Je pense que ce qui rassure ici, c'est le fait que ces actionnaires sont publiquement proche des instances des partis de gauche. Donc un actionnaire de gauche qui possède un journal de gauche, c'est pas trop choquant.
En revanche, ca le serait plus si ils rachetaient le figaro.
La frontière entre actionnaire et chef éditorial étant très illusoire souvent, on a raison de s'en inquiéter je pense.
Quand Dassault rachète le Figaro, on s'en inquiète, non? Quand Bolloré envisage de racheter TF1 à Bouygues (au début du quinquennat de Sarkozy), on s'en émeut, non? Pourtant, on est dans le cas que tu cites: un patron de droite rachetant un média de droite, non?
Ca dépend beaucoup des groupes de presse. Au Monde, le pouvoir de l'actionnaire est assez faible, du fait de l'influence de la société des rédacteurs. C'est un peu pareil à Libé, et note d'ailleurs que les refinancement par Edouard de Rotschild puis Ledoux ne semblent pas avoir eu beaucoup d'influence sur sa ligne éditoriale, probablement aussi, parce qu'ils refusent de prendre part au débat politique (ce qui n'est certainement pas le cas de Bergé).
Le Nouvel Obs, c'est assez différent, dans la mesure où Perdriel intervenait souvent directement et était connu pour cela. C'est d'ailleurs ce qui avait provoqué pas mal de remous chez Rue89 après le rachat, quand les journalistes se sont rendus compte que ce n'était pas exactement comme dans les quotidiens de gauche (le monde, libé).
Personnellement, je ne crois pas que ce rachat sera une bonne chose pour le groupe Obs. Niel, encore, peut passer pour un indépendant, mais Pigasse et Bergé sont tellement proches du pouvoir actuel qu'on va encore plus donner l'impression que l'Obs c'est la Pravda. Et ce n'est jamais bon pour le lectorat, surtout pour un journal de gauche sous un gouvernement de gauche.
Note d'ailleurs que le trio a avancé masqué. Avant les vacances, Perdriel annonçait que rien ne se passerait en fin d'année, puis on a dit qu'il parlait avec Niel seul, puis on a vu arriver les trois compères.
Francois
Je sais pas si vous suivez ce qui se dit dans les médias à propos du spectacle de Dieudonné à Nantes de ce soir mais c'est de la pure folie.
Je viens d'entendre une journaliste de BFMtv se lamenter de l'impuissance des politiques sur le pouvoir judiciaire (référence au tribunal qui a cassé la décision du préfet d'annuler la représentation) putain mais HEUREUSEMENT que les politiques ne peuvent pas imposer à la justice leurs points de vues.
Cette affaire révèle pas mal de choses notamment le suivisme intellectuel de 99% des intervenants à la télé. Le seul que j'ai vu avoir un point de vue mesuré à ce sujet c'est Roland Cayrol qui disait justement que le vrai scandale de cette affaire c'est de voir l'exécutif vouloir interdire un spectacle comique.
Tout le monde est entrain de lui chier dessus sans être capable de citer un seul de ses propos. C'est aquis c'est un anti-sémite, ses spectacles ne sont pas des spectacles mais des meetings nazis, et tout ceux qui ne sont pas contre Dieudonné sont des nazis et des anti-sémites en puissance.
Je comprends très bien que Dieudonné gêne, je suis loin mais alors très loin d'être d'accord avec ce qu'il fait depuis quelques années mais les mecs d'en face sont d'une nullité absolue. Ils sont vraiment révoltant de connerie.
Alors là, ça me fait plaisir de lire ça. Tu as tout à fait raison de dénoncer ce suivisme intellectuel crasse qui règne chez les médias et les politiques. C'est assez désespérant en fait, mais bon, on peut pas reprocher aux gens de penser à leur carrière. N'empêche qu'on traîne des gens dans la boue sans leur donner le moindre droit de réponse (avez-vous vu Dieudonné parler dans un micro?), c'est assez honteux.
