Les hackers seront bientôt capables de s'infiltrer dans votre cerveau
En compromettant les interfaces de contrôle cérébral, d'après des chercheurs
Imaginez ce scénario, des hackers réussissent à s’infiltrer dans votre cerveau et interceptent toutes les données privées et interactions que vous effectuez à l’aide d’une interface de contrôle cérébral. Ce scénario est digne d’un film de science-fiction, mais les chercheurs commencent déjà à s'inquiéter et pensent qu’il sera fort plausible dans un futur plus proche qu’on le croyait.
Avec la généralisation des interfaces de contrôle cerveau-machine pour contrôler des appareils avec les signaux de cerveau comme la EEG (électroencéphalographie), les chercheurs sont préoccupés par l’idée de sécurisation de nos pensées. Les interfaces de contrôle par le cerveau sont largement utilisées en médecine. Elles trouvent des applications aussi dans le développement de jeux et peuvent remplacer les contrôleurs pour plus de précision et même la DARPA (l’agence de recherche et développement de l’armée américaine) s’intéresse à la technologie. Les chercheurs de l’Université de Washington pensent que nous devons agir vite afin de prévenir l’utilisation de nos signaux de cerveau pour compromettre notre confidentialité et sécurité.
Les méthodes et chemins que peuvent entreprendre les hackers ici varient et sont nombreux. Les chercheurs font des expériences avec des images insérées dans l’interface au fur et à mesure que l’utilisateur contrôle un jeu avec son cerveau. Grâce aux réactions non intentionnelles du cerveau, il est possible de rassembler des informations et des données sur la vie privée de l’utilisateur. Les informations personnelles rassemblées ainsi peuvent aider à constituer une image sur la personne et potentiellement servir dans le futur pour embarrasser et manipuler la victime.
Le problème que rencontrent les chercheurs aujourd’hui avec les interfaces de contrôle cerveau-machine est l’incapacité de dissocier et distinguer les signaux électriques du cerveau par les applications. Autrement dit, elles ont accès à la totalité des signaux qui sont riches en informations. Cette lacune ne profite pas seulement aux hackers, les gouvernements et services de police peuvent aussi tirer parti de ces informations.
Ces interfaces seraient le comble de la publicité ciblée, traçant une route directe aux cerveaux des consommateurs pour livrer des annonces ultra personnalisées. Si vous naviguez sur le web ou jouez à un jeu en mettant une interface de contrôle par le cerveau, les marqueteurs peuvent potentiellement savoir quels sont les sujets et éléments auxquels vous êtes susceptibles de réagir favorablement, donc mieux vous cibler avec leurs annonces.
Pour le moment la technologie n’est pas encore disponible pour le grand public, c’est pourquoi les chercheurs s’efforcent à trouver des solutions et à attirer l’attention sur la problématique avant que ça ne soit trop tard. Une équipe à l’Université de Washington est en train d’étudier les questions de la confidentialité et la sécurité liées à cette technologie avant qu’elle ne soit généralisée. Dans un document scientifique publié en 2014, les chercheurs précisent que ces problèmes « peuvent être considérés comme une violation des droits de l’Homme à la confidentialité et la dignité ». Ils affirment que les lois qui encadrent ces pratiques sont rares.
L’équipe de chercheurs a envisagé aussi une solution plus technique, un filtre des signaux émis par le cerveau. Le but est d’empêcher les applications à avoir accès à toutes les informations et n’avoir accès qu’aux données spécifiques dont elles ont besoin. Cette solution qu’ils appellent « BCI Anonymizer » est comparée aux applications de smartphones qui n’ont accès qu’à un nombre restreint des données personnelles enregistrées sur les téléphones. « La fuite non intentionnelle d’informations est empêchée, en évitant toute transmission ou sauvegarde de signaux neuraux ou tout élément qui n’est pas explicitement utile à la communication de l’interface de contrôle par le cerveau », explique l’équipe.
Ce scénario qui nous semblait encore impossible dans la réalité il y a encore quelques années semble tout à coup possible. Les interfaces de contrôle par le cerveau sont de plus en plus sophistiquées, capables de contrôler des machines de toute sorte. Le travail de ces chercheurs consiste maintenant à trouver les techniques et le cadre légal capables d’empêcher des catastrophes dans le futur, susceptibles d’être causées par un échec entre la coopération Homme-machine.
Source : Motherboard
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