Les propos de Margrethe Vestager traduisent de façon caricaturale
l’intégrisme néolibéral qui prévaut, contre vents et marées, au sein de la Commission européenne. La commissaire identifie les principes de la concurrence au Bien commun. Elle considère qu’ils doivent s’appliquer en toutes circonstances. Ce point de vue demeure très présent au sein des pays d’Europe du nord. S’il venait à prévaloir dans la gestion de cette crise, il contribuerait inévitablement à miner le fonctionnement d’une Union européenne déjà très affaiblie par les divisions entre ses membres, et en particulier entre les pays du nord et les pays du sud de l’Europe.
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L’euro a fonctionné principalement à l’avantage de l’Allemagne (et des pays de l’ex-zone Deutschmark). La raison en est que le cours de l’euro a favorisé les entreprises allemandes dont les exportations se sont retrouvées en phase avec l’évolution de la demande mondiale (automobile, machines-outils, etc.). Ces entreprises ont renforcé leur position sur les marchés des pays émergents, et en premier lieu la Chine. Par contre,
le cours de l’euro s’est avéré trop élevé pour les entreprises françaises ou italiennes. Celles-ci ont vu leur position commerciale s’éroder au fil des années.
L’industrie française est devenue une industrie rachitique, qui n’a cessé depuis dix ans de décliner.
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Scénario 3: les tensions s’accentuent. Les divergences deviendront insoutenables. L’arrogance (dont fait preuve Mme Vestager) y aura aussi sa part.
Après le Brexit, l’Italie pourra choisir de s’en aller. Ce sera alors le scénario du découplage. L’Europe se délitera dans un climat de chikaya. À la mécanique institutionnelle de Bruxelles se substitueront de nouvelles alliances plus souples. L’Europe actuelle fera place à un nouveau concert des nations avec des engagements a minima et des regroupements à la carte: une Europe du nord (et une Europe centrale) sous influence allemande ; une Europe du sud autour de la France et de l’Italie.
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