Une entreprise devrait-elle payer moins d'impôts si elle investit beaucoup localement ?
En Australie, le patron de Google suggère de « mettre l'accent dessus »
Maile Carnegie, le chef Google Australie, s’attend à ce que le gouvernement clarifie les zones d’ombres dans son système global d’imposition. La directrice a reconnu que les critiques à l’endroit des impôts que verse son entreprise est compréhensible, mais ne tient cependant pas compte de l’impact de l’investissement de la compagnie dans l’économie locale. Elle a par exemple rappelé que 450 ingénieurs en Australie ont été recrutés pour un travail qui aurait pu être fait à un coût inférieur ailleurs.
Dans une interview accordée à The Australian Financial Review, la directrice a déclaré vouloir « un système d’imposition plus simple et transparent. J’aimerais que toutes les entreprises, multinationales et compagnies locales aient une définition ou alors une vision plus large de la contribution ».
Depuis quelques temps déjà, Google est accusée d’optimisation fiscale par de nombreux pays. Nous nous souviendrons par exemple des six millions de livres versées comme charge publique au Royaume Unis malgré les milliards de livres générés par son réseau publicitaire et son développement du commerce électronique.
Maile Carnegie
En Australie, l’entreprise a payé 7,1 millions d’impôts en 2013, dix fois plus que ce qui avait été versé en 2012, sur la base de profits locaux que l’entreprise a chiffrés à 46,5 millions de dollars pour un chiffre d’affaire de 357,7 millions. Les critiques s’indignent du fait que les chiffres présentés par Google ne font pas état des deux milliards de recettes publicitaires qui ont été transférés dans des pays aux systèmes d’impositions plus généreux comme Singapour ou l’Irlande.
Cependant, Carnegie regrette que les discussions autour du paiement des impôts ne parlent pas de la plus-value apportée par Google à l’économie Australienne chaque année. Selon elle au moins 300 millions auraient été injectés à l’économie seulement l’année passée et un milliard sur les cinq dernières années. Ce calcul, explique-t-elle, est fait en prenant en considération des éléments comme les dépenses en immobiliers, les salaires, les systèmes d’aide aux start-ups locales parmi lesquels de nombreux employés Google agissent à titre d’administrateurs dans les conseils d’entreprises émergentes. Elle a aussi parlé des 900 employés locaux de Google et aussi du fait que Google envisage de prendre plus de 70 stagiaires payés en Australie cette année.
«Quand vous regroupez tout cela vous obtenez un investissement significatif alors qu’à l’heure actuelle la plus grosse part de cet investissement n’a pas nécessairement besoin d’être faite en Australie » a-t-elle expliqué. « Je vois 450 ingénieurs … ils n’ont pas besoin de venir d’ici. Les impôts sont une proportion (de la contribution d’une entreprise) mais quand vous avez une vision plus large et prenez en considération certains actifs intangibles, il y a tellement de choses que nous faisons et j’aimerais que l’accent soit un peu plus mis dessus » a-t-elle regretté.
Google n’est pas la seule entreprise à être accusée d’optimisation fiscale. D’autres poids lourds du secteur à l’instar d’Oracle, Apple ou encore Amazon ont défrayé la chronique en Europe. « Ce n'est pas acceptable et c'est pourquoi, au niveau européen comme au niveau mondial, on doit faire en sorte que l'optimisation fiscale, c'est-à-dire la tentation de certains grands groupes, concurrents d'ailleurs de nos entreprises, de s'installer là où l'on paie moins d'impôts, puisse être remise en cause », affirmait en février dernier François Hollande, le Président Français.
Source : Financial Review
Et vous ?
Pensez-vous comme Maile Carnegie que les actifs intangibles devraient être pris en considération pour justifier le faible taux d'imposition de l'entreprise ?
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