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fcharton2
Je crois que tous les leaders d'opinion, religieux, politiques, philosophes, scientifiques, même, ce qu'on appelait autrefois l'intelligentsia, ont des responsabilités qu'ils doivent assumer. C'est le prix de leur influence, et ce n'est pas spécifique aux religions.
Pour moi, les intellectuels qui nous ont répété en boucle que "Charlie allait trop loin", les politiques qui à force de parler d'islamophobie, ont réinventé une sorte de délit de blasphème, une partie de nos militants, qui à forcent de répéter que tous les flics sont des salauds, accréditent l'idée que leur vie vaut moins, peut être, que les autres, ont leur part de responsabilité, dans cette affaire. Et je pense que c'est le sens de la manifestation d'hier : on se rend compte, collectivement, que tout ne va pas sans dire, que tout n'est pas une question d'opinion, que tous les points de vue ne se valent pas, et que préciser des choses qui nous paraissent évidentes est parfois utile, voire nécessaire.
Je ne nie pas le rôle des religieux, et je suis d'accord avec toi qu'on ne les entend pas assez. Maintenant, il faut aussi reconnaître que ce n'est pas toujours de leur faute. Quand ils s'expriment sur des questions de société, nos médias sont souvent les premiers à leur opposer la laïcité, au nom de laquelle ils devraient se confiner à la sphère privée. D'une certaine manière, on voudrait bien qu'ils fassent notre sale boulot : qu'ils disent les choses désagréables qu'on n'a pas envie de dire, et qu'ils approuvent tout le reste sans broncher...
Je me demande, en fait, si cette affaire n'interroge pas notre conception de la laïcité: en cherchant à exclure les religions de la société, ne se prive-t-on pas d'un appui, et ne fait on pas le lit des fondamentalismes?
Francois
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