qui seront recueillies par le biais de ces caméras.
Pourquoi Amazon fait-il maintenant appel à des caméras d'IA ?
En effet, Amazon a mis en place un programme appelé DSP (Delivery Service Partner), regroupant les fournisseurs de services de livraison sous contrat et généralement reconnaissables aux fourgons de livraison de marque Amazon. Ils ramassent les colis dans les stations de livraison Amazon et les déposent aux portes. Le programme, lancé en 2018, a permis à l'entreprise d'augmenter rapidement ses capacités de livraison du dernier kilomètre et de concurrencer des partenaires de transport, tels que UPS et FedEx. Cependant, le programme DSP d'Amazon a fait l'objet de critiques pour le laxisme de ses protocoles de sécurité par le passé.
Des enquêtes menées par NBC News, ProPublica et BuzzFeed News, ont permis de relever plusieurs problèmes, mais aussi de constater les mauvaises conditions de travail dans certains DSP, sur la base d'entretiens avec des chauffeurs et d'anciens employés d'Amazon. Amazon a certainement longuement réfléchi à la façon de corriger le tir, ce qui l'a amené à déployer ces caméras. Les caméras pourraient contribuer à améliorer la sécurité, mais les défenseurs de la vie privée et plusieurs chauffeurs de DSP ont déclaré qu'ils s'inquiétaient d'éventuels compromis en matière de protection de la vie privée.
Certains chauffeurs, qui ont demandé à rester anonymes par crainte de représailles de la part d'Amazon, ont décrit les caméras comme "dérangeantes", "Big Brother" et "un système de punition". D'autres ont déclaré craindre que les caméras connectées à un système d'intelligence artificielle n'ajoutent une pression supplémentaire à un travail qui implique déjà une charge de travail intense de livraison de centaines de colis par jour. Les chauffeurs ont déclaré qu'ils sont passibles de mesures disciplinaires, pouvant aller jusqu'au licenciement, en fonction de la gravité de l'infraction à la sécurité enregistrée par la caméra.
En fait, selon une politique de confidentialité publiée par Amazon en rapport avec les caméras, les images collectées par ces dernières peuvent être utilisées pour des décisions d'emploi. « Je ne pense même pas qu'Amazon sache encore toutes les façons dont ils utiliseront la vidéo recueillie par ces appareils », a déclaré Evan Greer, directeur adjoint du groupe de droits numériques Fight for the Future. « Cela signifie simplement que chaque véhicule Amazon sera désormais aussi une caméra de surveillance Amazon. Et pour l'instant, il n'y a aucune loi en place pour régir ce qu'Amazon peut faire avec toutes ces images une fois qu'elles ont été collectées ».
Comment fonctionnent les caméras de surveillance d'Amazon ?
Dans la vidéo d'instruction adressée par Amazon aux DSP, le détaillant a affirmé que ses caméras d'IA enregistrent "100% du temps" lorsque les conducteurs sont sur la route. Amazon utilise une caméra alimentée par l'AI fabriquée par Netradyne, une start-up de San Diego fondée en 2015 par deux anciens employés de Qualcomm. La caméra, appelée Driveri, possède quatre objectifs qui capturent la route, le conducteur et les deux côtés du véhicule. Les caméras sont équipées d'un logiciel d'intelligence artificielle capable de détecter 16 problèmes de sécurité différents.
Cela comprend si un conducteur ne s'arrête pas à un stop, s'il est distrait, s'il roule à grande vitesse, s'il freine brusquement et si le conducteur porte sa ceinture de sécurité. Un conducteur de DSP dans le Kentucky a déclaré que les caméras peuvent également détecter si un conducteur bâille. Plus encore, Karolina Haraldsdottir, un cadre supérieur pour la sécurité du dernier kilomètre chez Amazon, a déclaré dans la vidéo que la caméra émet une alerte sonore, comme "Maintenez une distance de sécurité", "Aucun arrêt détecté" et "Veuillez ralentir", lorsqu'elle détecte certaines violations de la sécurité.
