L'IA pourrait faire disparaitre 47 % des emplois aux États-Unis durant les deux prochaines décennies
Et accentuer davantage l'inégalité des revenus
L’intelligence artificielle est le nom donné à la discipline scientifique qui cherche à créer et à simuler l’intelligence. Cette discipline a été toujours un sujet de polémique, puisqu’elle cherche à mettre au point des programmes informatiques capables de réaliser de façon plus satisfaisante des tâches qui sont pour l’instant accomplies par des humains, autrement dit, on cherche à créer des machines capables d’imiter les différents aspects humains comme le raisonnement, la compréhension des langages naturels, la perception visuelle ou auditive, etc. Le développement de l’IA a suscité de nombreuses réactions tant dans les récits de science-fiction que dans les essais philosophiques. Si pour certains enthousiastes, elle constitue un grand pas pour l’humanité, d’autres, au contraire sont inquiets et voient d’un mauvais œil l’avancée rapide de cette technologie.
Cette semaine, des scientifiques et des conseillers économiques du président américain Barack Obama ont publié un rapport sur l’IA. Il rapporte les effets de l’automation sur le marché de l’emploi et l’économie américains. Les experts notent que l’IA présente un potentiel énorme de croissance et de richesse en raison de l’augmentation de la productivité, néanmoins, ils mettent en garde contre les menaces de l’emploi et l’aggravation de l’inégalité des salaires entre les salariés qualifiés et ceux moins qualifiés.
L'automation industrielle est l'art d'utiliser les machines afin de réduire la charge de travail du travailleur tout en gardant une productivité et la qualité. Il s’agit du recours à « une technique qui assure le fonctionnement d'une machine ou d'un groupe de machine sans intervention humaine ». En d'autres termes, l'automation vise à « substituer » une machine à l'homme. Souvent associée à la robotisation, l'automation utilise des outils numériques (ordinateurs) et des automates programmables industriels pour guider et donner des informations aux machines.
Durant les dernières décennies, l’automation a conquis de nombreux postes d’emploi comme ceux des standardistes, des agents de voyage ou encore les travailleurs dans la chaine de montage. Aujourd’hui, l’IA menace de remplacer les chauffeurs de taxi et d’Uber et s’en prendra probablement aux chauffeurs de poids lourds durant la prochaine décennie, une industrie de poids aux États-Unis qui fournit plus 3,8 millions d’emplois. Enfin, quelques chaines de restaurants fastfood ont déjà commencé à installer des kiosques et des systèmes de commande automatiques.
S’il est clair que l’automation est en quête de perturber le marché de l’emploi aux États-Unis, les estimations ne s'entendent pas sur la vitesse avec laquelle cette tendance va se propager. Le rapport cité dans l’article parle de deux différentes tentatives de prédire le rythme de l’automation. Les chercheurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont trouvé des résultats optimistes statuant que beaucoup de professions actuelles ne vont pas disparaitre pour de bon, elles devront plutôt changer puisque quelques-unes de leurs tâches seront automatisées. Ils estiment que seulement 9 % des postes d’emploi sont en risque de disparition durant les deux prochaines décennies. Cependant, une autre étude menée par Carl Frey et Michael Osbourne a trouvé des résultats différents. Ils ont demandé à un groupe d’experts de l’IA de classifier l’ensemble des professions susceptibles d’être automatisées ; les résultats ont été beaucoup moins optimistes avec 47 % des emplois aux États-Unis qui risquent de disparaitre. « Si ces estimations des postes d’emploi menacés s’avèrent correctes, le gagne-pain de millions d’Américains sera considérablement altéré et les employés devront potentiellement faire face à des challenges économiques considérables à court et à moyen terme », a cité le rapport.
La croissance du marché de l’emploi a traditionnellement compensé 6 % de pertes de l’emploi chaque trimestre à cause de la réduction ou la fermeture d’entreprises aux États-Unis. La question que se posent les chercheurs est de savoir si cette croissance va être capable d’absorber les pertes dues à l’automation. Afin d’anticiper une vague potentielle de pertes de postes, le rapport préconise des stratégies destinées à former et préparer les nouveaux employés, venir en assistance de ceux qui ont perdu leur travail et prendre des mesures pour atténuer l’augmentation de l’inégalité des revenus.
Les deux études ont été d’accord sur le fait que les emplois les moins bien rémunérés sont les plus menacés. L’étude de Frey et Osbourne par exemple a trouvé que l’IA va mettre sous pression 83 % des postes dont la rémunération est moins de 20 dollars l’heure, beaucoup plus comparé aux 4 % des emplois qui paient 40 dollars à l’heure ou plus. L’étude a conclu que si la productivité accrue ne se traduit pas par une augmentation des salaires, alors les gains économiques énormes permis par l’IA seront concentrés dans les mains d’une minorité. Autrement dit, au lieu de permettre la prospérité partagée des salariés et des consommateurs, ce phénomène va causer une réduction de la compétition et une augmentation de l’inégalité des richesses.
Source : whitehouse.gov - Oxfordmartin
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