Les 3/4 des gens avec qui je discute ne savaient même pas ce qu'était une quenelle avant cette polémique ridicule, et maintenant c'est ça le problème numéro 1 du gouvernement?
Et en cette fin de journée, le Conseil d'Etat, instance juridique composée non pas de magistrats, mais exclusivement d'énarques (c'est quand même plus sûr) décide que non, Dieudonné ne doit pas se produire.
La commentaire de Maître Eolas sur cette décision
http://tempsreel.nouvelobs.com/socie...ors_picks=true
Manuel Valls, ce soir, parlait de victoire de la république. Pour l'instant, on surtout a permis à Dieudonné de se donner le beau rôle (sur Facebook, il appelait ses fans à rentrer chez eux), tout en établissant durablement la quenelle comme geste anti-système.
Maintenant, ce cirque va continuer, ville après ville, recours après recours, en attendant que la cour de justice européenne (si on croit Maitre Eolas) fasse remarquer le caractère peu démocratique de cette interdiction de précaution.
Et si on voulait donner une vitrine à Dieudonné, et conforter ceux qui ont l'impression que nos politiques sont sectaires, et ont du mal avec la liberté d'expression, on pouvait difficilement faire mieux.
Bien joué, Manuel...
[Edit] Et tant qu'on y est, un Zemmour très intéressant, parce qu'entre deux chaises
Francois
J'ai une question (sous couvert que les informations que je vais cité soient bonnes): Il paraitrait que Dieudonné a déjà été condamné par la justice à des amendes pour des propos qu'il aurait tenu dans d'anciens spectacles (je suppose que cela devait être des propos jugés comme antisémites). Il paraitrait aussi que Dieudonné est dans l'incapacité de payer ses amendes car il serait insolvable. Donc, ma question est: que se passe t-il (juridiquement) lorsqu'une personne ne peut pas payer ses amendes ??? Est-ce que l'on se contente d'attendre une possible régulation ou est-ce que cela peut se transformer en une peine de travaux d’intérêts généraux ou prison ???
Mais comme ce sera dans plusieurs années, le gouvernement de l'époque pourra expliquer que ce n'est pas lui, ou profiter de l'occasion pour dénoncer cette Europe bureaucratique qui veut nous imposer ses normes, et mettre fin à nos belles traditions républicaines.
Mais c'est fini, on est passé aux choses sérieuses. Ce matin, dans les médias, c'était l'affaire Julie Gayet et la dénonciation de l'attaque sournoise contre la vie privée de notre président. Comme toujours, on apprend que "tous les médias sont au courant depuis longtemps", le crime ici, ce n'est pas de savoir ou de suivre, mais d'en informer le grand public.
Et comme toujours on nous répète que le président, comme tout citoyen, a droit à une vie privée. C'est certainement vrai, mais ce changement de la vie privée présidentielle, s'il était confirmé, poserait peut être d'intéressantes questions sur une certaine concubine présidentielle, que la république victorieuse hier à Nantes emmène en voyage, fait intervenir un peu partout et munit d'un cabinet.
Et puis, c'est gentil de la part des médias de nous parler du droit à la vie privée des citoyens, mais quand je lisais hier, des "reportages" sur le conjoint de Dieudonné, sur sa maison, ou qu'on voit que nos braves journalistes n'ont aucun problème à aller fouiller sur les pages Facebook de tel ou tel (ce n'est pas parce qu'elles sont accessibles qu'elles ne relèvent pas de la vie privée) pour dénoncer tel propos privé, telle quenelle, ou telle photo prise dans un cadre perso, on se dit que la vie privée ne semble pas trop les embarrasser.
Bref, la vie privée, ça ressemble de plus en plus à un droit de notre élite dirigeante, qui n'hésite pas à se marier dans Gala, mais préfèrerait éviter de divorcer dans Voici, et ne veut surtout pas couchailler dans Closer... Et c'est d'autant plus flou qu'en général, entre le chat et la petite copine de Mosco, les chagrins d'amour de Taubira dans Match, et les déclarations de madame Valls sur le magnétisme animal de son mari, on ne peut pas dire que la pudeur et la discrétion étouffent nos politiques.
