Pour arriver à cela, il faut oublier tous les censeurs qui, pour faciliter la gestion du troupeau, veulent que chacun se comporte de façon similaire. Alors, en se sentant en dehors du système, on invente très vite son propre système pour ne pas être détruit par le système officiel. C’est ce que j’ai fait dès mon intronisation comme programmeur en 1971. Mon système idéaliste a fonctionné durant toute ma carrière et ce n’est que depuis que je suis retraité que je parviens à mettre des mots sur ma démarche d’informatisation ; des mots que j’ai empruntés à d’autres qui ont su mieux que moi expliquer certains comportements, sans rapports avec l’informatique mais étonnamment compatibles avec ma propre histoire. Dans ma démarche de développement, je distingue aujourd’hui
l’art et
la manière :
L’art est la partie technique, rationnelle qui a ses règles. Ne dit-on pas d’ailleurs que l’on travaille dans les règles de l’art ? C’est le savoir-faire qui s’acquiert par la formation, l’auto-formation, la recherche personnelle, la pratique. Pour un informaticien, c’est la maitrise des langages, des systèmes, des méthodes de développement, etc.
La manière est la partie comportementale. C’est l’attitude qu’enseigne la vie et qui a ses principes. Je parle de
« Véloce attitude ».
La véloce attitude est une attitude à trois facettes :
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La hoshin attitude : s’investir totalement et librement
Les thèmes de travail ou « Hoshin » ("direction" - "boussole" en japonais) des task forces sont principalement : le juste-à-temps, l'excellence, le changement, l'innovation, la prise de risques, la compétitivité fondée sur le temps de réaction, l'esprit d'entreprise, la participation.
La hoshin attitude s’exprime dans le cadre d’une stratégie des équipes ad’hoc, l'adhocratie qualifiant toute forme d'organisation qui va à l'encontre de la bureaucratie pour aborder le changement. Elle traverse les frontières et les clivages habituels, coupe à travers les organigrammes, les départements, les fonctions, les profils de poste, la hiérarchie et la tradition. C'est en fait la capacité pour une entreprise à intégrer le changement.
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La poulpe attitude : utiliser son intuition pour prendre les bonnes décisions
La poulpe attitude consiste :
- à susciter les évènements
- à saisir les opportunités
- à exploiter les coïncidences
Adopter la poulpe attitude, c’est savoir sans savoir, autrement dit c’est l’écoute de soi-même, se fier à son intuition pour agir et réagir plus efficacement au quotidien sans réflexions interminables, raisonnements logiques conscients ou schémas compliqués.
Une personne qui ne sait pas s’écouter est condamnée à obéir aux autres, que ce soient ses parents, ses professeurs ou ses employeurs. C’est pourquoi une personne qui n’écoute pas son intuition est une personne qui n’utilise pas sa liberté. Le problème, c’est qu’on n’apprend pas à l’école à s’écouter soi-même.
L’intuition, c’est se rebrancher sur son moi authentique et sa petite lumière interne. Ce n’est pas une science exacte, c’est une sensibilité artistique qu’on développe, comme le fait d’être mélomane ou cinéphile. Ne pas réfléchir intellectuellement mais instinctivement. Le cerveau aime qu’on le sollicite dans la précipitation, il y a un plaisir beaucoup plus important à écouter son intuition que le plaisir à écouter sa logique analytique.
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La positive attitude : vivre en mode chance et savoir lire la vie
Notre spécialité, pour la plupart d’entre nous serait plutôt la concentration, c’est-à-dire la capacité à nous focaliser sur une idée, un travail ou une action, en faisant justement abstraction de tout ce qui nous entoure et pourrait nous distraire de la tâche entreprise. C’est en tout cas comme cela que nous avons été éduqués pendant nos années de formation, que ce soit à l’école ou à l’université. Et c’est encore souvent ce qui est attendu de nous dans notre vie professionnelle.
Vivre en mode chance, c’est regarder différemment sa propre façon d’être dans le monde, prendre les décisions adéquates, décider de faire ou ne pas faire les choses, anticiper la situation à venir, entrer ou non en relation avec les autres, être plus attentif que d’autres face à l’apparition des occasions favorables, fussent-elles issues du seul hasard ; saisir les occasions et rebondir sur les incidents de parcours…
La chance est bien évidemment totalement irrationnelle et choque à bon droit notre sens commun d’héritiers de la modernité et de l’esprit scientifique. Hasards et coïncidences sont en fait des rencontres accidentelles entre des évènements qui ressemblent furieusement à des rencontres intentionnelles.
Cette chance, comprise comme la capacité à tirer parti des circonstances, est aussi et avant tout une ressource. Sans doute moins maitrisable que d’autres, souvent plus impalpable, mais une ressource quand même, bien réelle et dotée d’une puissance extraordinaire pour qui sait en décrypter les promesses, en respecter les principes et les règles.
Bibliographie :
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