La situation numérique française est "alarmante", la France de 2010 "est au niveau de la Corée du sud en 2001"
Le groupe de réflexion Renaissance Numérique, think-tank français composé de membres spécialisés sur les dossiers du numérique (professionnels et chercheurs), a dévoilé hier les résultats de son étude consacrée au paysage numérique français.
L'organisation qui se veut indépendante de tout parti politique a présenté un bilan numérique de notre territoire pour la période allant de 2005 à 2010. Et les chiffres ne sont pas bons, synonymes d'une trop grande fracture numérique.
En retard sur bon nombre de nations, "la France vient tout juste d’atteindre le niveau de connexions de la Corée du Sud… de 2001 !".
Six "états catastrophiques" sont évoqués. Guillaume Buffet, co-président de Renaissance Numérique, se désole : « Nous sommes très loin des ambitions que nous avons pour notre pays. Le constat que nous faisons de la situation actuelle est un pavé jeté dans la mare, les indicateurs sont clairement dans le rouge ! En un mot, c’est alarmant ».
Le groupe tablait en effet sur 80% de foyers reliés au World Wide Web, et constate qu'on en est encore bien loin.
Pour montrer "l'urgence qu'il y a à agir", Renaissance Numérique lâche des chiffres. Sur six thèmes :
- Au 3e trimestre 2010, seulement 2 foyers français sur 3 sont connectés à internet : la France de 2010 est au niveau de la Corée du sud en 2001 ;
- Moins d’une PME française sur deux (48%) dispose d’un site internet : la France est à 13 points en dessous de la moyenne européenne ;
- Les start-ups numériques ne représentent que 2,1% des créations d’entreprises : les entreprises de l’internet se créent à l’étranger ;
- Le chiffre d’affaire du e-commerce français ne représente même pas la moitié de celui réalisé au Royaume-Uni (25 milliards contre 56) ;
- Les écoles élémentaires comptent 11 élèves pour un seul ordinateur. Existe-t-il même une ambition sur le numérique ?
Renaissance Numérique a ensuite présenté la synthèse de l’étude qu’elle a réalisée au 2e trimestre 2010 sur les politiques régionales en matière de numérique. Si elle salue les initiatives de 5 régions (Île de France, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Auvergne), elle en appelle à plus de coopération avec les autres collectivités, les CCI, les rectorats et les associations professionnelles.
Cet état des lieux ne doit pas pour autant nier quelques signes encourageants. Renaissance Numérique a estimé, à partir du bilan de ses propres actions, que la centaine de réunions tenues en près de cinq ans avait porté ses fruits. Huit des quinze propositions de son livre blanc publié en 2007 (« 2010, l’Internet pour tous ! »), ont été engagées. La plus emblématique d’entre elles était l’entrée du numérique dans un portefeuille gouvernemental, qui a effectivement vu le jour avec le Secrétariat d’Etat au numérique, aujourd’hui regroupé avec l’Industrie et l’Energie.
L’investissement de Renaissance Numérique a également permis la généralisation du reconditionnement d’ordinateurs, l’autorisation du don de matériel informatique par les entreprises à leurs salariés sans taxation et la progression de l’accessibilité du Net pour les personnes mal et non-voyantes. Deux opérations on été lancées : « Banlieue 2.0 », visant à proposer des actions concrètes pour que le numérique favorise l’emploi les jeunes dans les banlieues, et « Rentrée 2.0 », visant à équiper des écoles primaires et des foyers à faibles revenus avec des ordinateurs reconditionnés, favorisant en même temps la création d’emplois de réinsertion sociale.
La co-présidente Christine Balagué, se félicite que le Think Tank soit « devenu un interlocuteur privilégié, écouté et respecté : du Sénat américain au Parlement français en passant par l’Union européenne et les collectivités territoriales, Renaissance Numérique est systématiquement auditionnée, son avis sollicité et ses positions reprises . Nous devons poursuivre notre démarche, car la société du numérique citoyen n’est pas encore une réalité en France ».
C’est ainsi que les recommandations établies à l’occasion du plan de relance numérique et du grand emprunt ont été intégrées aux choix retenus par le Gouvernement. Renaissance Numérique salue cet effort tout en restant vigilante sur le suivi et le retour des investissements sélectionnés, en particulier sur les 4,5 milliards d’euros consacrés au numérique dans le cadre du grand emprunt.
En conclusion, Renaissance Numérique a estimé que l’action des Secrétaires d’Etat au numérique qui se sont succédés n’était pas suffisante, eu égard à l’état actuel de la société numérique française. De nombreux chantiers restent inachevés.
Le Think Tank en a enfin appelé à cesser de stigmatiser l’internet comme un lieu dangereux et a demandé une mobilisation d’envergure, à la hauteur des ambitions qui sont les siennes pour le développement du numérique tous, dans une optique citoyenne. Renaissance Numérique a ainsi annoncé que l’année 2011 serait consacrée à la rédaction d’un grand programme numérique en vue de la préparation des débats lors des élections présidentielles de 2012.
Source : Communiqué de presse de Renaissance Numérique
Pensez-vous que la situation numérique en France soit si désastreuse ? Comment le pays en est-il arrivé là ? Quelles solutions pour y remédier ?
Partager