Pour les autres, la vie privée s'arrête au droit d'investigation des journalistes, aux déballages des internautes (twittos et autres blogueurs) et aux crimes contre la pensée, dont le Conseil d'Etat nous a appris hier qu'ils pouvaient être condamnés "à titre préventif".
Une bien belle idéologie humaniste, y'a pas à dire!
Francois
Clairetj, je crois qu'un tribunal peut décider de la meilleure façon pour le prévenu de rembourser sa dette a l'état. Pour beaucoup, c'est bien en les laissant travailler qu'on y arrive.
Pour cette affaire, je pense que Valls s'est illustré par sa bêtise. Navré pour les Sarko boy, mais il a fait du Sarkozy hier, on retrousse les manches et on attaque, sans réfléchir aux conséquences graves de la décision que l'on pousse de tout son poids politique.
C'est assez navrant de voir que ce qui m'a fait voter pour hollande, cette capacité a prendre du recul, de la hauteur... disparait de plus en plus a mesure que Valls prends de l'importance.
Hier, on a eu une première victoire de la république, quand le tribunal administratif a envoyé bouler le ministre... puis celle ci a reçu un coup de poignard de celui qui prétendait la défendre.
Car oui, la république vient avec la liberté d'expression et le respect des droits de la personne... 2 composantes fondamentales qui ne souffre aucune exception selon moi. Ici, on a jugé a priori sans même attendre l'infraction. Je n'ai aucun doute sur le fait que la CEDH nous tombera dessus et que l'on payera quelques millions à Dieudonné dans la plus grande discrétion. J'aurai trouvé normal et souhaitable que des huissiers soient présent pour relever le contenu du spectacle et que l'état aient poursuivi Dieudonné pour ses propos qu'il aurait tenu ce soir là. Mais ici, nous sommes dans un scénario lamentable.
Même la ligue de protection des droits de l'homme s'est rangé aux coté de Dieudonné... et ca a du leur faire mal au cul.
Dailleur, ca me rappelle les para qui débarquaient chez gainsbourg pour l’empêcher de chanter "aux armes etcetera"...
http://www.ina.fr/video/CAB8000061901
Le même grand respect de la justice et de la démocratie...
Et quand on arrive a comparer dieudonné a gainsbourg... on voit le désarroi dans lequel on est...
Complètement d'accord avec vous, mobiliser un conseil d'état pour ça montre l'intelligence de Valls qui en plus se félicite d'une victoire.
Victoire soit-disant de la république, contre un homme qui fait des blagues antisémites, sur la choa, alors attention à nous surtout, car qui n' a jamais fait ce genre de blagues, même si c'est du très mauvais goût mais à l'époque au collège on s'en racontait des blagues et par chance on n'a jamais été virés, je plains la jeunesse actuelle !![]()
En fait, ce qui fait peur au gouvernement, c'est que Dieudonné est devenu le symbole du rejet des institutions.
Et la réaction des médias est éclairante: ce sont des chiens de garde. Leur travail ne consiste plus ni à informer, ni à exercer un contre-pouvoir, ni à donner la parole à des gens qui ont des choses intéressantes à dire, mais juste de défendre les institutions en place.
C'est la raison pour laquelle vous me faire bien rire (jaune quand-même), dans votre discussion pour savoir si les médias sont de gauche ou de droite: ce sont les mêmes chiens de garde. Seule la robe change, mais il font le même travail. L'un garde le portail de droite, l'autre le portail de gauche, mais ce sont les deux portails de la même maison.
En fait, on voit avec cette affaire Dieudonné, les dérives de la bien-pensance et du politiquement correct tant décriés par François (fcharton), Souviron et moi-même (et d'autres aussi peut-être, moins fréquemment, je m'en excuse auprès d'eux).
