Bonjour à tous !
Ce sujet m’a intéressé, et je me permets d’y revenir bien qu’il soit un peu ancien — ne serait-ce que parce que d’une part ça n’est pas non plus très ancien, d’autre part en cherchant sur Google par exemple on peut tomber dessus et avoir la curiosité de le lire — comme ç’a été mon cas, et ça m’a bien intéressé !
Je vais essayer de faire en sorte, donc, que ce soit lisible.
Il me semble que plusieurs choses ont été mélangées, et que pour les uns et les autres le terme “syllabation” ne recouvre pas la même réalité pour les uns et les autres.
Il faut bien distinguer par exemple l’écrit et l’oral. L’exemple de
pavement m’a frappé. Pour l’écrit, la seule syllabation est pa-ve-ment. Si l’on peut envisager pave-ment et pa-vement, c’est uniquement parce que la voyelle -e- [ə] est instable en français (on parle parfois de schwa) et peut disparaître. Il est important de remarquer que c’est peut, et non pas doit.
Prenez le mot
revenir ; syllabation écrite (même si ce concept, je vais y revenir, est lui-même flou) : re-ve-nir ; mais à l’oral, certains disent
r'venir, d’autres
rev'nir. Il me paraît donc bien téméraire de vouloir légiférer à l’écrit une syllabation orale, dans la mesure où l’écrit est fixe et l’oral fluctuant.
Syllabation et langue des vers
Je suis arrivé ici parce que je me préoccupe de la syllabation dans la versification classique (XVIIe–XVIIIe siècles, voire une bonne partie du XIXe). Dans ce domaine, il y a ce que l’on peut appeler une langue des vers qui fixe la prononciation. Dans la langue des vers, par exemple, il n’y a pas de [ljɔ˜], il n’y a que des [liɔ˜] (li-on), de même qu’il n’y a pas de [ʃiɛ˜] (chi-en) et seulement des [ʃjɛ˜] (chien). C’est comme ça, l’usage est fixe. Il y a également les règles d’ « élision » du e instable, et la disjonctivité du h. Bref, peu importe le détail, l’important est qu’en précisant bien toutes les règles (ce qui implique effectivement une liste de vocabulaire parce que la réalisation de la graphie i+V ne dépend en rien ou presque rien de la graphie effective du mot, mais de l’étymologie principalement), on peut syllaber de manière univoque des vers de la période classique. Il n’y a qu’une et une seule façon de "compter" tels vers de Racine, Corneille, Voltaire, même Musset et Baudelaire…
Deux exemples situés aux antipodes l’un de l’autre
Boileau, Art poétique :
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