BlackBerry 10 : premières fonctionnalités et premières images exclusives
Du futur OS mobile qui doit sauver RIM
RIM a profité de sa conférence pour développeurs, le BlackBerry Jam, de passage à Paris pour dévoiler les premières informations sur son prochain OS.
Si certains participants sont repartis avec des téléphones expérimentaux, des BlackBerry Dev Alpha - mélange de tablette PlayBook miniature et d’iPhone sans aucun bouton - ces appareils ne donnent cependant pas beaucoup d'indices sur ce que sera le système. Ces appareils ne sont en effet équipés que d'un simple navigateur.
C'est en aparté que David Derrida, Directeur produit chez RIM France, a fait une première démonstration - en petit comité - de ce que BlackBerry 10 proposera réellement au public et aux développeurs.
Le BlackBerry Dev Alpha équipé d’un “vrai” BlackBerry 10, photo Developpez.com sous Creative Commons
Rappelons avant toute chose que cet OS s’appuie sur QNX, un système temps réel issu du monde de l’embarqué racheté par Research In Motion. La rupture technologique est donc quasi totale avec BlackBerry OS 7 (on remarquera au passage la disparition du “OS” dans le nom).
Premières impressions : une UI cohérente, avec des bouts de Windows Phone
Dès la mise en route du Smartphone, entièrement tactile, on voit que RIM veut remettre à plat ses fondamentaux.
Le nouvel écran d’accueil se compose de quatre “tuiles”, qui ne sont pas sans rappeler celles de Windows Phone. Chacune de ces fenêtres est en fait une application en train de fonctionner. Il ne s’agit pas que de raccourcis puisque ces “tuiles” se mettent à jour de manière dynamique. Il est par exemple possible de consulter la météo en regardant la fenêtre de l’application native sans avoir à rentrer dedans.
BlackBerry 10 se revendique au passage multitâche. L’OS pourra faire tourner en parallèle jusqu’à 8 applications distinctes. Une utilisation qui n’est pas sans conséquence sur la batterie. « Nous sommes prêts à faire des concessions sur ce point, mais nous ne descendrons pas en dessous d’une journée d’autonomie en utilisation intensive. On ne déroge pas à cela », rassure David Derrida.
Photo Developpez.com sous Creative Commons
Comme tous les OS du marché, la plateforme propose un bureau en plusieurs panneaux. Un glissement de doigt vers la gauche, et l’on retrouve une interface classique à la iPhone ou à la Android, avec les icônes des applications organisables en dossier.
Un glissement vers la droite donne en revanche un accès direct « à tous les outils de communication ». E-mails, LinkedIn, Facebook, Tweeter, messages vocaux, BBM, etc. sont donc centralisés dans une seule et même interface.
Cette page de contact est accessible à tout moment depuis n’importe quelle application, notamment en réduisant la fenêtre en cours avec une pression continue sur un coin de celle-ci. Reste à savoir si cette manière de faire sera suffisamment intuitive. Et si elle ne posera pas des problèmes de conflits avec les applications qui intègrent des glissés vers la droite ou des pressions continues dans leurs fonctionnements.
Par défaut ce “pôle de communication” affiche toutes les informations mais il sera possible de filtrer ces flux pour n’afficher - par exemple - que ses mails professionnels ou que les notifications de tel ou tel réseau social.
Le “pôle de communication” de BlackBerry 10, photo Developpez.com sous Creative Commons
Des glissés vers la gauche font office de “retour arrière” (retour au mail après avoir ouvert une pièce jointe, et à l’application ouverte avant la consultation du mail par exemple). Un point anodin mais incroyablement ergonomique qui manque à certains OS mobiles.
Un clavier qui devine beaucoup plus que les autres
« On veut avoir le meilleur clavier tactile », lance David Derrida. La déclaration est présomptueuse. Mais force est de constater qu’elle risque d’être tenue.
Il faudra voir si la démonstration résiste à l’usage quotidien mais l’idée de base est excellente et terriblement efficace. Le clavier de BlackBerry 10 est prédictif - comme beaucoup d’autres, direz-vous - mais il ne devine pas que les mots en cours. Il propose également les suivants...
Concrètement, pour écrire la phrase "Where are you now” (la technologie n’est prête à l’heure actuelle que pour l’anglais), seules les lettres W et H ont été tapées.
Photo Developpez.com sous Creative Commons
Pour ajouter “are” au texte, le mot s’est affiché au-dessus de la lettre A et il a suffi de le glisser-déposer dans la zone du message. Idem pour les mots suivants. Le but était de créer « un clavier tactile avec lequel on peut écrire à une seule main ». Après test, le but est entièrement atteint.
