La fusion entre la technologie et le biologique aura-t-elle vraiment lieu ?
Oui, estime le professeur Yuval Noah Harari
Dans son ouvrage « Sapiens : une brève histoire du genre humain », Yuval Noah Harari, historien Israélien, pense que la fusion entre l’homme et la machine sera « la plus grosse évolution en biologie » depuis l’émergence de la vie il y a quatre milliards d’années.
Il faut dire que le jeune professeur, qui s’est spécialisé dans l’Histoire du Monde et des processus macro-historiques, s’est intéressé à l’évolution de l’humanité en corrélation avec les révolutions technologiques et politiques qui ont été observées jusqu’au 21e siècle. La version en Hébreux de son livre est devenue un bestseller et a été traduite dans près de 30 langues différentes en générant de l’intérêt à la fois dans les communautés académiques mais également chez le grand public.
Selon lui, la race humaine devrait évoluer bien au-delà de la réalité biologique que nous connaissons aujourd’hui. Il avance comme argument que l’être humain est une créature qui est dirigée par l’insatisfaction et qui ne saurait résister à la tentation de se faire « une mise à niveau », que ce soit par le biais de l’ingénierie génétique ou par celui de la technologie. « Nous sommes programmés pour être insatisfaits. Même quand les humains éprouvent du plaisir et atteignent des objectifs ce n’est pas suffisant. Ils en veulent encore plus » estime le professeur.
« Je pense qu’il est probable que dans les 200 ans à venir l’homo sapiens va se perfectionner pour être proche de l’idée d’un être divin, soit par la manipulation biologique, soit par l’ingénierie génétique avec la création de cyborg qui auront des parties organiques et non organiques » a-t-il continué. « Ce sera la plus grande évolution en biologie depuis l’apparition de la vie. Rien n’a vraiment changé en quatre milliards d’années, biologiquement parlant. Mais nous serons aussi différents des humains que nous sommes aujourd’hui que les chimpanzés le sont de nous ».
Cependant, il pense que la technologie cybernétique sera restreinte aux personnes les plus nanties de la société, creusant encore plus d’écart entre les riches et les pauvres. En clair, dans le futur, un riche pourrait être capable de ne plus mourir de cause naturelle ou de maladie contrairement au pauvre. D’ailleurs, le projet Gilamesh tente de relever le défi que représente « la capacité de traiter efficacement des maladies comme le cancer et les conséquences du processus de vieillissement qui reste l’un des défis majeur de la science biomédicale »
Selon lui, les humains ont été capables de dominer à ce point les espèces peuplant la planète à cause de son habilité à inventer des « fictions » qui permettent de soutenir la société comme la religion, l’argent ou l’idée des droits de l’homme fondamentaux, qui ne trouvent en rien une explication dans la nature. « Dieu est extrêmement important parce que, sans les mythes religieux, vous ne pouvez pas créer une société. La religion est l’une des inventions les plus importantes des humains. Aussi longtemps que les humains ont cru qu’ils dépendaient de plus en plus de ces dieux, ils étaient manipulables ».
« Cependant, ce que nous avons observé durant ces derniers siècles c’est que les humains deviennent de plus en plus puissants et ne veulent plus s’appuyer sur les dieux. Maintenant nous disons que nous n’en avons plus besoin, mais nous n’avons besoin que de la technologie ».
« L’endroit le plus intéressant dans le monde d’un point de vue religieux ne se trouve pas au Moyen-Orient mais à la Silicon Valley où ils développent une techno-religion. Ils estiment que même la mort est un problème technologique à résoudre ».
« Ce qui permet la coopération entre humains avec souplesse et qui est largement répandu dans notre société c’est l’imagination. Avec la religion, c’est facile à comprendre. Vous ne pouvez pas convaincre un chimpanzé de vous donner une banane avec la promesse qu’il en obtiendra 20 autres une fois au paradis des chimpanzés. Il ne le fera pas. Mais les humains si ».
« La plupart des systèmes juridiques sont fondés sur les droits humains, encore une fois tout est dans notre imagination. L’argent est l’histoire la plus populaire qui ait jamais existée. Vous avez les meilleurs conteurs d’histoire, les banquiers, les ministres des finances, qui vous font croire que l’argent a une quelconque valeur. Elle n’en a pas. Essayez d’en donner à un chimpanzé, vous vous apercevrez qu’il ne vaut rien ».
Source : blog Yuval Noah Harari, projet Gilamesh
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