« La sécurité est notre priorité absolue chez Amazon et nous espérons que ce nouveau système apportera aux conducteurs et aux prestataires de services numériques une tranquillité d'esprit tout en faisant sourire nos clients », a expliqué Haraldsdottir. Lorsque la caméra détecte qu'un employé a un comportement de conduite dangereux, elle déclenche le téléchargement des images vers un "portail sécurisé" accessible par Amazon et le DSP. Interrogé par CNBC, un porte-parole d'Amazon n'a pas répondu aux questions demandant comment les images sont sécurisées.
La vidéo dit toutefois que les conducteurs ont un certain contrôle sur la caméra, qui n'enregistre pas l'audio. Un bouton sur la caméra permet aux conducteurs de télécharger manuellement les images, et les conducteurs peuvent éteindre les caméras orientées vers la cabine lorsque le contact de leur fourgon est coupé, ce qui leur permet d'avoir un peu d'intimité pendant leur pause déjeuner ou lorsqu'ils passent un appel téléphonique. Amazon a en outre déclaré que la caméra n'envoie pas de "flux en direct" à Amazon ou aux DSP.
Cela dit, certains déclencheurs de sécurité signalés par la caméra en temps réel peuvent amener Amazon à entrer en contact avec le conducteur lorsqu'il est sur la route. Par exemple, le conducteur du Kentucky a déclaré que si un conducteur est pris en train de bâiller, la caméra lui demandera de se garer pendant au moins 15 minutes. Si le conducteur n'obtempère pas, il peut recevoir un appel de son service de sécurité routière lui demandant de se garer. Amazon peut également utiliser les images pour d'autres fins que l'application des mesures de sécurité.
Dans la vidéo, Haraldsdottir explique également que les images peuvent être utilisées dans le cadre d'enquêtes sur des incidents. Il peut s'agir de collisions avec d'autres véhicules ou des piétons, ou encore de vols de colis. « Les séquences vidéo peuvent être l'un des meilleurs outils pour obtenir rapidement des faits sur une situation », a expliqué Haraldsdottir dans la vidéo, avant de passer à un scénario où les séquences de Driveri ont été « utilisées pour acquitter un conducteur de toute responsabilité dans des incidents de sécurité ».
Enfin, la politique de confidentialité stipule que les images peuvent être remises aux forces de l'ordre ou utilisées comme preuves dans le cadre de procédures judiciaires si nécessaire.
De plus en plus d'entreprises font appel à cette technologie
Selon le rapport de CNBC, Amazon n'est pas la seule entreprise de logistique à s'appuyer sur cette technologie. Selon Dan McMackin, porte-parole d'UPS (United Parcel Service), une entreprise postale américaine, l'entreprise a testé l'année dernière des caméras orientées vers l'avant et équipées de capteurs qui émettent des alertes de sécurité dans des fourgons dans plusieurs villes dans le cadre d'un essai de "preuve de concept initiale". Le test a suscité un certain recul de la part du syndicat des camionneurs. Selon les experts, les capacités de l'IA sont tout aussi préoccupantes.
Cela en raison du fait que l'IA permet à Amazon de s'appuyer sur un logiciel pour examiner les images à l'échelle, ce qui peut produire des erreurs de jugement. De plus, des recherches antérieures sur les systèmes d'IA ont montré que la technologie présente des préjugés raciaux et sexistes, comme Gender Shades, une étude marquante de 2018 qui a révélé que la technologie de reconnaissance faciale est très imprécise pour les personnes de couleur noire.
« Lorsque vous superposez une technologie de surveillance à un système déjà discriminatoire, cela automatise, amplifie et exacerbe cette discrimination, sans qu'aucune règle soit en place pour protéger les travailleurs », a déclaré Greer. Selon un chauffeur d'Amazon, qui a demandé à rester anonyme, les conducteurs qui auraient pu être mal à l'aise avec cette technologie n'ont pas eu la possibilité de se désengager.
Ce dernier a dû accepter électroniquement les conditions d'installation de la caméra. « Sinon, je ne pourrais pas travailler pour Amazon », a-t-il déclaré. Greer a expliqué que les caméras connectées à une IA envoient un message aux travailleurs, à savoir qu'on ne peut pas leur faire confiance.
Sources : Politique de confidentialité d'Amazon sur les caméras, Vidéo d'Amazon
Et vous ?
:fleche: Que pensez-vous du système de surveillance des conducteurs d'Amazon ?
:fleche: Amazon a-t-il le droit de surveiller ces travailleurs sous prétexte d'amélioration de la sécurité ?
