Tim Berners-Lee recommande de garder internet ouvert et décentralisé,
le père du web s'inquiète d'une nationalisation du web
Dans un entretien avec David Rowan, éditeur pour le compte de Wired, le principal inventeur du web Tim Berners-Lee a déclaré vouloir «un web qui est ouvert, qui fonctionne à l’échelle internationale, qui fonctionne aussi bien que possible et n'est pas basé sur les nations». Pour mieux se faire comprendre, il a présenté un contre-exemple : « ce dont je ne veux pas c’est d’un internet où le gouvernement brésilien a toutes les données des réseaux sociaux sur son sol stockées dans ses serveurs. Cela serait si difficile à mettre en œuvre ».
Pour Rappel, en septembre dernier, la présidente Dilma Rousseff a souhaité que les grandes enseignes d’internet hébergent leurs données sur les citoyens dans le même pays. Elle n’est bien évidemment pas la seule. En France par exemple, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a proposé l’année dernière la mise en place d’une « stratégie de localisation des data centers, des emplois rattachés à l’exploitation des données personnelles, sur le territoire européen et particulièrement français ».
Il faut dire que les révélations sur les programmes d’espionnage à l’instar de PRISM ne plaident pas en la faveur du père du web. Néanmoins, il estime que, bien que tenter de se soustraire aux programmes similaires soit un objectif des plus compréhensibles, ne serait-ce que pour préserver la vie privée de ses citoyens, il est nécessaire de faire attention aux moyens utilisés pour y parvenir, surtout si le réseau est susceptible d’en subir les conséquences.
Des craintes que l’Europe partage : « Je ne veux pas d'une guerre froide numérique ! » a lancé Neelie Kroes, commissaire européenne en charge de la politique numérique, dans un discours relatif à la gouvernance d’internet en décembre dernier au parlement européen. Et elle rappelle que l’internet «a des valeurs fondamentales incroyables qui se retrouvent dans son architecture : des notions comme l'ouverture, la transparence et le partage. Ce n'est pas hiérarchique, mais collaboratif.»
L'avis d'un développeur de Developpez.com:
Gangsoleil, modérateur "C", "Informatique Générale & Hardware" et "Unix" sur Developpez.com rejoint l'avis de Tim Berners-Lee. « C'est un premier pas vers la séparation d'internet en plusieurs internets plus ou moins connectés.», prévient-il. D'ailleurs pour bien souligner l'impact engendré par des solutions de cet ordre, il pose habilement une problématique avec un cas concret : « dans le cas du Brésil par exemple, les données Facebook des brésiliens seraient en local dans le pays. Mais si un utilisateur souhaite accéder au mur d'un États-unien (puisque c'est avec les Etats-Unis qu'il y a un soucis), est-ce que Facebook aura le droit de le laisser faire ? Et si oui, est-ce que l'États-unien aura le droit de savoir qu'un brésilien a accédé à son profil ? ».
Pour lui, les problèmes engendrés vont bien au delà des simples frontières étatiques : « internet est mondial alors que les lois sont locales » rappelle-t-il. Et la portée de cette différence est susceptible à terme de mener à deux cas de figures : « soit la notion de lois dépasse les frontières, et on se retrouve avec des pays qui définissent des lois "mondiales", au moins pour l'internet, avec par exemple l'interdiction de la pédophilie, la non-surveillance des internautes sans mandat d'un juge, etc... Soit la notion de frontières rattrape l'internet, et dans ce cas on va bien avoir ce que prône Mme Rousseff et M. Montebourg, à savoir des internets locaux, avec des données locales, des échanges locaux, et surtout pas d’échanges avec les vilains méchants qui sont de l'autre cote de la frontière, car vraiment ils sont très vilains.». Il relève que «la montée des nationalismes actuels aurait tendance à faire penser que la seconde solution est bien celle qui se profile devant nous.»
Pour conclure, il interpelle ceux qui se demandent en quoi ce serait négatif en ceci : « il faut se rappeler que le repli sur soi n'est jamais une bonne solution, et que le bénéfice d'avoir accès a des gens différents permet d’éviter une pensée unique »
Source : Wired
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