Il y a d’abord des facteurs exogènes, dont certains peuvent naturellement évoluer. Le Covid-19 rend les oppositions difficilement audibles tant l’épidémie structure le quotidien des Français, fait que les regards se tournent vers l’exécutif – le seul, par définition, en situation d’agir – et permet au gouvernement d’obtenir, même si elle a baissé, une satisfaction relative sur la gestion de la crise sanitaire (42 %, en recul de 7 points) ou un accord fort de l’opinion sur des mesures emblématiques comme le passe vaccinal :
62 % des Français y sont favorables… et 74 % des électeurs de Valérie Pécresse. Pas facile dans ce contexte de se différencier, aucun candidat n’étant perçu comme capable de faire mieux que M. Macron.
Les convertis résistent
De même, les préoccupations actuelles jouent plutôt en faveur du président sortant : certains avaient prédit une présidentielle dominée par les enjeux régaliens. Or,
les quatre premières préoccupations sont le pouvoir d’achat, le Covid-19, le système de santé et l’environnement. L’immigration et la délinquance, où droite et extrême droite sont plus crédibles, ne viennent qu’ensuite.
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Mais il y a également, et c’est le plus intéressant, des facteurs strictement politiques. Pendant longtemps, la fragilité potentielle d’Emmanuel Macron a été envisagée à l’aune de l’alliage supposé hétérogène de ses soutiens : c’est aux deux bouts de l’omelette macronienne qu’il allait perdre, ou au minimum à l’un des deux bouts. Or, ce que le panel Ipsos montre, en permettant de remonter jusqu’à 2015 et aux reconstitutions du vote de 2012, c’est que 36 % de ceux qui ont voté Hollande en 2012 et 35 % de ceux qui ont voté Sarkozy déclarent vouloir voter Macron en 2022. Ils l’avaient déjà fait en grande partie en 2017, notamment à gauche, mais même s’il y a de la perte en ligne, ces segments résistent. L’offre à gauche et à droite ne convainc donc pas ces convertis, qui pourraient ainsi en partie le rester jusqu’au 10 avril. C’est un élément-clé du résultat final.
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