Le piratage d'une énorme base de données corporate
cause une fuite des données personnelles de 33 millions d'employés américains
Cette semaine, un article intéressant de Tim Berners-Lee a listé les 3 menaces urgentes du web, parmi lesquelles figure le manque de contrôle sur nos données personnelles. Ces données sont stockées dans des silos centralisés, ce qui ne manque pas d’attirer des pirates et des agences gouvernementales. « Quand nos données sont conservées dans des silos propriétaires, hors de notre vue, nous perdons les bénéfices que nous pourrions en tirer », estime Tim Berners-Lee.
Et justement, les fuites de données deviennent de plus en plus fréquentes, la dernière en date est celle d’une base de données contenant des millions de comptes et appartenant à Dun & Bradstreet, un géant des services business qui a confirmé que la base de données lui appartient. Les 52 GB de données contiennent près de 33,7 millions d’adresses email uniques et d’autres informations de contact des employés de milliers d'entreprises, représentant une large part de la population corporate aux États-Unis.
Cette base de données est utilisée par les marketers pour cibler les gens avec des campagnes d’email et les autres méthodes de prospection. En effet, les données contiennent plusieurs types d’informations comme les noms complets, les fonctions, les adresses électroniques du travail et les numéros de téléphone. Les autres informations sont plus génériques et d’ordre public comme les adresses de bureaux, le nombre d’employés et d’autres descriptions de l’industrie de chaque entreprise (publicité, juridique, médias, l’audiovisuel et les télécommunications).
Ces données peuvent être achetées en grande quantité ou selon le type d’entreprises. Cependant, le prix de la base de données entière n’a pas été divulgué. Une brochure de 2015 montre que pour accéder à un demi-million de dossiers, il faudra débourser jusqu’à 200 000 dollars.
Dans un billet de blog, Troy Hunt a informé qu’il a reçu la base de données et a analysé son contenu. Il s’agit d’un fichier CSV de 52,2 GB contenant des données JSON semblables à ceux d’une base de données MongoDB.
Puisqu’il s’agit de données corporate, ils sont bien organisés. Chaque nom est bien casé et les adresses email sont bien formées. Il n’y a aucun signe qui indique que ces données ont été entrées par des utilisateurs ou les services de collecte de données en masse. De plus, les données sont 100 % US avec l’État de Californie le plus représenté (4 millions de comptes), suivi par New York (2,7 millions), Texas (2,6 millions de comptes), etc. Troy Hunt en a conclu que ces données ont été fournies en tant que feed des entreprises américaines et leurs employés. Précisément comme le genre de données que les gens auraient tendance à payer au prix fort vu la grande valeur des informations disponibles.
L’analyse de Hunt a montré que les organisations les plus présentes dans la fuite sont le Département de la justice américaine (101 013 employés mentionnés), suivi par le service de poste américaine (88 153). L’armée américaine, l’armée de l’air et le ministère des Anciens Combattants sont tous listés avec 76 379 dossiers. AT&T, Boeing, Dell, IBM et Xerox ont fait partie des entreprises les plus listées dans la base de données, avec des dizaines de milliers de dossiers de leurs employés.
Bien que vous pouvez rassembler ces données à partir des informations déjà disponibles au public, les avoir dans cette forme bien organisée et indexée pour les recherches lui procure plus de valeur. Cela rappelle qu’en effet, on a perdu le contrôle de nos données et notre confidentialité. La majorité des gens listés ici n’avaient aucune idée que leurs données sont vendues et achetées et ils n’ont aucun contrôle sur le processus.
Cette fuite, bien qu’étant gigantesque, on ne connait pas toujours qui l’a causée et comment elle a eu lieu. Un porte-parole de Dun & Bradshaw a informé que sa firme a analysé les données et a confirmé qu’il s’agit du type de format fourni par l’entreprise. Toutefois, il affirme que l’analyse a montré que les données n’ont pas été accédées ou exposées à partir du système de Dun & Bradstreet. Le porte-parole a informé également qu’une enquête interne a montré que les données appartiennent à la firme. Mais ces systèmes n’ont pas été infiltrés ou exposés.
L’entreprise a ajouté que ces données datent de six mois et ont été vendues en gros à des milliers d’entreprises. Pour cette raison, il sera difficile de traquer les firmes tierces qui auraient exposé une copie de la base de données. Dun & Bradstreet a tenté d’assurer ses clients et les utilisateurs dont les données ont été collectées ; elle a dit que les données contiennent généralement des informations de contact disponibles publiquement et utilisées pour des objectifs de vente et de marketing.
Toutefois, Troy Hunt n’est pas d’accord avec cet argument. « Quand vous avez les noms de quelqu’un, son occupation et son adresse email avec l’entreprise où il travaille, vous avez les informations nécessaires pour l’identifier, » dit-il dans son billet de blog. « Et c’est ce qui fait que cette collection de données est hautement volatile, la quantité de ces informations personnelles de beaucoup de gens et sur leurs rôles professionnels posent de nombreux risques pour les organisations impliquées ici. »
Ce type de données peut être utilisé par les marketeurs, mais aussi par des pirates qui ciblent leurs victimes avec des attaques d’hameçonnage. Ces données faciliteront surement ce type d’attaques. C’est une véritable mine d’or pour l’hameçonnage parce qu’elle contient une énorme quantité d’informations pratiques qui procureront plus d’authenticité ; cet aspect est particulièrement attractif pour les pirates et les agences gouvernementales.
Hunt a informé que les victimes n’ont aucune chance de réclamer la restitution de leurs données.
Source : Troy Hunt - The INQUIRER
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Voir aussi :
Tim Berners-Lee : le web tel que nous le connaissons est menacé par plusieurs dangers, notamment la perte de contrôle de nos données et les fake news
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