C'est mieux expliqué là :
EDF : « L’acte final d’un long démantèlement du service public de l’énergie en faveur du privé »
Et là aussi :« Hercule » viserait à scinder en plusieurs sociétés une entreprise déjà bien désarçonnée depuis la fin des années 1990.
D’un côté, EDF Bleu prendrait en charge l’exploitation des centrales nucléaires et resterait publique.
De l’autre, la production d’énergies renouvelables, les activités outre-mer et la très rentable distribution de l’électricité seraient réunies au sein d’EDF Vert, avec un capital ouvert à 30 %. Les concessions hydroélectriques, réunies sous la bannière d’EDF Azur, seraient gérées indépendamment. In fine, les trois filières de production d’électricité, nucléaire, hydraulique et renouvelable (éolien et solaire) seraient en concurrence les unes avec les autres.
Alors que les secteurs demandant des investissements lourds resteraient publics, les secteurs dégageant des dividendes seraient ouverts aux actionnaires. Socialiser les dettes, privatiser les profits, c’est un grand classique des logiques de privatisation. L’Etat assumerait les financements onéreux, les investisseurs privés en tireraient les bénéfices. L’intérêt général ne peut être inféodé à ce point à l’intérêt particulier.
L’éclatement d’EDF marquerait la fin de la complémentarité entre les moyens de production, pourtant indispensable au bon fonctionnement du service. Il supposerait une rupture définitive de la synergie entre la production, la distribution et la vente de l’électricité, une première depuis 1946 et la nationalisation d’EDF-GDF, née du programme du Conseil national de la résistance.
LE TREIZIÈME TRAVAIL D’HERCULE : PRIVATISER L’ÉLECTRICITÉ FRANÇAISE
La genèse d’Hercule remonte à une directive européenne de 1996 transposée dans le droit français en février 2000 par une loi qui introduit une séparation des activités de production, de transport, de distribution et de fourniture d’électricité ainsi que l’ouverture à la concurrence de la production et de la fourniture. L’objectif affiché par les institutions européennes est de créer un marché intérieur de l’énergie, dont la pierre angulaire est l’achèvement d’un « marché de l’électricité concurrentiel et compétitif ». Le raisonnement est ici tout ce qu’il y a de plus classique en matière de libéralisme économique : l’ouverture à la concurrence de la fourniture d’électricité permettra à coup sûr de proposer de l’électricité moins chère aux consommateurs, de stimuler l’innovation commerciale via de nouvelles offres de marché et d’améliorer la qualité de service.
Or, EDF était il y a encore vingt ans l’acteur unique sur tout le territoire français, en situation de monopole sur l’ensemble de la chaîne de l’électricité, et reste aujourd’hui encore une entreprise du monde de l’énergie à part puisqu’il s’agit du deuxième producteur mondial d’électricité aux commandes de la majorité de la production française qui agit comme un véritable château d’eau européen. Les filiales d’EDF, RTE et Enedis, assurent en outre le transport et la distribution de l’électricité sur la quasi-intégralité du territoire. D’autre part, il ne faut pas oublier qu’EDF appartient encore à 83,68 % à l’État et que cette dernière caractéristique n’est certainement pas non plus du goût des institutions européennes. Enfin, en ce qui concerne la fourniture d’électricité, l’entreprise détient toujours un portefeuille de plus de 24 millions de clients en 2020 et ce, malgré la politique qui a été mise en place depuis une dizaine d’années.
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