Une explication scientifique du piratage sur internet
suggère que le cerveau humain est moins sensible à la violation de la propriété intellectuelle sur internet
Si vous êtes parfois scandalisés par le fait que certaines personnes n’ont aucun remords à pirater sur internet des œuvres qui sont le fruit du travail de quelqu’un d’autre, alors vous êtes probablement un individu atypique, d’après une étude réalisée par des chercheurs australiens en neurosciences. Les neurosciences sont les études scientifiques du système nerveux, tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement, depuis les molécules jusqu'au niveau des organes, comme le cerveau, voire de l'organisme tout entier.
L’étude montre en effet que le cerveau humain est moins sensible à la violation des œuvres de propriété intellectuelle sur internet. Autrement dit, le cerveau humain ne perçoit pas vraiment le piratage des œuvres sur internet comme une action illégale. De manière générale, la partie du cerveau qui traduit la culpabilité chez l’être humain lorsqu’il viole la loi est moins réactive aux actions illégales commises à l’encontre de biens immatériels qu’à celles commises à l’encontre de biens matériels. En Australie, où un tiers des personnes âgées de 16 à 75 ans regardent des films et émissions de télévision téléchargés illégalement sur internet, les chercheurs trouvent dans leur étude une explication de ce phénomène.
Dans une étude en trois étapes, les chercheurs se sont intéressés à savoir ce qui se passe dans le cerveau d’un individu lorsqu’il pirate par exemple un film par rapport à une situation où il doit voler un objet physique. Pour commencer, ils ont administré un questionnaire en ligne pour savoir si les gens sont plus susceptibles de voler des objets non tangibles (logiciels ou MP3 par exemple) par rapport à des éléments tangibles (CD ou DVD). Comme on pouvait s’y attendre, les répondants ont indiqué qu'ils sont plus susceptibles de voler quelque chose d’immatériel, peu importe le prix, le risque de se faire prendre ou la difficulté à obtenir l'élément.
Les deux dernières étapes de leurs études consistaient à analyser de l’imagerie cérébrale pour mieux comprendre pourquoi les gens étaient plus enclins à voler des objets non tangibles. La première expérience d’imagerie cérébrale a montré que les individus avaient plus de difficultés à se représenter des objets immatériels que des objets matériels. Le cerveau humain affiche en effet une plus grande activité quand il faut se représenter un objet immatériel que lorsqu’il doit se représenter un objet matériel.
Dans la deuxième expérience d’imagerie cérébrale, les chercheurs ont analysé l’activité du cerveau de personnes volontaires alors que ces dernières devaient s’imaginer en train d’acquérir différents objets tangibles ou non tangibles (films, livres, logiciels, etc.) de manière légale ou illégale. Les chercheurs ont observé une plus grande activité dans la partie du cerveau qui traduit la culpabilité lorsque les sujets de l’étude s’imaginaient en train de voler un objet physique. Pour les éléments non tangibles, le degré de culpabilité observé chez les sujets était bien plus faible.
En se basant sur les résultats, les chercheurs suggèrent donc que les gens sont plus disposés à violer les lois relatives aux biens immatériels, parce qu’ils ont du mal à se les représenter. Par conséquent, le cerveau se sent moins coupable en cas de violation de ces règles. De manière plus large, ils estiment que les résultats permettent d’expliquer d’autres comportements amoraux relatifs à des éléments non tangibles, par exemple, le vol d’idées, l’espionnage numérique ou encore la surveillance de masse.
Sources : Torrentfreak.com, Monash University News
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