Le chiffrement bout-en-bout de WhatsApp empêche des enquêteurs d’avancer dans une affaire criminelle
les enquêteurs dans l’impasse vu les enjeux
Alors que les regards sont tournés du côté de la bataille opposant Apple et la justice américaine sur le déchiffrement de l’iPhone de l’un des malfaiteurs de la fusillade de San Bernardino, la presse se fait le relais d’une affaire similaire du côté de WhatsApp.
L’application de messagerie instantanée WhatsApp utilise depuis 2014 le chiffrement bout-en-bout pour les dispositifs Android. Et pour les appareils fonctionnant avec iOS, le chiffrement est actif depuis 2015. La conséquence d’une telle mesure de sécurité est que ni l’éditeur ni des tiers ne peuvent avoir accès au contenu des messages transmis entre les utilisateurs de cette plateforme. Seuls les destinataires peuvent lire les messages qui leur parviennent.
Cette mesure de sécurité bien que rassurante pour les utilisateurs de cette messagerie constitue un problème insoluble pour les responsables du gouvernement américain. En effet, dans une récente affaire criminelle un juge fédéral a approuvé une écoute téléphonique, rapporte le New York Times.
Toutefois, les enquêteurs sur cette affaire se trouvent dans l’impasse, car les messages à espionner sont diffusés avec l’application WhatsApp qui chiffre le contenu des messages de bout-en-bout. Le comble de cette affaire est que la technologie en arrière-plan utilisée par WhatsApp pour chiffrer les conversations de ses utilisateurs a été financée en partie et de manière interposée par le gouvernement américain.
En 2014, WhatsApp a conclu un partenariat avec Open Whisper Systems, afin d’améliorer la sécurité de ses communications. Et toujours dans la même année, Open Whisper Systems aurait reçu 900 000 dollars de Open Technology Fund, un groupe de coordination dont le principal bailleur de fonds est le gouvernement des États-Unis.
Cette situation pourrait donc mettre mal à l’aise le gouvernement américain, car après avoir contribué à créer un mécanisme de chiffrement, ce serait plutôt contreproductif que de demander son affaiblissement.
Pour certaines personnes, cette affaire avec WatsApp est bien plus importante que celle avec Apple, car elle toucherait le cœur même de l’écoute téléphonique. De tout temps, les agences gouvernementales se sont toujours appuyées sur les faiblesses de la sécurité pour écouter les communications des utilisateurs. Si le chiffrement des communications empêche d’espionner les conversations, cette méthode fréquemment utilisée dans les enquêtes judiciaires devrait être abandonnée à la faveur des malfaiteurs et autres délinquants du genre.
C’est pourquoi certains préconisent de forcer WhatsApp à fournir les informations qui ont été chiffrées. D’autres par contre estiment qu’il serait gauche d’aggraver le conflit d’autant plus qu’on n’a pas encore fini avec l’affaire d’Apple.
Nous rappelons que WhatsApp n’en est pas à sa première affaire avec la justice. En effet au début de ce mois, la police fédérale brésilienne a mis aux arrêts, Diego Dzodan, un vice-président de Facebook, à cause du refus par l’entreprise de fournir des messages WhatsApp exigés par la police dans une enquête de trafic de drogue. La firme a déclaré qu’elle ne peut fournir une information qu’elle ne possède pas.
Et en ce qui concerne cette affaire d’écoute téléphonique, le New York Times souligne que ceux qui soutiennent la vie privée numérique craignent que si le ministère de la Justice réussit à forcer Apple afin d’avoir accès à l’iPhone dans le cas de l’affaire San Bernardino, la prochaine étape du gouvernement soit de forcer les entreprises comme WhatsApp à réécrire leur logiciel pour supprimer le chiffrement des comptes de certains clients. « Ce serait comme aller en guerre nucléaire contre la Silicon Valley », a déclaré Chris Soghoian, un analyste de la technologie auprès de l’American Civil Liberties Union.
Source : The New York Times
Et vous ?
Que pensez-vous de cette affaire d’écoute téléphonique opposant WhatsApp et la justice américaine ?
WhatsApp devrait-elle affaiblir son chiffrement pour aider la justice américaine ? Ou devrait-elle résister au cas où il lui est demandé de fournir les informations souhaitées ?
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