La liberté religieuse est tout de même inscrite dans la constitution en bonne place alors que le contrat de travail est pour sa part soumis à un grand nombre de restrictions légales avec des salariés qui parviennent régulièrement à faire dénoncer des clauses par la justice. Autant je ne suis pas favorable à ce que la religion prenne trop de place, autant si c'est pour placer le contrat de travail au-dessus de tout droit constitutionnel et sacraliser le droit à y fourrer n'importe quelle clause, non merci. Ce qui n'empêche pas, dans certains cas, le contrat de travail de primer en conformité avec nos traditions laïques, comme on l'avait vu avec le jugement rendu sur cette crèche laïque qui avait licencié deux employées.
Ça c'était en général. Maintenant sur l'affaire elle-même, ce serait bien de faire preuve d'un peu de raison :
- La mairie a en charge des enfants et se doit d'assurer leur sécurité, la responsabilité pénale des élus étant d'ailleurs engagée sur ce point, et nous avons ici un précédent d'un accident ayant entraîné la mort par une personne à jeûn, au point que la mairie avait jugé nécessaire d'inscrire dans le contrat de travail une nécessité de bien s'alimenter, ce qui n'est quand même pas banal. Rien de surprenant donc à cette décision et je ne vois pas pourquoi cela serait du racisme.
- Mais je ne vois pas non plus en quoi les employés licenciés seraient des provocateurs. Parce qu'ils se contentaient, comme des centaines de millions d'autres personnes dans le monde et sans que cela crée particulièrement d'accidents, de suivre le jeûn du ramadan ? Parce que cela était contraire à leur contrat de travail de deux mois qu'ils n'ont sans doute pas lu, ou rapidement, ou sans mesurer que cette clause pouvait être en conflit avec le ramadan (un jeûn de douze heures n'étant pas immédiatement assimilable à un défaut de bonne alimentation), ou bien parce qu'ils s'en carraient l'oignon comme la majorité des français chaque fois qu'ils voient un règlement, une loi ou une clause légale ? Ou alors parce qu'ils portent plainte pour discrimination contre une mesure qui, effectivement, pourraient conduire à une large discrimination (combien de millions d'emplois pourraient alors être refusés à des musulmans), fut-elle fondée ?
L'affaire est complexe et je m'étonne de voir tant de prises de positions a priori d'un côté ou de l'autre sans que l'on en sache plus sur le précédent évoqué dans l'article (s'agissait-il d'un musulman suivant le jeun ou d'une anorexique de trente kilos ?) ou les circonstances exactes de la précédente affaire (notamment la façon dont les animateurs pratiquent leur jeun). Heureusement que ce genre de choses relève des tribunaux et pas de la place publique, voire, pire, d'un débat politique. En attendant ça fait vendre du tirage pour des journalistes trop paresseux pour pouvoir honnêtement invoquer la justification que constituerait le débat qui agite la société française.
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