À l'instar de Benoît Hamon, Bill Gates propose l'instauration d'une taxe sur les robots
et estime qu'il ne faut pas renoncer à cet impôt
Si des travailleurs humains viennent à être remplacés par des machines, cela signifie qu’il y aura une diminution du nombre de salariés et par conséquent du volume des impôts prélevés sur les salaires. Ce qui représente un problème pour l’État étant donné que l'impôt peut servir à financer des biens (routes, écoles, etc.) et des services (pompiers, police, etc.).
Aussi, dans son programme pour le numérique et la technologie, Benoît Hamon, candidat du PS à la présidentielle 2017, a proposé une « taxe sur les robots ». Selon le candidat du PS, cette proposition est essentielle « pour financer le revenu universel d’existence, on pourrait imaginer demain un salaire fictif, virtuel, pour un robot et la manière dont on fait contribuer ce robot au financement de notre protection sociale ».
Concrètement, il prévoit d’ajuster les cotisations des entreprises qui sont actuellement fixées sur le nombre de salariés : « demain, asseoir les cotisations patronales sur la valeur ajoutée et non plus sur le travail est une manière directe de faire payer les robots, les machines, les algorithmes, c’est-à-dire tout ce qui contribue à la création de richesses ».
Cette idée, qui a été soutenue par la commission des affaires juridiques du Parlement européen, est également défendue par le fondateur de Microsoft. Dans un entretien accordé à Quartz, Bill Gates a indiqué que « nous franchissons le seuil de la destruction d'emplois dans certaines activités presque d'un seul coup. Le travail en entrepôt, les chauffeurs, le nettoyage... Il y a tout un tas de secteurs laborieux très significatifs pour lesquels, d'ici 20 ans, il faut réfléchir à la manière dont ils seront impactés. Il est important d'avoir des politiques pour accompagner ce phénomène ».
Une logique qui rappelle celle sur laquelle s’est appuyé Benoît Hamon lors de son passage dans l'émission politique de France 2 lorsqu’il assurait qu'il ne croyait pas à l'application stricte de la théorie de la « destruction créatrice » de Joseph Aloïs Schumpeter. Pour rappel, celle-ci prévoit que chaque révolution industrielle entraîne la destruction d'activités économiques et donc d'emplois, mais que celle-ci est compensée par la création de nouvelles activités économiques et donc de nouveaux emplois.
Benoît Hamon avait alors avancé que « selon toutes les études sérieuses, ce sont des centaines de milliers d'emplois peu ou pas qualifiés qui ont commencé à être détruits dans les économies occidentales. Il faut maîtriser cette transition et tirer le meilleur parti de cette formidable opportunité que nous offre la révolution numérique de moins travailler et de vivre mieux ».
Bill Gates a tenté d’illustrer sa perspective de la manière la plus simple et directe : « à l'heure actuelle, si un travailleur humain fait, disons, 50 000 dollars de travail dans une usine, ce revenu est imposé.et vous obtenez l'impôt sur le revenu, la sécurité sociale, toutes ces choses. Si un robot arrive à faire la même chose, on pourrait penser que nous imposerions le robot à un niveau similaire ».
Et de continuer en assurant que « ce que le monde veut, c’est saisir cette opportunité de continuer à produire les biens et services que nous avons aujourd’hui et libérer une force de travail, améliorer la manière dont nous tendons la main aux personnes âgées, d’avoir des classes avec moins d’élèves, d’aider les enfants avec des besoins spécifiques. Toutes ces choses comme l’empathie et la compréhension sont toujours inimitables [par les robots] et nous devons par ailleurs composer avec une pénurie immense de gens pour aider les autres ».
« Mais vous ne pouvez pas simplement renoncer à cet impôt, parce que cela fait partie de la façon dont vous avez financé ce niveau de travailleurs humains », a insisté Bill Gates.
Alors que propose Bill Gates en matière de taxe sur les robots ? Pour lui, il y a plusieurs pistes à explorer : estimant que c’est au tour des législateurs de lancer le débat, il avance « qu’une partie peut provenir des profits qui sont générés par les gains d’économie de main-d’œuvre. Une partie peut venir directement d’un certain type de taxe pour les robots ». Et d’ajouter qu’il ne pense pas que les constructeurs de robots vont se montrer outrés du fait qu’une taxe sur les robots est envisagée.
Le milliardaire y a également vu une façon de rassurer ceux qui se montrent effrayés par la propension des entreprises à remplacer la main-d’oeuvre par les robots : « c’est vraiment dommage si les gens dans l'ensemble ont plus de crainte que d’enthousiasme sur ce que l'innovation va apporter. Cela signifie qu'ils ne seront pas en mesure d’y voir des choses positives que cela apporte. Et, vous savez, la fiscalité est certainement une meilleure façon de la gérer que d'en arriver à interdire certains éléments. Mais [l'innovation] apparaît sous de nombreuses formes, comme les autocommandes dans un restaurant, comment appelez-vous cela ? Il y a une machine de Silicon Valley qui peut faire des hamburgers sans mains humaines, sérieusement ! Aucune main humaine ne touche à quelque chose ».
Il n’a pas manqué d’insister sur l'importance du rôle de l'État pour gérer cette transition: « Si vous voulez faire quelque chose à propos des inégalités, une grande partie de la main-d'œuvre libérée va devoir aller aider une partie de la population qui n'en a pas les moyens. Pour résoudre les inégalités, le gouvernement a un rôle majeur à jouer ».
Source : Quartz
Et vous ?
Partagez-vous son point de vue ? Selon vous, comment pourrait s'implémenter cette taxe sur les robots ?
Toute machine automatisée devrait-elle y être soumise ?
Voir aussi :
Présidentielle : ce que propose le candidat du PS Benoît Hamon dans son programme pour le numérique et la technologie
UE : la Commission juridique du Parlement adopte un rapport suggérant de taxer les robots, la balle désormais dans le camp des eurodéputés
Partager