L'avenir du datacenter réside-t-il sous la mer ?
Avec son projet Natick, Microsoft espère réduire les temps de latence, mais aussi de déploiement
Microsoft a dévoilé son projet Natick qu'il a présenté comme étant un « projet de recherche pour déterminer la faisabilité des centres de données sous-marins », l'objectif étant de comprendre les bénéfices aussi bien que les difficultés dans le fait de déployer des centres de données sous-marins de par le monde.
Pourquoi le projet Natick ? Tout d'abord, Microsoft remarque que le cloud computing continue de gagner en importance, représentant à la fois un catalyseur de croissance économique, mais aussi comme consommateur de ressources mondiales. Aussi, le projet va se concentrer à aider à façonner une autre perspective dans la gestion du cloud qui pourrait mieux servir les utilisateurs dans les zones proches de cours d'eau. Microsoft voit dans le déploiement en eaux profondes une solution au refroidissement, aux énergies renouvelables, mais aussi à une empreinte environnementale moindre.
Microsoft réfléchit également à la possibilité de l'associer à un autre système pour pouvoir l'alimenter en électricité, par exemple une turbine ou un système générant de l'énergie marémotrice.
Il faut rappeler que les centres de données contiennent de nombreux serveurs qui génèrent beaucoup de chaleur. Lorsque la chaleur est trop forte, les serveurs plantent. Raison pour laquelle ils sont placés dans des zones où l'air conditionné fonctionne en permanence. Cette solution de Microsoft pourrait donc à la fois être écologique et économique dans la mesure où il n'y aurait plus à payer cette lourde facture.
Quels en sont les avantages ? Microsoft parle d'une rapidité de mise en service (la capacité de déployer un centre de données du début à la fin en 90 jours) ce qui va permettre une réponse rapide à la demande du marché, un déploiement rapide en cas de catastrophe naturelle ou d'évènements spéciaux comme la Coupe du monde. Il faut également compter sur la latence (le temps mis par une donnée pour aller de la source à sa destination) : « la moitié de la population vit à moins de 200 km de l'océan. Alors, déployer des centres de données en mer accroît la proximité entre le centre de données et la population, réduisant ainsi la latence de façon considérable et fournissant une meilleure réponse ».
Leona Philpot, le nom du prototype développé par Microsoft (inspiré du personnage du même nom dans le jeu Xbox Halo Nation), a été déployé sur les côtes californiennes en août 2015. Après une série de tests qui se sont avérés concluants, Leona Philpot retourne à Redmond en décembre 2015 pour analyse et réparations.
Equipe Natick : Eric Peterson, Spencer Fowers, Norm Whitaker, Ben Cutler, Jeff Kramer (de la gauche vers la droite)
Les chercheurs avaient quelques inquiétudes sur les pannes matérielles qui pouvaient survenir ou les fuites. Le système sous-marin est équipé d'une centaine de capteurs différents pour mesurer la pression, l'humidité, le mouvement ainsi que d'autres paramètres afin de mieux comprendre les conditions d'opération dans un tel environnement.
Le système ayant tenu, les ingénieurs pensent à prolonger le temps imparti à l'expérience, mais également à tester des projets commerciaux du service Cloud Azure. Le groupe de recherche a déjà commencé à concevoir un système sous-marin qui sera trois fois plus grand qui sera couplé à un système d'énergie alternative qui n'a pas encore été choisi. L'équipe pense qu'un nouvel essai pourrait être amorcé au début de l'année prochaine près de la Floride ou en Europe du Nord.
« La première fois que j'en ai entendu parler, je me suis dit « eau... électricité, pourquoi faire ça ? ». Mais quand vous prenez la peine d'y penser, en fait c'est logique », a avancé Ben Cutler, un ingénieur Microsoft qui a travaillé sur le système de Natick.
Un déploiement de centre de données Natick est supposé durer jusqu'à cinq ans, ce qui équivaut à la durée de vie des ordinateurs qu'il embarque. Après un cycle de déploiement de cinq ans, le centre de données sera retiré de l'eau, les ordinateurs changés, et il sera à nouveau déployé. La durée de vie d'un centre de données Natick est d'au moins vingt ans, période après laquelle il doit être récupéré et recyclé.
Source : projet Natick
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