La Commissaire européenne à la Concurrence menace de démanteler Google
si la société américaine continue d'abuser de sa position dominante
Après Standard Oil et AT&T, c’est au tour de Google d’être menacé de démantèlement, mais cette fois en Europe où le géant de la recherche est en plein déboires avec la Commission européenne.
Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la Concurrence
Cette possibilité de démanteler Google, c’est Margrethe Vestager qui l’a évoquée au journal britannique The Telegraph. Cette déclaration survient après que le géant de la recherche a été condamné à payer une amende record de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante sur le marché des moteurs de recherche. La Commission européenne reproche à Google d’avoir systématiquement favorisé son propre service de comparaison de prix et rétrogradé ceux de ses concurrents.
Si Google a fait appel de la décision, la firme continue de faire face à d’autres contentieux, notamment en ce qui concerne son service de publicité en ligne (AdSense) et la dominance d’Android sur le marché du mobile. Selon Vestager, au vu de ces dossiers, l’option de scinder Google reste valable et pourrait se voir appliquée.
« Je pense qu’il est important de garder cette question ouverte et marquée sur l’agenda » répond-elle à la question de savoir si la seule solution à cette dominance est de démanteler la société.
« Nous ne sommes pas encore arrivés là, mais il est important de garder un œil ouvert. » Elle a aussi prévenu que le moteur de la recherche pourrait devenir si géant, qu’il deviendrait indispensable pour les entreprises et l’économie. Mais n’est-il pas le cas aujourd’hui avec ses 91,5 % de parts de marché ?
Un contentieux qui remonte à 2010
Pour saisir cette affaire, il faut remonter à 2010, l’année où la Commission européenne a ouvert une enquête sur Google pour abus de position dominante. En effet, plusieurs concurrents de la société, dont le comparateur de prix Foundem, venaient de déposer plainte contre le géant de la recherche, l’accusant de favoriser ses propres services dans les résultats de recherche.
Cinq ans plus tard, Margrethe Vestager a accusé Google formellement d’abus de position dominante, des accusations rejetées par Google qui estime que ses services ne nuisent pas à la concurrence
En 2014, Google s’est plié à la pression et a accepté de montrer des services concurrents aux côtés de ses services, mais les autorités de la concurrence en Europe n’ont pas été impressionnées par ce changement. En 2016, l’UE ajoute deux autres accusations d’abus de position dominante concernant Android et AdSense. Enfin, en 2016, La Commission européenne a infligé une amende record de 2,42 milliards d’euros à l’entreprise technologique américaine au titre de l’enquête ouverte sur le comparateur de prix, les deux autres enquêtes restent en cours.
Avec plus de 90 % de parts de marché, Google est contraint par la loi européenne de ne pas utiliser sa position dominante pour favoriser ses autres services. Or, depuis 2008, la CE estime que le moteur de la recherche a fait en sorte de promouvoir son propre service de comparateur de prix dans les résultats de recherche. Ce service développé par la société lui permet de percevoir un pourcentage sur chaque vente. Avant le lancement de ce service, c’est d’autres sites web comme Kelkoo ou Foundem qui étaient mis en avant.
La CE n’a pas souhaité imposer un remède à Google et a laissé à la société américaine la liberté de trouver la solution la plus adaptée à cette situation. Google a présenté un plan d’action pour remédier à son comportement anticompétitif, un plan que les responsables antitrust continuent d’examiner, mais un groupe d’opposants à Google ont informé le mois dernier que les actions entreprises par l’entreprise ont été « essentiellement futiles » sans démantèlement du géant d’internet. Si Google échoue à convaincre, une autre procédure pourrait être lancée contre la firme, et lui coûter près de 5 % du chiffre d’affaires réalisé dans le monde par sa société mère Alphabet.
La Commissaire européenne à la Concurrence a récemment reçu les éloges à Bruxelles pour sa prise de position contre les géants américains comme Google, Apple et Amazon. Elle a été notamment qualifiée de « l'Eurocrate qui fait trembler les sociétés américaines. »
Mais Vestager se défend de vouloir anéantir les sociétés à succès en Europe. « Il n’y a pas de moratoire de succès en Europe, » dit-elle. « Vous avez le droit de devenir dominant et vous prenez la responsabilité spéciale qui consiste à ne pas détruire une compétition déjà affaiblie. »
Pour le cas de Google, la commissaire européenne a informé que leur dominance dans le marché de la recherche a été prouvée, et l’enquête a trouvé qu’ils ont exploité cette dominance pour promouvoir leurs services et rabaisser la concurrence.
Si Vestager semble déterminée à poursuivre Google, certains estiment que les actions entreprises par l’UE pourraient coûter cher à l’innovation et pousser les géants de la tech à s’installer dans des pays hors de l’UE. D’autres estiment que la raison de la domination de Google en Europe résulte de la stagnation et le manque d’innovation. Pour cette raison, l’UE voudrait que les utilisateurs se tournent vers des moteurs de recherche moins performants.
En tout cas, cette déclaration de la commissaire européenne est venue dans un moment crucial pour les géants américains de la tech. Ces entreprises font face à une vague de contestation sans précédent après plusieurs événements ; le dernier a vu l’implication de Facebook dans une vaste fuite de données affectant 50 millions de personnes, et exploitée par une firme britannique (Cambridge Analytica) alors qu’elle travaillait pour le compte de la campagne de Trump.
La proposition de scinder Google ne date pas d’aujourd’hui, elle remonte à 2010, mais le fait qu’elle refait surface en ce moment suggère que l’idée de la voir appliquée se renforce. Il reste à savoir si l’UE a le pouvoir de démanteler un géant comme Google, surtout que cette entreprise est américaine, ce qui risque de créer un problème diplomatique avec les États-Unis.
Source : The Telegraph
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Voir aussi :
L’amende de 2,42 milliards d’euros infligée à Google par l’UE devait avoir un effet dissuasif, mais des experts la jugent excessive et inadéquate
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