:fleche: Pensez-vous que ces pratiques vont se généraliser dans l'industrie, notamment au sein des entreprises de logistiques ?
Voir aussi
:fleche: La reconnaissance faciale utilisée en Chine pour tout, de la collecte des déchets à la distribution de rouleaux de papier toilette, d'après une enquête, les citoyens sont de plus en plus préoccupés
:fleche: Chine : même les porteurs de masques peuvent être identifiés, selon une société chinoise de reconnaissance faciale
:fleche: La pandémie profite à l'industrie des logiciels de surveillance anti-tricherie qui sont de plus en plus déployés pour surveiller les étudiants pendant les examens en ligne
:fleche: La police chinoise s'équipe de lunettes dotées d'une technologie de reconnaissance faciale pour scanner les foules à la recherche de suspects
:fleche: La police de Londres déploiera des caméras de reconnaissance faciale dans toute la ville, les militants de protection de la vie privée ont qualifié cette décision de menace grave contre les libertés
«»
3 pièce(s) jointe(s)
Un chauffeur d'Amazon démissionne à cause des caméras connectées à une IA installées dans les camions
Un chauffeur d'Amazon démissionne de l'entreprise à cause des caméras connectées à une IA installées dans les camions,
capables d'enregistrer et analyser son visage et son corps pendant toute la durée d'un voyage
Amazon utilise des caméras connectées à une IA dans les camionnettes de livraison. L'intérêt pour l'entreprise étant de surveiller les livreurs tout le long du parcours de livraison et ainsi connaître leur performance. Certains conducteurs sont préoccupés par le respect de leur vie privée au point d'arriver à opter pour la démission comme meilleur choix. Vendredi, la Fondation Thomson Reuters a publié un rapport sur un chauffeur d'Amazon pour qui, la surveillance constante de l'entreprise par l'intelligence artificielle s'est révélée être de trop. L’employé d’Amazon a démissionné de son poste de livreur de colis pour le leader mondial de l'e-commerce.
À l’heure où tous les outils de travail deviennent numériques, la cybersurveillance ne cesse d’étendre son emprise sur les rapports productifs et au-delà, sur l’ensemble des rapports humains. Les dernières actualités sur la cybersurveillance des salariés en milieu professionnel laissent penser que le développement des nouvelles technologies a contribué à une perméabilité des frontières entre vie professionnelle et vie privée.
Notons que, la cybersurveillance peut être définie comme tout moyen de contrôle technique, sur une personne ou un processus, lié aux nouvelles technologies et plus particulièrement aux réseaux numériques de communication. En d’autres termes, la cybersurveillance regroupe les voies et moyens aboutissant à l’accès des données ou signaux transmis par voie électronique ainsi que le contrôle des moyens techniques permettant ces transmissions. Techniquement, elle se fait au moyen de logiciels de surveillance permettant d’enregistrer tous les évènements ou messages survenus pendant un temps donné et à un endroit déterminé.
L’employé prénommé Vic, qui a demandé à n'utiliser que son prénom « par crainte de représailles », dit avoir vu les politiques d'Amazon changer pour inclure des moyens de surveillance de plus en plus actifs. Au début, c'était l'application Mentor d'Amazon qui surveillait constamment sa conduite, l'utilisation de son téléphone et sa localisation, générant un score permettant à ses responsables d'évaluer ses performances sur la route. « Si on passait sur une bosse, le téléphone s'entrechoquait, l'application Mentor enregistrait le fait que j'utilisais le téléphone pendant que je conduisais, et boum, j'étais ramené à l’ordre », a-t-il dit.
Ensuite, l'entreprise voulait des photos de lui au début de chaque service sur une autre application, a-t-il raconté à la fondation. Mais le point de rupture est survenu lorsqu'Amazon a annoncé qu'elle allait installer des caméras d’intelligence artificielle dans sa flotte de véhicules. « Je m'étais déjà connecté avec ma carte au début de mon service, et maintenant, ils veulent une photo ? C'était trop », a-t-il déclaré.
