« La vie privée n’est pas un droit absolu »
pour le patron du GCHQ, qui condamne les géants du Web
L’agence de surveillance britannique, le GCHQ (Government Communications Headquarters), est le principal allié de l’agence de sécurité américaine (NSA) dans ses opérations d’espionnage à grande échelle d’Internet.
Les documents publiés par l’ex-consultant de la NSA, Edward Snowden, ont levé le voile sur des pratiques hors du commun, permettant de collecter des informations privées sur les internautes. Ces révélations ont engendré de vives critiques envers la NSA et le GCHQ. Les entreprises du Web se sont orientées vers l’accentuation de la sécurité de leur plateforme et de nouveaux outils de sécurité ont vu le jour.
Le nouveau patron du GCHQ, Robert Hannigan, n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer avec véhémence les géants du Web, qui sont devenus « le centre de contrôle et de commandement préféré des terroristes et des criminels ».
« Pour ceux qui, comme nous, ont affaire au côté le plus déprimant de ce que font les humains sur Internet, il semble que parfois les grandes entreprises sont dans le déni de ce qui y est fait », assène le patron du GCHQ, dans sa première tribune depuis sa prise de fonction.
Dans sa note, Hannigan explique comment les terroristes exploitent les réseaux sociaux, notamment Facebook ou encore Twitter pour médiatiser leurs opérations. Il cite par exemple, l’utilisation de hashtags comme Ebola ou Coupe du monde pour s’insérer dans des fils de news plus importants, la propagation des vidéos de décapitation à travers Twitter, etc.
De plus, l’effet Snowden a permis à ces terroristes, selon le chef du GCHQ, d’avoir à leur disposition de nouveaux outils étiquetés « Snowden approved » pour encore mieux se cacher.
Hannigan s’est également aligné derrière les déclarations du directeur du FBI il y a un mois. Ce dernier s’était insurgé contre la politique de protection des données adoptées par Apple et Google, qui va constituer un frein lors des enquêtes visant à intercepter des pédophiles et des terroristes. Pour le patron du GCHQ, Apple et Google sont dans le déni total en pensant que l’intégration par défaut du chiffrement dans Android et iOS n’aidera pas les terroristes à planifier des attaques futures.
Le chef de l’agence d’espionnage britannique a par la suite appelé les entreprises du Web à une plus grande collaboration : « Le défi pour les gouvernements et leurs agences de renseignement est immense et ne peut être relevé qu’avec une plus grande coopération avec les sociétés de technologies ».
S’invitant dans le débat sur la protection de la vie privée, Hannigan a adopté une position radicalement opposée à la vision des défenseurs des droits des internautes. « La vie privée n’a jamais été un droit absolu et le débat autour de cela ne devrait pas devenir une raison pour décaler des décisions urgentes et difficiles », a affirmé celui-ci.
La tribune de Robert Hannigan a eu droit à un lot de critiques de la part des organismes de défenses des droits des internautes. Eva Galperin, de l'EFF (Electronic Frontier Foundation), a souligné le côté « hypocrite » de cette demande du GCHQ. « Si le GCHQ veut s'assurer la coopération d'entreprises américaines, il a déjà de nombreux moyens pour le faire. Le GCHQ est responsable de ce qu'on a appris des documents Snowden, à savoir le plus grand programme de surveillance que l'on ait jamais vu ».
Source : Financial Times
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