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fcharton2
Sinon, on a appris aujourd'hui que l'inflation, prévue jusque là à 0,9% pour 2015, était désormais revue à 0%. Notre brave Pinpin s'est ensuite lancé dans une de ces explications confuses qui cherchent à démontrer en même temps que c'est une bonne chose (pour ne pas désespérer Billancourt une veille d'élection) et que c'est un coup dur (pour préparer Bruxelles au fait que les efforts supplémentaires, ça ne va pas être possible).
Et comme souvent dans les discours politiques, ce dont notre bon ministre ne parle pas est plus intéressant que ce qu'il évoque...
En particulier, si on a bien entendu Sapin sur la TVA, qui a eu payé, mais qui avec l'inflation zéro, ma bonne dame, on n'a rien entendu sur l'impôt sur le revenu, dont le barème a pourtant été revalorisé de 0,5%, pour tenir compte de l'inflation (alors prévue à 0,9%, notre bon monsieur Sapin nous disait d'ailleurs que c'était un coup de pouce). Parce que si on garde la revalorisation de 0,5%, avec une inflation zéro, cela s'appelle une hausse d'impôt, et on nous répète tous les jours qu'il n'y en aura pas.
Egalement, si on a entendu parler d'inflation, de taux, d'indexation de salaires, le mot "croissance" n'a apparemment guère été prononcé. Pourtant, on peut se demander si, avec une inflation qui passe de 0,9% à 0, la croissance peut rester inchangée, à 1%. Et si la croissance n'est plus de 1% mais nettement plus faible, alors...
Enfin, notre bon ministre ne semble pas spécialement intéressé par les causes de cette inflation zéro. Parce que, la baisse des cours du pétrole, elle a déjà eu lieu, et même si elle continuait, elle ne ferait pas 0,9% d'inflation en moins (sur cette année, je lisais cet après midi qu'on en évaluait l'effet à 0,6%). Si ce n'est pas la seule explication, qu'est ce qui fait donc que les prix baissent, alors qu'on nous dit que la demande va bien (vu que grâce à l'inflation zéro, on va maintenir le pouvoir d'achat)?
Ce ne serait pas, par hasard, que comme les entreprises anticipent une dégradation de l'activité (avec moins d'un demi point de croissance en 2014, ça parait logique), elles tentent de maintenir leurs ventes en baissant les prix, ce qui expliquerait les pics de demande dont on se félicitait ces derniers jours)? Parce que si c'était le cas, cette politique consistant à maintenir la demande en rognant sur leur marge obligerait les entreprises à réduire leurs coûts, et donc à licencier, ce qui ferait baisser la demande (et les recettes de l'Etat), et leur imposerait des baisses de prix supplémentaires. Hein?
Dit autrement, n'est on pas en train de voir le début de la vraie spirale déflationniste, pas celle des consommateurs qui retardent leurs achats et qui font baisser la demande (c'est de la br... pour journaliste économique), mais celle des entreprises qui tentent de sauver leurs volumes en rognant sur leurs marges, et étouffent ainsi la croissance?
Mais je me trompe certainement. Demain, Manuel Valls va certainement nous dire que pour compenser la baisse de la prévision d'inflation, le barème de l'impôt allait baisser de 0,9%, le petit Macron va nous expliquer pourquoi la croissance restera à 1% sans inflation, et toutes ces idées négatives, et déflationnistes, seront oubliées...
Francois
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