L'indignité ultime a été la décision d'Amazon d'installer dans les véhicules de livraison une caméra à quatre lentilles, alimentée par l'intelligence artificielle, qui enregistrerait et analyserait son visage et son corps pendant toute la durée du service. Vic a donné son préavis de deux semaines et a démissionné, avant la date limite du 23 mars à laquelle tous les travailleurs de son centre de distribution de Denver devraient signer des formulaires de décharge autorisant Amazon à les filmer et à collecter et stocker leurs informations biométriques.
Dans la plupart des entreprises, les employeurs gardent un œil attentif sur l’activité de leurs employés. Contrôles continus ou aléatoires, partout quelque chose ou quelqu’un surveille ce que vous faites. Comme le soulignait déjà le professeur de management, Philippe Silberzahn, sur la scène de Lift, la plupart des directeurs sont formés avant tout à contrôler les autres et 30 % à 50 % de leur temps est dédié à cette activité de monitoring. Mais si ce contrôle est censé empêcher les salariés de faire « quelque chose de mal », ne les empêchent-ils pas de faire « quelque chose de bien ? »
Selon certaines sources, Amazon équiperait tous ses véhicules de livraison de systèmes de caméras prenant en charge la technologie d’intelligence artificielle appelés Driveri, fabriqués par une société appelée Netradyne. Les caméras sont toujours allumées et analysent le langage corporel des conducteurs, la vitesse du véhicule et même la somnolence. Le système utilise ensuite des "alertes verbales automatisées" pour informer les conducteurs d'une éventuelle infraction.
Lorsqu'Amazon a annoncé ce changement de politique et donné à ses chauffeurs un délai pour accepter les protocoles de surveillance, Vic a indiqué qu'il avait fait le choix de donner son préavis. « C'était à la fois une violation de la vie privée et un abus de confiance », a-t-il déclaré. Il a également déclaré que le fait que l'entreprise exige des chauffeurs qu'ils acceptent une surveillance constante pour pouvoir faire leur travail ressemblait à « une sorte de coercition ».
Pour Amazon, l’adoption des systèmes de caméra fabriqués par l'entreprise américaine Netradyne, fait partie d'un effort national pour répondre aux préoccupations concernant les accidents de plus en plus nombreux impliquant ses camionnettes de livraison. Une porte-parole d'Amazon a déclaré que la société « investit dans la sécurité de l'ensemble de ses opérations et a récemment commencé à déployer une technologie de sécurité basée sur des caméras, à la pointe de l'industrie, dans l'ensemble de sa flotte de livraisons. Cette technologie fournira aux conducteurs des alertes en temps réel pour les aider à rester en sécurité lorsqu'ils sont sur la route ».
Amazon n'a pas répondu aux questions sur les préoccupations relatives à la vie privée soulevées par les conducteurs ni fourni d'informations supplémentaires sur les personnes avec lesquelles elle partagerait les données des conducteurs. Albert Fox Cahn, qui dirige le Surveillance Technology Oversight Project, une organisation de défense de la vie privée a souligné que les caméras Amazon faisaient partie d'une nouvelle tendance inquiétante. « À mesure que les caméras deviennent moins chères et que l'intelligence artificielle devient plus puissante, ces systèmes de suivi invasifs deviennent de plus en plus la norme », a-t-il déclaré.
Le développement des technologies de contrôle semble soulever un certain nombre de questions relatives notamment au respect de la vie privée, à la liberté et à la protection des données à caractère personnel. Le 2 mars, Vic et certains de ces collègues ont reçu une notification dans leur application Amazon Flex les informant qu'il devait désormais signer un formulaire de consentement pour permettre à Amazon de le filmer au travail, puisque des caméras allaient être installées dans toutes les camionnettes. Lorsque Vic, chauffeur camion chez Amazon, a lu les documents, il a été troublé de lire qu'Amazon se réservait le droit de « partager les informations... avec des prestataires de services tiers » et des « affiliés du groupe Amazon ».
Selon Fox Cahn, expert en confidentialité, « ces politiques semblent avoir été rédigées par des avocats avec des honoraires coûteux dans le seul but de protéger les résultats d'Amazon et non la vie privée de ses employés ». « La façon dont elles sont rédigées réserve essentiellement à Amazon le droit de faire à peu près tout ce qu'il veut avec ces données ». Ces politiques ont également attiré l'attention des législateurs américains.
