Microsoft croit en Internet Explorer 9
Pour regagner des parts de marché, ses partenaires plébiscitent le « Pinned Site »
Certains ont noté que les premiers résultats d'Internet Explorer 9 étaient bons, mais pas aussi bons que ceux de Firefox 4.
Microsoft ne le nie pas. Mais cela ne gâche en rien la satisfaction d'un Frédéric Bojman, en charge du navigateur chez Microsoft France, très confiant.
Pour lui, tout est normal. C'est même la situation inverse qui serait curieuse. L'adoption de Firefox 4 se ferait en effet plus rapidement que celle de IE. En cause, le profil type des utilisateurs de chaque navigateur : des geeks ou des utilisateurs avertis pour Firefox, des professionnels ou des « monsieurs et madames tout le monde » pour IE. Ces derniers sont moins à l’affût des nouveautés et par conséquent changent moins rapidement de logiciels.
Au final pour Microsoft, et quoi qu'on en dise, IE 9 (et ses 2,41 % de parts de marché mondiales) connaît un excellent départ, notamment en France, 4ème pays où le navigateur est le plus utilisé (derrière les Etats-Unis, l'Allemagne et le Brésil).
Plusieurs partenaires industriels historiques de la société croient également en un retour en force du navigateur avec IE9.
Aussi bien chez Orange que chez Virgin Méga ou Lancome, l'arrivée de IE9 est considérée comme un « top départ », le signe qu'il était à présent possible de se lancer sereinement dans des développements en HTML 5.
« Avant IE9, nous étions frileux par rapport à la cible mass public », admet Loic CALVY de l'agence ISOBAR, partenaire de Virgin Méga. Ce n'est plus la cas aujourd'hui, même s'il s'agit toujours « d'un pari sur l'avenir ».
Paradoxalement, les cycles de développement plus longs d'Internet Explorer (une Plateforme Preview toutes les 8 à 10 semaines contre une nouvelle version toutes les 6 semaines pour Chrome, et toutes les 16 semaines pour Firefox sont vus comme un avantage par ces partenaires.
Au delà des éternels débats sur « quel est le navigateur qui respecte le plus le HTML 5 ? », cette stabilité serait plébiscitée par beaucoup de développeurs (« beaucoup plus que le support de telle ou telle balise ») pour pouvoir réaliser des sites sereinement, sans tomber dans une fuite en avant à l'implémentation de balises puissantes, mais pas encore finalisées ou documentées par le W3C.
Mais les vrais atouts de IE9 sont ailleurs.
Mathieu Guerin de Digitas, concepteur du site Lancome.fr, a été impressionné par « le moteur JavaScript qui dépote » et par l'accélération matérielle. Idem pour le nouvel outil de débogage.
Pour Martin Régent de Orange France, c'est le « Pinned Site » qui est un atout concurrentiel majeur. Il a par exemple permis au FAI de créer une interface sur mesure où tous les services proposés sont réunis dans une Jumplist. « C'est une forme de coach numérique pour nos clients où tout est à portée de clic ».
Même son de cloche chez Virgin Mega où Loic CALVY a utilisé le Pinned Site pour réaliser un lecteur en HTML 5 qui ressemble plus à un applicatif qu'à un pop-up (le choix ayant été fait de ne pas utiliser de Flash pour faire un lecteur intégré à la Deezer, mais tout en gardant l'idée de ne pas couper la diffusion à chaque changement).
Chez Lancome, cette fonctionnalité de « Pinned Sited » a permis de réaliser un panier plus évolué et plus ergonomique pour les utilisateurs de IE 9 sur un site qui vise une clientèle haut de gamme (et qui nécessite donc des interfaces plus « léchées »).
Enfin, la compatibilité ascendante (issue d'ailleurs de la mauvaise expérience de IE 6) a fini de séduire ces développeurs. Pour eux, ce qui a été conçu pour IE7 ou IE8 tourne bien dans IE9.
« Microsoft a tiré des leçons de ses erreurs », concède Frédéric Bojan.
Les partenaires présents ne se sont pas livrés à des critiques de la concurrence pour valoriser IE9. Mais sur ce point de la compatibilité, beaucoup avouent regretter que Mozilla fasse les mêmes erreurs aujourd'hui que Microsoft hier. En cause, par exemple, l'impossibilité d'installer deux versions différentes de Firefox sur la même machine. Ou le fait que Firefox 4 désinstalle automatiquement les anciennes versions.
En conclusion, sans être particulièrement partisan, l'écosystème de Microsoft apprécie IE9 et avoue l'avoir attendu avec impatience pour lancer de nombreux projets.
De son coté, Microsoft fait passer le message de la patience. Voire de l'humilité. « Notre objectif principal c'est d'enterrer IE6 », confit Frédéric Bojman.
Un objectif qui ne sera certainement pas atteint courant 2011.
« Sur 2011 », conclue-t-il, « l'année sera réussie si IE9 dépasse IE8 ».
Qui va doucement, va sûrement ?
Source : Entretiens Développez avec Frédéric Bojman, Internet Explorer Lead, Microsoft France.
Et vous ?
Pensez-vous que IE9 va permettre à Microsoft de regagner les parts de marché qu'il a perdues, notamment avec le fameux Ballot Screen ?
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