Envoyé par
Escapetiger
Merci pour ce lien ! Bien sûr il faut faire la distinction entre la capacité cognitive (la quantité de mémoire dans l'ordi) et l'intelligence (la valeur d'un programme en mémoire). Sur les deux aspects il y aurait beaucoup de choses à dire.
Pour le premier c'est biologique et biochimique : je ne sais pas si la sélection darwinienne a impacté la capacité cognitive mais, comme celle-ci se compose de neurones et de toute la biochimie y afférent, les divers polluants dans lesquels nous baignons sont indubitablement responsables. En particulier les insecticides qui, s'ils sont toxiques pour les insectes le sont beaucoup moins pour les mammifères. Pourquoi ? parce que les insecticides pénètrent dans les graisses qui constituent les "peaux" des insectes et beaucoup moins dans les peaux des mammifères qui relèvent d'un système aqueux. A ceci près que si le "beaucoup moins" n'est plus négligeable à cause de 1) la dose, 2) l'imprégnation dans le temps, il va diffuser dans l'organisme et se fixer dans le cerveau qui est un système gras, biochimiquement parlant. Or nous apprenons que nous baignons dans des toxiques (revêtements plastiques dans l'habitat, en particulier), non considérés comme tels par les industriels, ceux-ci ayant effectués des tests où les animaux de laboratoires ne meurent, ni ne développent de maladies, dans l'immédiat de l'expérimentation. C'est l'imprégnation dans le long terme qui s'avère toxique.
Pour le deuxième : c'est civilisationnel et culturel. Cela est dû à deux causes :
1. Le renoncement par les structures éducatives officielles à maintenir un niveau de savoir (comparez le certificat d'études d'avant guerre qui se passait à 12 ans et même le BEPC de mes jeunes années qui se passait à 15 ans, avec le niveau de savoir des mêmes âges actuels et vous serez édifié)
2. La perte des relations humaines et, en particulier, l'idéologie comme quoi on ne peut avoir de relations entre âges différents. Donc les jeunes végètent entre eux avec le même savoir limité en dénigrant les "vieux", lesquels le leur rendent bien. Or c'est oublier qu'il n'y a rien dans le BIOS humain en comparaison avec d'autres espèces animales. le petit d'homme doit TOUT apprendre ! Or si les relations jeunes/adultes sont faussées (et même interdites) le savoir ne se transmet pas/plus et l'espèce humaine, tout au moins dans la zone concernée, est appelé à disparaître (ne fut-ce qu'avec l'invasion des "migrants" islamistes qui, tout en ayant des valeurs civilisationnelles détestables, montrent qu'ils ont un dynamisme bien plus grand, au sens de Darwin).
Une anecdote significative et dans "notre" monde informatique : Lors d'une convocation à l'ANPE de Toulouse je rencontre un développeur (qui était même chef de projet) dont la SSII avait fait faillite (classique !). Le même âge que moi, la quarantaine, donc inembauchable. Comme c'était une personne très dynamique et que répondre à quelques annonces (et n'avoir jamais de réponse) ne vous occupe pas beaucoup, il avait proposé à des jeunes de son groupe d'immeuble de faire un petit club informel d'informatique. "J'ai vite renoncé", m'a-t-il dit, "les parents commençaient à me regarder de travers".
Aussi, sur ce sujet, je vous recommande de faire un peu de (re)lecture de Jules Vernes. Vous y verrez qu'à cette époque les aventuriers forcés de l'Ile Mystérieuse, par exemple, ont de bons contacts entre eux et chacun profite du savoir de l'autre qu'il s'agisse du vieil ingénieur ou du matelot. Même le moussaillon s'avère utile car il est porté par cette ambiance dynamique. le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est plus le cas à notre époque de crétinisation croissante.
La célèbre citation de Paul Valéry (in La Crise de l'Esprit, Première Lettre), tout comme celle de Karl Marx ("la religion est l'opium du peuple"), ne peut se résumer à elle-seule. Cela mérite, au moins, la lecture du paragraphe.
Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l'épaisseur de l'histoire, les fantômes d'immenses navires qui furent chargés de richesse et d'esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n'étaient pas notre affaire.
Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie... ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l'abîme de l'histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu'une civilisation a la même fragilité qu'une vie. Les circonstances qui enverraient les ouvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux.
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