IBM poursuivi par l’État de Pennsylvanie pour l’échec d’un projet
en partie en raison d'un turnover fréquent de son personnel
Le gouverneur de la Pennsylvanie Tom Wolf et son administration ont porté plainte contre IBM, évoquant les échecs du géant de la technologie dans la mise en place d’un système informatique de gestion des indemnités de chômage au sein de l’État.
Le projet de système de modernisation de l’indemnisation de chômage (UCMS) a été attribué à IBM dans un contrat à prix fixe de 110 millions de dollars et avec une date de livraison prévue pour février 2010. L’expiration du contrat lui-même a été fixée pour l’année 2013. Mais en fin de compte, c’est un projet qui n’a jamais été livré alors qu’il a engendré des coûts de développement supplémentaires. Le Département du Travail et de l’Industrie (DLI) de la Pennsylvanie, à qui le système était destiné, a également continué à supporter les coûts élevés liés à l’utilisation de son système existant, vieux de plus de 50 ans et qui utilise un logiciel qui n’était plus enseigné.
« En somme, les contribuables de la Pennsylvanie ont payé à IBM près de 170 millions de dollars pour ce qui était censé être un système complet, intégré et moderne qu'ils n'ont jamais obtenu », a déclaré le gouverneur Wolf. « Au lieu de cela, le Département du Travail et de l'Industrie (DLI) a été obligé de continuer à prendre en charge une grande partie de ses activités du programme UC (indemnités de chômage) grâce à une collection de systèmes legacy, vieillissants et coûteux, engendrant des dizaines de millions de dollars en coûts de serveur, de support et de maintenance ». Mais comment sommes-nous arrivés à la non-livraison du projet ?
Comme les délais étaient repoussés et les coûts (censés être fixes) augmentaient, en 2013, une évaluation indépendante du projet d'IBM a été commanditée par l’État de Pennsylvanie. Dans le rapport de l'Université Carnegie Mellon, qui a examiné le projet, il a été recommandé au DLI de ne pas poursuivre le projet en raison du risque élevé d'échec. Le rapport a en effet identifié de nombreux problèmes avec la conception et la mise en œuvre du système.
« Étant donné que le système d'IBM présentait des risques inacceptables et ne serait pas fiable, le DLI a permis au contrat UCMS de prendre fin à sa date d'expiration du 28 septembre 2013. À ce moment-là, le projet UCMS avait 45 mois de retard et 60 millions de dollars de plus que le budget », est-il indiqué sur le site officiel de l'État de Pennsylvanie.
Au nom du Département du Travail et de l'Industrie, l’État de Pennsylvanie porte donc plainte contre IBM pour violation de contrat, fausses déclarations, entre autres. « IBM a manqué à plusieurs reprises d'honorer ses engagements et pris des décisions qui ont entravé le bon achèvement du projet », stipule la plainte. À propos de ces décisions ayant entravé l’achèvement du projet, on note, par exemple, le turnover et la réaffectation de personnel clé d'IBM affecté sur le projet. IBM avait pourtant l'obligation de veiller à ce que tous les éléments du projet soient bien coordonnés et exécutés avec compétence et à temps, estime l’État de Pennsylvanie.
Outre le fait qu’IBM n’a pas respecté les délais et les coûts, la plainte stipule que l’offre a été attribuée au géant de la technologie, en raison de fausses déclarations. IBM aurait affirmé être le seul fournisseur avec le type de bases de données propriétaires capable de fournir un système informatique totalement intégré. La plainte stipule également que lorsqu’IBM a présenté sa soumission à l’appel d’offres, la firme s'est vendue comme ayant travaillé avec succès sur des projets similaires en Utah, en Louisiane et à New York.
Avec l’échec d’IBM, le Département du Travail et de l'Industrie de Pennsylvanie fait savoir qu’à partir d’un certain moment, il ne pouvait plus facturer correctement aux employeurs leurs contributions au système d’indemnisation des chômeurs pendant plus d'un an. Au vu de tout ce qui précède, il demande donc des dommages et intérêts non spécifiés.
IBM, de son côté, a déclaré que les allégations de l’État de Pennsylvanie sont sans fondement, et que la société est prête à se défendre « vigoureusement ». Il faut également savoir qu’en 2013, où le contrat a pris fin, un porte-parole d'IBM a expliqué que c'est l'État qui était le fautif, affirmant que « dans les implémentations de technologies de l’information complexes, il y a une responsabilité des deux côtés pour la performance du système et la prestation des services ».
Sources : Associated Press, Communiqué de presse de l’État de Pennsylvanie, Fortune
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