Plusieurs choses.
Déjà, je crois qu'il est temps de relativiser la pertinence des indicateurs prédominants, tout particulièrement le taux de croissance et le PIB. Je ne suis pas certain, par exemple, que le taux de croissance des US est garant d'une meilleure qualité de vie générale (je fais référence à l'idée d'eudémonisme social, qui nous vient d'Aristote pour l'eudémonisme, et de Spinoza pour le social). Les contre-exemples sont nombreux. Par exemple, l'Allemagne est un "bon élève" en ce qui concerne ces indicateurs. Bon, ce n'est déjà plus trop le cas visiblement, mais ça l'était jusqu'à présent. Mais pourtant, une bonne partie des allemands galèrent nettement plus que les galériens de bien autres pays plus pauvres. Les exemples sont nombreux. En Asie, certains pays, sont pauvres si on se réfère à ces indicateurs, et pourtant la qualité de vie est nettement supérieure à certains pays plus riches.
Ensuite, je risque l'hypothèse suivante: économiquement, la France ne va pas si mal que les français en ont l'impression. Certes, certains indicateurs sont mauvais. Taux de chômage, croissance, dette, c'est pas top. Mais déjà, il faut comprendre qu'économiquement, tous les pays ont de gros soucis. De nombreux pays sont bien plus endettés (Royaume Unis, Japon, Italie,...), d'autres ont plus de chômage (une bonne moitié des pays de l'UE, en US les méthodes de calculs sont très différentes, mais c'est du même ordre que la France), d'autres ont moins de croissance (Irlande, Belgique, Pays-Bas, ...), ainsi de suite. La France est aussi dans le peloton de tête en ce qui concerne les milliardaires, et il y a bien des pays où les pauvres sont plus à plaindre qu'en France. Le système de santé reste un des plus efficace de la planète, les infrastructures sont également parmi les meilleures de la planète, l'éducation n'est pas si mal, etc.
Donc non, je ne pense pas que le problème soit d'ordre économique. En tout cas, pas un problème de production (donc exit les indicateurs tels le PIB ou la croissance). Il y a un problème de répartition, mais je le vois comme un des symptômes d'un mal plus profond, effet secondaire d'une dose trop forte d'esquive de la morale. L'impression de fin de cycle est présente un peu partout. Les gens se rendent compte qu'on produit assez pour que tout le monde puisse convenablement, et c'est une source puissante de courroux. En même temps, de nombreuses mutations sont en cours, sur toute la planète, c'est très déstabilisant pour tout le monde. Des révolutions arabes, aux mouvements 'occupy', en passant par les 'indignados', et les révoltes des sans-terres sur tout le continent sud-américain, sans parler des milliers d'alternatives qui sont expérimentées quotidiennement un peu partout sur la planète, il n'y a pas qu'en France que les gens sont révoltés, qu'ils comprennent qu'il y a quelque chose qui cloche.
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