Envoyé par
Le Monde
Dans un parc londonien, assis sur un banc face à un journaliste, un scientifique de grande renommée jure ses grands dieux que l’article qu’il a signé dans une revue savante, dédouanant le glyphosate des maux dont il est accusé, n’a pas été amendé par Monsanto. Le journaliste lui tend alors une liasse de documents. Le biologiste s’en saisit, se penche sur les feuillets où sont consignées toutes les interventions des cadres de la firme agrochimique sur son manuscrit : un masque de stupeur et de colère tombe sur le visage du chercheur
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L’ensemble du magazine explore aussi d’autres aspects du dossier. Une quinzaine de citoyens ont ainsi été recrutés au hasard pour tester la présence de glyphosate dans leur urine, tout comme une sélection de personnalités – sportifs, médecins, acteurs, etc. La présence du glyphosate est généralisée, et si le test n’a bien sûr pas valeur d’évaluation du risque réel, au moins montre-t-il qu’il est à peu près impossible d’échapper au célèbre herbicide.
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Fin 2017, Emmanuel Macron promettait, dans un Tweet ambitieux, que le glyphosate serait interdit en France « dans trois ans au plus tard ». Cette affirmation présidentielle a déclenché une forte activité parlementaire, des députés de la majorité s’empressant d’appeler à l’inscription, dans la loi Egalim. Mais lorsque l’Elysée et le gouvernement eu*rent réalisé que la promesse serait difficile à tenir, il a fallu collectivement replier les gaules. Ne pas signer ses propres amendements, par exemple, ou déserter l’Hémicycle au bon moment… Véritablement hilarante, la chronique de ce rétropédalage collectif, narrée par les journalistes d’« Envoyé spécial », n’est, hélas, pas à l’honneur des députés de la majorité.
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