Un clavier qui apprend
C’est une chose peu connue mais le clavier physique des BlackBerry repose sur plus d’une centaine de brevets. Des ingénieurs se sont en effet penchés sur l’inclinaison et le toucher de chacune de ses lettres pour optimiser la frappe par l’utilisateur. On n’appuie en effet pas de la même manière sur un “A” dans le coin en haut à gauche que sur une lettre au centre du clavier.
Le clavier tactile va lui aussi reproduire ces subtilités en affinant, au fur et à mesure, le centrage des touches virtuelles.
Autrement dit, si un utilisateur loupe systématiquement la lettre “Q” en tapant légèrement au-dessus ou à côté, le clavier décidera de remonter ou de décaler la zone de contact pour cette lettre.
Un glossaire qui fait de même
Il n’y a pas que le clavier qui apprend. Le glossaire se veut lui aussi “intelligent”. Dans BlackBerry 10, celui-ci “scanne” (sic) en effet les contenus postés par l’utilisateur (réseaux sociaux, mails, etc.) pour en analyser le vocabulaire et personnaliser le champ lexical du correcteur orthographique.
Autre nouveauté, la correction devient contextuelle. Toujours en anglais, la suite de lettres “ill” sera automatiquement transformée en “I’ll” (je vais) en début de phrase. En revanche, ailleurs dans le texte, le mot tapé restera “ill” comme dans “I am ill” (je suis malade). « C’est énervant de devoir revenir sur un mot qui a été corrigé à tort pour le retaper », explique David Derrida, « c’est ce que nous avons voulu résoudre avec ce système ».
Des petits détails qui, mis bout à bout (avec un clavier large à la typo particulièrement soignée), optimisent l’écriture intensive des textes pour les mails des professionnels... ou pour les SMS des adolescents ultra-(over ?)-connectés.
L’APN mis en avant, en attendant plus...
Troisième “innovation”, l’appareil photo. Dans les prochains appareils sous BlackBerry 10, l’APN enregistrera quelques millisecondes avant et après le déclenchement de la prise de vue. Il sera ensuite possible de sélectionner le plan exact voulu pour garder la meilleure image.
Et pour les développeurs ? « BlackBerry 10 vise de nouvelles communautés »
Pour les développeurs, BlackBerry 10 se résume en une phrase : la rupture dans la continuité.
« Nous avions l’image d’une plateforme propriétaire fermée, même si on s’appuyait sur Java. Aujourd’hui nous sommes plus ouverts sur les standards de l’industrie. Il y a un vrai changement de perception », constate David Derrida, pour qui « BlackBerry 10 permet d’aller vers d’autres communautés de développeurs ».
Si Java et C++ (pour les développements natifs) gardent une place de choix, Flash, Air ou le HTML5 ont également droit à leurs SDK.
Pour le responsable produit, le HTML 5 est d’ailleurs « une réponse intéressante à la fragmentation des plateformes mobiles pour les développeurs ». Un point de vue certainement juste sur le long terme mais à modérer sur le plus court terme. Quoiqu’il en soit, cette analyse explique les efforts des équipes de RIM. Efforts qui donnent à BlackBerry 10 le navigateur le plus performant du marché dans le support du HTML5.
La nouvelle plateforme présentée au DevCon d'Amsterdam, photo Developpez.com sous Creative Commons
Le constructeur canadien s’adresse aussi directement aux développeurs Android. BlackBerry 10 supporte en effet l’API de la version 2.3 d’Android (un support qui sera amené à évoluer).
« Pour porter une application Android sur BlackBerry 10, il suffit de la repackager sans aucun développement supplémentaire ». Tout du moins en théorie puisqu’une refonte de l’UI pour l’adapter à la définition des écrans sera a priori toujours bienvenue.
Cette ouverture fait que BlackBerry 10, une plateforme encore privée, dispose déjà de 17.000 applications.
« Nous avons tiré les leçons des systèmes qui se sont lancés avec des portefeuilles trop faiblement fournis », concède David Derrida qui vise un chiffre beaucoup plus grand (au-delà des 25.000) pour le lancement officiel de l’OS prévu pour la fin de l’année.
Reste à savoir si certains incontournables (comme Skype pour ne citer qu’un des plus demandés par les possesseurs actuels de BlackBerry) seront de la partie.
Conclusion
Un UI intéressante. Un clavier enthousiasmant. Une plateforme puissante (QNX oblige) et qui s’ouvre à de nouvelles communautés. Bref, un OS dont on peut attendre beaucoup.
A condition que les développeurs suivent. Et que d’autres nouveautés de rupture viennent compléter, pour les clients, celles dévoilées aujourd’hui.
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