Dans une lettre adressée à Amazon le 5 septembre 2019, le sénateur Ed Markey du Massachusetts avait interpellé Jeffrey Bezos sur les inquiétudes quant aux conséquences des caméras sur la vie privée. Il a également demandé à Amazon d'identifier tous les tiers avec lesquels Amazon aurait partagé ou prévoit de partager leurs images. « Protéger la sécurité sur nos routes est vital, mais protéger les droits des travailleurs l'est tout autant », a-t-il déclaré. « Le système de surveillance qu'Amazon déploie dans sa flotte de véhicules soulève de sérieuses inquiétudes concernant la vie privée des travailleurs ».
Bien qu'Amazon présente l’une de ces technologies, notamment Ring, comme quelque chose de bien, le sénateur Markey estime pour sa part que, « la technologie capture et stocke les vidéos de millions de foyers et filme d'innombrables passants qui ne savent peut-être pas qu'ils sont filmés », « Je suis particulièrement alarmé d'apprendre que Ring poursuit une technologie de reconnaissance faciale avec le potentiel de signaler certaines personnes comme suspectes en fonction de leurs informations biométriques ». Le sénateur Markey n'a pas hésité à demander des explications supplémentaires à Amazon :
- quelles sont toutes les entités chargées de faire respecter la loi y compris les services de police locaux et les agences fédérales qui ont eu ou ont actuellement accès aux séquences vidéo des produits Ring ? Veuillez fournir une copie d'un accord standard de partage de séquences vidéo entre Ring et un service de police local ;
- Ring interdit-elle aux partenaires des services de police ayant accès aux séquences des utilisateurs de partager ces séquences avec d'autres entités ? Si non, pourquoi ? Ring a-t-elle connaissance de cas pour lesquels les partenaires des services de police ont partagé les séquences des utilisateurs avec des tiers ? Dans l'affirmative, veuillez décrire en détail tous ces cas ;
- Ring s'engagera-t-elle à revoir ses invites de consentement pour le partage de séquences vidéo en consultation avec des experts et à effectuer toutes les révisions nécessaires pour s'assurer que Ring n'utilise pas un langage manipulateur ou coercitif avec ses utilisateurs ?
- Ring exige-t-elle des services de police partenaires qu'ils mettent en place des mesures de sécurité afin de garantir que les séquences Ring auxquelles ils ont accès ne soient pas violées ou que des entités non autorisées n'y aient pas accès ? Dans l'affirmative, veuillez décrire ces exigences de sécurité. Si non, pourquoi ?
- Ring a-t-elle consulté des experts en matière de libertés civiles, de justice pénale et d'autres domaines pertinents pour procéder à un examen de ses sonnettes connectées à Internet et de son réseau social, Neighbors, afin de s'assurer que ces offres ne présentent pas de menaces particulières pour les personnes de couleur ou d'autres populations ? Si non, pourquoi ? Dans l'affirmative, veuillez communiquer la liste des parties consultées ;
- Avez-vous prévu de coordonner l'utilisation par les forces de l'ordre du produit Rekognition d'Amazon avec les offres de reconnaissance faciale à venir de Ring.
Sur les forums en ligne, des dizaines de personnes se sont plaintes des caméras d'Amazon.
Source : Thomson Reuters Foundation
Et vous ?
:fleche: Selon vous, l'employeur devrait-il surveiller les candidats à l’embauche ou ses salariés ?
:fleche: Que pensez-vous de la politique d’Amazon en matière de surveillance des employés ?
Voir aussi :
:fleche: Amazon utilise des caméras connectées à une IA dans les camionnettes de livraison et certains conducteurs sont préoccupés par le respect de leur vie privée
:fleche: Les employés d'Amazon entament un vote historique pour s'ouvrir la porte de la syndicalisation contre laquelle l'entreprise déploie des moyens IT, une première sur toute l'étendue des USA
:fleche: Voici comment Amazon s'appuie sur des moyens technologiques pour empêcher ses employés de se regrouper en syndicats, tout en prétextant d'œuvrer pour le maintien de leur productivité
:fleche: Amazon a fait de Jeff Bezos l'homme le plus riche du monde, mais pourquoi maltraite-t-elle autant ses salariés, victimes d'accident de travail ?
