USA : le secteur de l’IT paie les frais de la surveillance de la NSA
Les clients étrangers se tournent vers les sociétés IT locales
L’économie des Etats-Unis pourrait enregistrer de grosses pertes à cause des préoccupations croissantes des clients sur la vie privée et la surveillance de la NSA. La compétitivité du secteur US de l’IT sur le marché mondial se dégrade. Mais ce sont également les emplois américains et la balance commerciale du pays de l’Oncle Sam qui sont menacés selon un récent rapport de l’Information Technology and Innovation Foundation (ITIF).
En 2013 déjà, l’ITIF - un groupe à but non lucratif avec un accent sur les questions de technologie – a estimé que les chiffres du Cloud Computing pourraient baisser jusqu’à 35 milliards de dollars jusqu’en 2016, à cause des révélations d’Edward Snowden sur la surveillance de la NSA. Les fournisseurs US de services de Cloud sont en effet critiqués de travailler en collaboration avec le service de renseignement américain. Et cela suscite des préoccupations importantes chez les clients qui pourraient se détourner des services de stockage de données fournis par les sociétés US, selon l’ITIF.
Dans son dernier rapport, l’organisation note que les pertes que le secteur de l’IT pourrait enregistrer sont susceptibles d’être plus grandes que celles initialement prévues, alors que le gouvernement US n’est pas parvenu à prendre des mesures efficaces pour offrir plus de sécurité aux données des clients. Non seulement le Cloud Computing, mais aussi l’ensemble du secteur de l’IT subissent les retombées de la surveillance omniprésente de la NSA.
Au cours de l’année 2014, l’ITIF a constaté que les sociétés de l’IT ont enregistré de faibles performances par rapport aux prévisions. Le groupe impute cela en partie au fait que les clients, préoccupés par la confidentialité des données de leurs propres utilisateurs, se tournent progressivement vers les entreprises locales en Europe et ailleurs pour stocker leurs données. C’est la conséquence du laisser-aller du gouvernement US qui « sacrifice la compétitivité robuste du secteur de la technologie des États-Unis pour des promesses vagues et peu convaincantes de l'amélioration de la sécurité nationale », ont déclaré les auteurs du rapport, Daniel Castro et Alan McQuinn.
L’ITIF remet en cause l’incapacité des responsables américains à adopter de nouvelles lois sur la surveillance du gouvernement américain. « Dans certains cas, ils ont même attisé les flammes du mécontentement en faisant la promotion de faibles pratiques de sécurité de l'information », explique le rapport.
La conséquence immédiate est que certaines entreprises étrangères ont saisi l’opportunité pour convaincre leurs clients que la conservation des données à domicile est plus sûre que de les sauvegarder à l’étranger. Certains gouvernements ont également profité pour instaurer des mesures protectionnistes ciblant les technologies de l’information. Pékin, par exemple, a retiré certaines entreprises clés de sa liste de fournisseurs de services de Cloud autorisés par le gouvernement en utilisant l’argument de la peur de la surveillance de la NSA.
Si à court terme, les sociétés US perdent des contrats, l’ITIF s’attend qu’à long terme, « d'autres pays créent des politiques protectionnistes qui verrouillent les entreprises américaines sur les marchés étrangers ». Selon l’organisation, cela va non seulement affecter les entreprises technologiques américaines, mais également coûter des emplois américains et affaiblir la balance commerciale des États-Unis.
Le pire reste à venir mais peut être évité si les décideurs politiques américains s’activent à créer un environnement de confiance en assurant la confidentialité des données des utilisateurs. L’ITIF recommande pour cela d’accroître « la transparence sur les activités de surveillance des États-Unis à la fois à domicile et à l'étranger ». Il s’agira également de « renforcer la sécurité de l'information en s'opposant aux efforts du gouvernement pour introduire des portes dérobées dans les logiciels ou affaiblir le chiffrement ». L’ITIF suggère encore de « renforcer les traités US d'entraide juridique » et de « travailler à établir des normes juridiques internationales pour l'accès du gouvernement aux données ». Il faut également conclure des « accords de commerce comme le Partenariat Trans-Pacifique qui interdisent le protectionnisme numérique, et faire pression sur les nations qui cherchent à ériger des barrières protectionnistes pour abandonner ces efforts ».
Source : ITIF
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