« Nos résultats confirment d’une part que, à la dose agricole recommandée (5,5 litre/hectare), le glyphosate est relativement peu toxique en lui-même, résume Gilles-Eric Séralini. Mais qu’en revanche, les formulants sont capables, à eux seuls, de tuer la plante en trois jours. Et qu’ils sont également suffisamment toxiques pour faire mourir des cellules humaines cultivées au laboratoire en 1 h 30 »
La présence d’arsenic
Par ailleurs beaucoup de ces formulants sont pollués par des métaux lourds (arsenic, plomb, nickel, mercure, cadmium, chrome), à raison de 5-10 mg/kg et même 25 mg/kg pour l’arsenic. « En toute rigueur cette présence d’arsenic, non déclarée par les fabricants lors de la demande d’autorisation sur le marché, devrait entraîner un retrait de ces herbicides », poursuit Gilles-Eric Séralini.
Enfin, que ce soit sous forme d’herbicide complet ou de formulants, toutes ces molécules se comportent comme des perturbateurs endocriniens sur des cellules en culture, même à des concentrations plus basses que celles qui tuent les cellules.
Un rôle bien plus toxique des formulants que du glyphosate lui-même
Ce travail clarifie en partie la question de la toxicité des herbicides à base de glyphosate. Ces résultats plaident dans le sens d’un rôle bien plus toxique des formulants que du glyphosate lui-même. Ils pourraient également expliquer le désaccord entre le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), dépendant de l’OMS, qui soutient que le glyphosate est un « cancérigène probable pour l’Homme », et l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA), qui affirme qu’il n’y a pas d’effet cancérigène. Cette distorsion trouve probablement son origine dans le fait que le Circ a basé son avis sur des études menées avec des herbicides complets (glyphosate + formulants), tandis que l’agence européenne s’est essentiellement appuyée sur les données concernant la molécule active (glyphosate), fournies par les fabricants dans leur dossier de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM).
Le système d’agrément des produits en question
Si ces résultats sont confirmés se reposera la question du système d’agrément des produits. En effet à l’heure actuelle, lors de l’Autorisation de mise sur le marché (AMM), le fabricant peut, au nom de la confidentialité et du secret industriel, ne pas dévoiler la nature chimique exacte de ses formulants et simplement affirmer qu’ils sont « inertes ».
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