Les administrateurs d'Uber envisagent de mettre le directeur général sur la touche, d'adopter une nouvelle stratégie
et d'enquêter sur la situation de l'entreprise
Le conseil d’administration d’Uber Technologies s’est réuni à San Francisco afin de faire un état des lieux de l’entreprise et de prendre les décisions qui s’imposent. Parmi les sujets à l’ordre du jour, le cas du directeur général actuel de la plateforme de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), Travis Kalanick, devrait être évoqué ainsi qu’une révision complète des stratégies de l’entreprise qui souffre d’une très mauvaise publicité depuis plusieurs mois.
Ce n’est un secret pour personne et encore moins pour les administrateurs de l’entreprise. Uber va mal et enchaine les mauvaises nouvelles et les contreperformances depuis plusieurs mois. La société a été mise à mal, récemment, dans de nombreuses affaires qui nuisent gravement à son image et n’arrangent rien à sa santé financière : litige avec Google qui l'accuse de vol de technologie, renvoi ou départ annoncé de plusieurs cadres supérieurs de l'entreprise, espionnage de la société concurrente Lynt à l'aide d'un programme développé en interne, perte financière de 708 millions USD au premier trimestre 2017, manipulation des données de navigation pour sous-payer ses chauffeurs et surtaxer les clients (passagers), etc.
À cause de tous ces évènements, il semblerait que le conseil d’administration envisage de procéder à une mise à l’écart provisoire du directeur général actuel de sa plateforme VTC ainsi qu’à une réévaluation en profondeur des stratégies internes à l’entreprise. Toutes les décisions n’émergeront probablement pas au sortir de cette réunion, mais cette dernière devrait permettre de définir les contours de plusieurs d’entre elles.
Travis Kalanick, 40 ans, ne devrait pas être poussé vers la sortie. En effet, les administrateurs songeraient à le réintégrer ultérieurement au sein de la société, soit en le reconduisant à son poste directeur général sous-tutelle renforcée et avec des attributions revues à la baisse, soit à un poste différent. Il faut rappeler que Travis Kalanick fait lui-même partie des sept membres votants du conseil d’administration. Sa réputation de dirigeant autoritaire a éclaté au grand jour et déteint sur l’image d’Uber lorsqu’en février 2017, on le découvrait dans une vidéo en train de malmener oralement un chauffeur du groupe.
À ce sujet, Arianna Huffington, un membre du conseil d’administration, avait, par la suite, essayé de conseiller Travis Kalanick d’abandonner son style de management « d’entrepreneur brouillon » pour adopter celui d’un « dirigeant de grande entreprise internationale ».
La politique, la culture et la méthode de gestion interne de l’entreprise ont aussi cruellement besoin d’être réformées. C’est dans cette optique qu’Uber a fait appel, depuis le mois de février 2017, à un cabinet juridique extérieur (celui de l’ancien ministre américain de la Justice Eric Holder) qui devra non seulement fournir des recommandations à la fin de ses investigations, mais aussi enquêter sur les accusations de harcèlement sexuel révélées par l’ancienne ingénieure d’Uber Susan Fowler, de discrimination et d’agressivité qui séviraient au sein l’entreprise.
Le conseil d’administration effectuera une annonce pour faire part de ses « décisions » à ses employés ainsi qu’au grand public probablement dans le courant de la semaine. On se souvient que la politique agressive d’Uber qui compte actuellement plus de 1,5 million de chauffeurs à travers le monde lui a permis de s’imposer dans de nombreux pays comme un acteur majoritaire du marché très réglementé des taxis.
Source : Reuters
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