France Inter coupe le micro à l’écologie et aux luttes
Plusieurs émissions écolos de France Inter, dont « La Terre au carré », disparaîtront à la prochaine rentrée ou seront transformées.
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Si la tranche horaire de l’émission est maintenue, quelques voix disparaîtront des ondes. À commencer par Anaëlle Verzaux et sa chronique hebdomadaire « Le Jour où », et Giv Anquetil, dont les grands formats mensuels emmenaient les auditeurs aux quatre coins du monde. Plus surprenant encore, Camille Crosnier, en binôme avec Mathieu Vidard, voit aussi son micro coupé. Jusqu’ici la journaliste intervenait à chaque épisode, en plaçant dirigeants, patrons et élus face à leurs contradictions sur l’écologie.
France Inter au tempo de Bolloré
Le nom et le contenu éditorial de ce rendez-vous quotidien risquent par ailleurs d’être bouleversés. Toujours dans Le Monde, un porte-parole de France Inter assure que l’évolution du programme « vers davantage de récits écologiques et scientifiques » est un souhait de Mathieu Vidard. Faux, a rétorqué en direct l’intéressé, le 6 mai. S’il ne cache pas le désir de l’équipe « de faire évoluer l’émission en imaginant une nouvelle formule, [...] avec une structure et une narration différente », celle-ci devait comprendre « tous les ingrédients ayant construit l’identité de “La Terre au carré” ».
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L’autre justification, évoquée par la direction, est la nécessité de rendre l’information « moins anxiogène ».
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bien au-delà de « La Terre au carré », d’autres figures voient approcher le clap de fin à grands pas.
Charlotte Perry, et ses portraits de héros du quotidien peint avec sensibilité dans « Des vies françaises », ou encore Antoine Chao et son instantané sonore de 18 minutes à la découverte des luttes environnementales et sociales, baptisé « C’est bientôt demain », s’apprêtent à fermer leur micro.
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la direction s’attaque à des émissions engagées, parlant de lutte et de résistance face à des projets climaticides. » Charlotte Perry, Antoine Chao, Anaëlle Verzaux et Giv Anquetil ont d’ailleurs tous les quatre appris leurs gammes aux côtés de Daniel Mermet, dans l’emblématique émission — penchant à gauche — « Là-bas si j’y suis » - qui avait elle aussi, en 2014 , été supprimée de France Inter.
Mobilisation générale
L’écologie et les luttes ne sont pas les seules victimes de cette séquence : la satire politique, incarnée par Guillaume Meurice, encaisse aussi les uppercuts. Le 2 mai, sur son compte X, l’humoriste révélait être convoqué à « un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire ». D’ici là, interdiction pour lui de s’exprimer sur les ondes. La direction de Radio France reproche au chroniqueur d’avoir à nouveau qualifié Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, de « sorte de nazi sans prépuce », le 28 avril dans l’émission « Le Grand dimanche soir ».
Une décision déroutante, alors que les plaintes déposées contre Guillaume Meurice pour cette phrase avaient été classées sans suite par la justice. Dans l’émission du dimanche 5 mai, l’humoriste Djamil Le Shlag a ainsi démissionné en direct : « Il y a plus de liberté sur CNews que sur France Inter, a-t-il ironisé. Je vais envoyer mon CV à Pascal Praud. »
Les sociétés des producteurs (SDPI) et des journalistes (SDJ) de la station entendent aussi sonner la rébellion : « Nous refusons ce qui nous apparaît comme une atteinte grave au pluralisme de l’antenne », ont-ils déclaré dans un communiqué commun inédit, diffusé le 3 mai en interne.
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