:fleche: Des employés en télétravail photographiés toutes les 5 minutes par des patrons désireux de juger de leur productivité, via un service vidéo en continu, en expansion rapide avec le coronavirus
:fleche: UE : l'employeur n'a pas le droit de surveiller les communications des employés sans les en informer à l'avance, d'après la Cour des droits de l'Homme
1 pièce(s) jointe(s)
Les livreurs d'Amazon doivent consentir à la surveillance par l'IA dans leurs camions ou perdre leur emploi
Les livreurs d'Amazon doivent consentir à la surveillance par l'IA dans leurs camionnettes ou perdre leur emploi
les inquiétudes autour des caméras, des données collectées et le traitement qui en est fait continuent de grandir
Amazon monte le ton et devient ferme sur la question de faire surveiller les chauffeurs de camion de livraison par l'IA : « acceptez d'être surveillé par l'IA ou perdez votre emploi ». Désormais, obtenir ou conserver son job de livreur chez le leader mondial de l'e-commerce est assujetti à la signature d'un formulaire de "consentement biométrique". La nature exacte des informations collectées semble varier en fonction de l'équipement de surveillance installé dans une camionnette donnée, mais la politique de confidentialité d'Amazon couvre un large éventail de données. Certains allèguent qu'Amazon pourrait vendre ces données à qui il veut.
Alors, les chauffeurs d'Amazon se retrouvent-ils piégés ?
Début février, Amazon annonçait à ses chauffeurs l'arrivée d'un "surveillant" par comme les autres : une caméra alimentée par l'IA installée dans leur camionnette qui se chargera de garder un œil sur eux tout le long de leur trajet de livraison. Ça a tout de suite été la panique dans le rang des concernés, car les caméras vont les enregistrer 100 % du temps pendant qu'ils sont en route et signaleront une série d'infractions à la sécurité, notamment le non-respect d'un stop, les excès de vitesse et la conduite distraite. De son côté par contre, le détaillant affirme que les caméras l'aideront à améliorer la sécurité de son réseau de livraison.
La grogne a continué depuis ce temps, mais Amazon n'entend pas renoncer à cette réforme de son réseau de livraison et vient de jouer un coup de maître. Aux États-Unis, tous les livreurs doivent signer cette semaine un formulaire de "consentement biométrique" qui autorise le géant technologique à utiliser ses caméras alimentées par l'IA pour accéder à la localisation, aux mouvements et à leurs données biométriques. Si les chauffeurs-livreurs de l'entreprise, qui sont environ actuellement environ 75 000 aux États-Unis, refusent de signer ce formulaire, ils perdent purement et simplement leur emploi.
Le formulaire exige que les conducteurs acceptent la reconnaissance faciale et d'autres données biométriques dans les camions qu'ils conduisent. Plus précisément, les données que les conducteurs doivent consentir à collecter comprennent des photographies utilisées pour vérifier leur identité ; la localisation et les mouvements du véhicule (y compris "les kilomètres parcourus, la vitesse, l'accélération, le freinage, les virages, la distance de suivi") ; les "infractions potentielles au Code de la route" (comme les excès de vitesse, le non-respect des panneaux d'arrêt et les ceintures de sécurité défaites).
Elles surveilleront aussi "le comportement potentiellement risqué du conducteur, comme la distraction ou la somnolence au volant". « Amazon peut utiliser certaines technologies qui traitent des informations biométriques, y compris la technologie des caméras de sécurité embarquées qui collecte votre photographie dans le but de confirmer votre identité et de vous connecter à votre compte conducteur », peut-on lire dans le formulaire. « En utilisant votre photographie, cette technologie peut créer des informations biométriques, et collecter, stocker et utiliser les informations biométriques de ces photographies ».
C'est ce dernier point qui semble être le plus contesté. Ce niveau de microgestion, et la possibilité pour les systèmes d'IA de se tromper, provoque la colère de certains conducteurs. Un conducteur qui s'est adressé à la fondation Thomson Reuters au début du mois a déclaré que ces caméras constituaient une "invasion de la vie privée". « Nous sommes ici à travailler toute la journée, en faisant déjà de notre mieux », a déclaré à la publication le chauffeur, Henry Search, 22 ans. « Les caméras sont juste un autre moyen de nous contrôler », a-t-il ajouté. Celui-ci a démissionné de son poste de livreur chez le détaillant.