Même si je suis sans doute pas vraiment de ton bord politique, je ne peux qu'être d'accord avec ça. Quand il y a eu récupération de l'affaire Meric par la classe politique, tout le mainstream médiatique nous a vendu le gentil petit qui aime les animaux assassiné par les méchants nazis avec leur t-shirt du front national. Et peu de temps après, quand on a su que c'était plus compliqué que ça, silence radio.
La c'est la même chose, Valls s'en prend à Dieudonné (sur ordre de qui? On se le demande bien), aussitôt, toute la presse crache à la gueule de ce personnage sans donner le moindre droit de réponse et sans la moindre impartialité. Donc quelqu'un désigne la cible, et hop, tout le monde fonce tête baissée, avec une sélection d'invités précises pour que tout soit bien à charge (UEJF, Licra etc...). Merci l'objectivité.
Voilà Dieudonné, fallait continuer à faire des blagues sur les CRS racistes et les arabes qui volent des scooters et pas marcher sur les plate-bandes, on t'aurait adulé et invité à la TV, au lieu de ça...![]()
Je ne suis pas d'accord...
Défendre les institutions contre les abus des politiques ou des puissants, c'est le rôle que les médias devraient jouer en démocratie, mais ce n'est pas ce qu'ils font aujourd'hui.
Si les médias défendaient les institutions, ils s'interrogeraient sur l'étrange mélange des genres qui consiste à faire passer le trouble "potentiel" à l'ordre public avant la liberté d'expression, et à faire intervenir dans l'urgence le conseil d'Etat (qui est une sorte de service juridique du gouvernement) pour casser le jugement d'un vrai tribunal.
Si les médias défendaient les institutions, ils s'interrogeraient sur la perte d'influence que constitue notre entrée dans l'Europe. Ils sont quasiment unanimes sur les vertus de l'Union Européenne, et de la mondialisation.
Si les médias défendaient les institutions, ils seraient un peu réactionnaires, du point de vue sociétal. Les institutions, presque par définition, c'est ce qui existe, et le passé, donc. Ils seraient très prudents sur le discours ambiant qui dit que le peuple a de mauvaises idées (si on écoutait le peuple, ma bonne dame, on aurait encore la peine de mort, et l'avortement serait interdit...).
Les médias ne défendent pas les institutions, au fil des années, ils sont devenus le "service communication" de la classe dominante, joyeux mélange de hauts fonctionnaires, de "personnalités" du monde du spectacle et de grands patrons.
Et je pense que les qualifier de "chiens de garde" est leur faire beaucoup d'honneur. Leur principale caractéristique, que relevait Marco46, c'est le suivisme, qui tient au fait qu'ils n'ont pas beaucoup d'idées personnelles. Ce qui est en cause, au fond, c'est la baisse du niveau intellectuel.
Francois
Je pense qu'on est d'accord sur le fond (désolé, Rod!), mais pas sur le mot "institutions".
Rod, du fait de sa sensibilité anarchiste, voit les institutions comme une émanation de la classe dominante, établies par elle pour défendre son pouvoir. En ce sens, les chiens de garde sont en fait les laquais de la classe dominante, et servent à garder le peuple dans l'ignorance.
J'ai une culture politique plus républicaine (je ne dis pas que c'est mieux, ou moins bien, c'est juste une autre façon de voir les choses), et je crois que nos institutions ont pour objet de défendre, justement, les plus faibles contre les abus de la classe dominante.
C'est pour cela qu'on a l'indépendance de la justice, le suffrage universel, et la liberté d'expression, qui DOIT permettre l'expression des idées qui nous déplaisent le plus (la liberté d'exprimer des platitudes, ou des choses avec lesquelles on est d'accord n'a rien d'une liberté d'expression).
Et ce sont ces institutions que je crois que les médias devraient défendre. Du coup, quand je vois les journalistes déplorer que le ministre (donc l'exécutif) soit désavoué par les juges (le pouvoir judiciaire), ou se féliciter de la "jurisprudence" du conseil d'Etat (qui appartient à l'exécutif), je me dis que les chiens de garde sont des caniches.
Francois
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