Je parie que ces homos expatriés et associatifs sont de ta génération, et qu'ils partagent, donc, le point de vue de ta génération...
Quand ma génération avait 20 ans, c'était les années Sida, avant les trithérapies, la folle époque ou tu avais l'air d'un mort vivant en trois mois, et où tu étais mort en six. Ca ne touchait pas que les homos, mais beaucoup quand même. Et si tu habitais les centre ville, que tu étais étudiant, il était assez difficile de ne pas avoir quelques "trous" dans ton carnet d'adresse, une fois le Sida passé... Et en général, si un ami avait le sida, tu ne te posais pas trop la question de ton regard sur l'homosexualité et de tes stéréotypes de genre, et la question de savoir si tu étais un sale homophobe parce que tu avais traité quelqu'un de "tarlouze", ou que tu trouvais les folles ridicules ne se posait pas. Du coup, le discours politiquement correct et les procès d'intention, venant de militants associatifs, ou de bien pensants pas racistes vu qu'ils ont des amis noir, fait sourire.
La génération de mes parents, elle, a vécu les années Sida en tant que parents, et je pense que leur situation était bien pire que la mienne. Ils avaient déjà été gâtés pendant la guerre, où ils avaient vu (pour ceux des grandes villes) une partie de leurs camarades de classe partir un beau jour. Ensuite, ils avaient eu le bonheur d'être bombardés par les Allemands puis les Alliés, et vécu, à l'adolescence, les joies de la libération (les exécutions, les femmes tondues, les conversions tardives). Et, pour finir en beauté, ils avaient eu la chance de faire leur service militaire en Algérie (et de se faire cracher à la figure à leur retour, par des bons citoyens qui y avaient échappé...) Auprès d'eux, le discours antiraciste, anticolonial, progressiste, 'trop dégouté par la France nauséabonde et rance' de nos petits bien pensants passe mal.
J'ai moins connu la génération de mes grand parents, mais je pense que leur réaction aurait été franchement désagréable...
Et je crois que cela explique certaines réactions. Pour résumer, il est difficile de respecter quelqu'un, qui ayant grandi et vécu dans le coton, la ramène un peu trop, sur les leçons d'une histoire qu'il ne connait pas, et surtout n'a pas vécue. Et ceci vaut quelle que soit la justesse de la cause qu'il défend.
Bref, à la longue, les types qui ont vu l'homme, qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a été discriminé, et c'est vraiment trop abuser, ça lasse...
Francois
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