Comment Amazon veut sécuriser son réseau de livraison
Les caméras dont il s'agit ont été conçues par la société Netradyne. Les données qu'elles collectent sont analysées et le système peut fournir un retour d'information en temps réel. Par exemple, en cas de somnolence au volant, le système peut indiquer au conducteur de faire une pause ou de garder les yeux sur la route. Auparavant, le déploiement de ce type de technologie par Amazon s'est surtout concentré sur ses employés d'entrepôt, où des travailleurs appelés "préparateurs" doivent remplir des commandes tout en étant chronométrés par des scanners portatifs.
La société a breveté des bracelets qui suivent même les mains des travailleurs en temps réel. La rumeur a couru que ces bracelets utilisent un retour haptique pour amener les travailleurs à saisir un article incorrect. En outre, Amazon a récemment étendu son utilisation de techniques de "gamification" avec option d'adhésion, qui incite les travailleurs à fournir des efforts toujours plus importants en échange de récompenses numériques. Lorsque les caméras de surveillance des chauffeurs ont été introduites en février, Amazon a déclaré qu'il s'agit juste de sécuriser davantage le trajet des livreurs, ainsi que les chauffeurs eux-mêmes.
« Les caméras Netradyne sont utilisées pour aider à assurer la sécurité des conducteurs et des communautés où nous livrons », a déclaré Deborah Bass, porte-parole d'Amazon. « Nous avons piloté la technologie d'avril à octobre 2020 sur plus de 3 millions de kilomètres de routes de livraison et les résultats ont produit des améliorations remarquables de la sécurité des conducteurs et de la communauté. Les accidents ont diminué de 48 %, les violations de panneaux d'arrêt ont diminué de 20 %, la conduite sans ceinture de sécurité a diminué de 60 % et la distraction au volant a diminué de 45 % ».
« Ne croyez pas les critiques intéressés qui prétendent que ces caméras sont destinées à autre chose que la sécurité », a-t-elle ajouté. Par ailleurs, il est important de noter que, techniquement, les chauffeurs ne sont même pas employés par Amazon, mais par environ 800 entreprises, connues sous le nom de partenaires de service de livraison qui opèrent à partir des stations de livraison d'Amazon. Pourtant, Amazon contrôle de nombreux aspects des conditions de travail de ses chauffeurs, de leur formation à leurs uniformes en passant par leurs quotas de livraison.
« J'ai eu un chauffeur qui a refusé de signer », a déclaré le propriétaire d'une agence de livraison collaborant avec Amazon dans le nord-ouest du Pacifique. Il a parlé sous couvert de l'anonymat, car il craignait des représailles de la part d'Amazon. « C'est une conversation déchirante quand quelqu'un vous dit que vous êtes sa personne préférée pour laquelle il a travaillé, mais Amazon les microgère trop », a-t-il ajouté.
Source : Formulaire de consentement biométrique d'Amazon
Et vous ?
:fleche: Quel est votre avis sur le sujet ?
:fleche: Selon vous, quels sont les avantages et les inconvénients de ces caméras ?
:fleche: Les partenaires d'Amazon devraient-ils le laisser décider des conditions de travail des livreurs ?
Voir aussi
:fleche: Amazon utilise des caméras connectées à une IA dans les camionnettes de livraison et certains conducteurs sont préoccupés par le respect de leur vie privée
:fleche: Un chauffeur d'Amazon démissionne de l'entreprise à cause des caméras connectées à une IA installées dans les camions capables d'enregistrer et analyser son visage et son corps pendant toute la durée
:fleche: Les employés d'Amazon entament un vote historique pour s'ouvrir la porte de la syndicalisation contre laquelle l'entreprise déploie des moyens IT, une première sur toute l'étendue des USA
A quand un loi européenne sur le sujet ?
Faudra-t-il que les chauffeurs qui refusent d'être épiés en permanence achètent des brouilleurs d'onde pour que leur vie au travail soit respectée ?
Personnellement, je n'ai rien à me reprocher; mais je n'aimerais pas que mon employeur installe des caméras pour filmer tout ce que je fais; pire pour enregistrer tout ce que je fais sur mon ordinateur à tout moment. C'est du harcèlement d'autant plus que cela va toujours dans le même sens; c'est toujours au détriment du travailleur.
Jusqu'à présent, je n'ai jamais entendu parler de hauts cadres épiés !