Je ne comprend pas cette phrase, mais j'en profite tout de même pour continuer sur le sujet de la propriété. Traitez-moi donc d'opportuniste, vous auriez certainement raison
Une petite remarque liminaire tout d'abord. Je ne suis pas fondamentalement contre la propriété, j'ai même plutôt tendance à penser, de façon intuitive, qu'elle est indispensable sous certaines formes. C'est sur ce point ("sous certaines formes"), que je vais maintenant développer, et sur lequel je suis curieux de connaître vos positions.
La propriété n'est pas une caractéristique naturelle. Tout le monde sait respirer à la naissance, ça c'est naturel. Mais beaucoup ne possèdent rien à la naissance, et certains toute leur vie. Moi par exemple, je ne possède quasiment rien (et mes parents non plus, pour répondre à de basses et candides accusations). La propriété est donc un concept artificiel (créé par l'humain) et polymorphe (on ne possède pas un stylo bic de la même façon qu'on possède une entreprise, ou un jeu steam, par exemple; les règles ne sont pas exactement les mêmes). Et donc de fait, il est sujet à discussion, tant quantitativement (qu'est-ce qui doit être soumis au droit de propriété, qu'est-ce qui ne doit pas l'être) que qualitativement (quelles formes de propriété).
L'aspect polymorphe et polysémique de la propriété rend difficile une définition précise du concept. Une façon de voir les choses est la suivante: "Lorsqu'on possède un objet, on a le monopole de son usage". C'est nous qui choisissons qui peut utiliser (au sens large) cet objet que nous possédons. C'est une définition très utilitariste, basée sur la notion de l'usage: un objet se définit par l'usage que l'on en fait. Et c'est justement un des points qui rend cette définition assez puissante, dans le sens où elle montre clairement l'importance de l'usage dans le concept de propriété: rien ne sert de posséder un objet si on ne s'en sert pas.
Or, il me semble que justement, le point central se trouve là, dans la notion d'usage. Qu'est-ce qui est important: posséder un objet, ou pouvoir s'en servir quand on veut? Est-il préférable de posséder un objet inutile, ou d'avoir une potentialité d'usage sur un objet utile?
Et là vous devez certainement commencer à comprendre où je veux en venir, du moins ceux qui me connaissent, mais surtout ceux qui me font l'honneur d'avoir la patience d'avoir lu tout ça. Il me semble que cette notion d'usage, pourtant au centre de l'idée de propriété, est souvent négligée dans le débat. Et qu'il faut donc la réhabiliter. Car en vérité, la réalité est en train de rattraper les carences perspectivistes de notre époque. Regardez par exemple le leasing, qui est en train de se développer au point de devenir majoritaire dans certaines branches d'activité. Ou encore toutes ces plateformes qui se développent et qui permettent de prêter/louer/échanger notre voiture, notre maison, etc. Tous ces phénomènes récents sont l'application concrète de l'idée que ce qui est important dans la propriété, c'est, en réalité, l'usage.
C'est la raison pour laquelle je crois qu'il serait temps de repenser totalement notre conception de la notion de propriété. Parce qu'aujourd'hui, sous le libéralisme triomphant, l'idée globalement perçue de la propriété ressemble plus à "l'interdiction à autrui de profiter de l'objet possédé", plutôt que des considérations sur l'usage.
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