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Au Pied Levé - À Main Levée

Comprendre la communication comme un partage d’expérience et non comme un échange d’informations

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par , 01/04/2023 à 13h15 (274 Affichages)
■ ■ ■ SOMMAIRE ■ ■ ■

  • Source
  • Un peu de provocation ?...
  • Quelle réalité ?
  • Il y a trois règles pour construire une relation :
    1. Parler de son ressenti…
    2. Partager des expériences…
    3. Réaliser qu’il y a autant de réalités différentes que d’individus…
  • Les outils qui nous aident à mieux communiquer
Source


Bertrand PICCARD, né le 1er mars 1958 à Lausanne, est psychiatre-explorateur. Il a fait deux fois le tour de la Terre, une fois à bord du ballon Breitling Orbiter 3 (1999) et une fois avec l’avion solaire Solar Impulse (2015-2016).

Il est le fils de l'océanographe Jacques Piccard et le petit-fils du physicien Auguste Piccard connu pour avoir inspiré à Hergé le personnage du professeur Tournesol dans Les Aventures de Tintin.

Un peu de provocation ?... Les dogmes éducatifs, moraux et autres sont des boulets à traîner, des handicaps émotionnels et relationnels pour la vie entière. La provocation est une nécessité pour évoluer dans notre façon de réfléchir, pour atteindre davantage de liberté intérieure, mais elle doit être faite avec bienveillance et ne s’adresser qu’à ceux qui ont les capacités pour comprendre.

Visiblement je n’ai pas été suffisamment bienveillant et/ou je ne m’adresse pas à des personnes en capacité de comprendre le message que j’essaie de faire passer.

Quelle réalité ?

Dans notre rapport à l’autre, nous devons abandonner l’idée d’une réalité unique et comprendre la communication comme un partage d’expérience et non comme un échange d’informations.

Chacun fabrique l’autre par projection. Il s’en suit un décalage qui peut devenir abyssal. Ce que nous croyons être un dialogue entre deux individus n’est en réalité que deux monologues. Le premier a lieu entre lui-même et son imaginaire et le second entre son interlocuteur et son propre imaginaire.

La projection peut être positive ou négative se faire par idéalisation ou par rejet. Dans les deux cas, ne pas en être conscient engendre une bonne partie de nos problèmes relationnels.

En réalité, il importe moins de savoir ce que pense, ce que dit quelqu’un que pourquoi il le pense, il le dit. Les désaccords peuvent faire peur et il est très confortable d’être d’accord, les similitudes rassurent mais ça ne sert à rien. Chacun a de bonnes raisons de dire ce qu’il dit en fonction de son vécu. On s’enrichit mutuellement au contact du vécu de l’autre. Rejeter les divergences, chacun prouvant qu’il a raison et l’autre tort, rend les relations difficiles, voire même inutiles. Il ne s’agit nullement de se renier soi-même pour subir l’influence de l’autre, mais bien d’ajouter, aux compétences que nous avons déjà, une nouvelle compétence ou une façon différente de percevoir un problème.

Il y a trois règles pour construire une relation :

  1. Parler de son ressenti… Lorsque l’on dialogue, nous n’avons pas à juger le comportement de l’autre, la règle d’or consiste à exprimer ce que l’autre provoque en nous, ce que nous ressentons vis-à-vis de son attitude.

  2. Partager des expériences… On communique véritablement quand on partage des expériences personnelles, pas quand on transmet des informations.

    Si nous n’apprenons rien de nouveau sur l’autre ou sur nous-même dans une discussion, ou que pire encore notre seul but est de persuader l’autre qu’il a tort, nous ne communiquons pas, nous transmettons des informations qui ne peuvent que susciter le rejet de quelqu’un de différend et l’approbation de quelqu’un de similaire.

    Une expérience est unique ; elle appartient à celui qui en fait part et à personne d’autre, jusqu’à ce que l’interlocuteur en saisisse le caractère spécifique. Il est donc important pour faire passer notre message d’expliquer simultanément d’où provient notre avis et sur quelle expérience nous nous fondons car soit notre discours devra être décodé puis interprété, soit il sera associé à des images, des émotions ou représentations personnelles qui peuvent se révéler différentes des nôtres.

    Les mots, les phrases sont certes perçus mais leur sens n’est pas identique pour l’émetteur et le récepteur. La transmission de notre pensée subit plusieurs déformations :

    • Une idée ou un ressenti qui passe dans notre conscience est d’abord traduit en mots,
    • Communiqués à notre interlocuteur, ce dernier comprend, filtre les mots comme il peut et les retraduit en idées ou ressentis,
    • Il s’en crée pour finir une représentation mentale qu’il intègre en fonction de son propre vécu.

    À défaut d’expériences communes, nous essayons de construire la situation dans notre imagination.

  3. Réaliser qu’il y a autant de réalités différentes que d’individus… Cela signifie que la plupart des conflits sont aussi vains qu’inutiles. Comme nous négligeons de nous enquérir de ce que l’autre comprend, nous vivons régulièrement dans des mondes parallèles. Il nous appartient de choisir si nous préférons résister face à des manières différentes de fonctionner ou développer la liberté de découvrir d’autres façons de penser.

Les outils qui nous aident à mieux communiquer :

  • la métaphore… Au-delà des mots, l’usage de la métaphore, ou de la parabole, permet de s’adresser simultanément à différentes personnes aux vécus disparates. Elles n’en tireront pas une compréhension intellectuelle, rationnelle, mais plutôt la sensation que le sujet touche en elles quelque chose d’authentique.

  • le recadrage… Pour se faire comprendre sans être englobé dans la vision du monde de son interlocuteur, le recadrage modifie subtilement le contexte d’une situation pour lui permettre de prendre un sens différend. Dire par exemple que la mort est le contraire de la naissance plutôt que le contraire de la vie, offre un autre point de vue. Le recadrage amène celui qui est prisonnier de sa vision du monde à changer son angle de vue, sa façon de voir les choses, en découvrant qu’il existe d’autres vérités que la sienne, d’autres solutions.

  • la métacommunication… C’est comme un double recadrage qui permet d’expliciter ce que disent les interlocuteurs en resituant leur discours dans différents contextes. Face à un dilemme, une dispute insoluble, s’accorder sur le fait de ne pas parvenir à s’entendre est un premier pas que chacun fait l’un vers l’autre, à partir duquel il devient parfois possible de faire jaillir quelques concessions.

  • les perversions de langage… L’un des grands pièges de la communication est l’intrication de niveaux logiques différents. Dire par exemple à un enfant qu’il n’est pas gentil sous prétexte qu’il veut aller jouer dehors plutôt que de faire ses devoirs. Une question de discipline n’a rien à voir avec la gentillesse. Ce sont des perversions de langage manipulatrices qui prennent habituellement la forme de chantage affectif, de double bind, de « double lien ». On enferme l’autre dans un dilemme impossible à résoudre.

  • la recherche de situations gagnant-gagnant… Si l’on ressort gagnant sur notre interlocuteur, c’est qu’on l’a manipulé ou abaissé. À l’inverse, si c’est l’interlocuteur qui ressort gagnant, on en souffre d’en être la victime. Le but d’une relation devrait toujours être de construire une situation win-win (« gagnant-gagnant »).


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Mis à jour 23/02/2024 à 13h10 par APL-AML

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