La proximité de nos smartphones réduirait la disponibilité de nos capacités cognitives
même lorsqu'on ne s'en sert pas, d'après une étude
380 millions ! C’est le nombre de smartphones écoulés au premier trimestre 2017 d’après les statistiques de Gartner, qui a noté une augmentation annuelle du volume de ventes de 9,1 %. Le cabinet d’études a également souligné une nette hausse des prix de vente moyens des smartphones, cela à cause d'un changement d'habitude des consommateurs qui sont maintenant prêts à dépenser davantage d'argent pour s'offrir des téléphones de meilleure qualité et plus performants.
Autant dire que le succès des smartphones n’est plus à démontrer et qu’il ne repose pas uniquement sur les smartphones d’entrée de gamme comme certains pourraient le penser.
Le smartphone a donc su entrer progressivement dans les mœurs de la société moderne, obligeant même les entreprises à s’adapter en conséquence. Nous pouvons citer par exemple les entreprises publicitaires (à l’instar de Facebook ou Google) qui voient leurs revenus boostés par le mobile, ou encore le fait que les entreprises qui disposent d’un site en ligne envisagent sérieusement de proposer une version mobile-friendly.
Nos smartphones permettent et encouragent une connexion constante à l'information, au divertissement et à l'autre. Avec eux, le monde est à notre portée et ils quittent difficilement les côtés de bien des utilisateurs. Cependant, d’après une étude, leur présence persistante peut avoir une répercussion sur le cognitif.
« Les individus sont constamment entourés d'informations potentiellement significatives. Cependant, leur capacité à utiliser ces informations est constamment tributaire des systèmes cognitifs qui sont capables d’attendre puis de traiter seulement une petite quantité de l'information disponible à un moment donné », a rappelé l’équipe de chercheurs constituée par Adrian F. Ward, Kristen Duke, Ayelet Gneezy et Maarten W. Bos.
L’équipe a suggéré que l'intégration croissante des smartphones dans chaque moment de la vie quotidienne crée l'impression qu'ils sont souvent pertinents pour les objectifs de leur propriétaire et établit les bases d’une attention automatique. Conformément à cette hypothèse, la recherche indique que les signaux provenant de son propre téléphone (et non de celui de quelqu'un d'autre) activent le même système d'attention involontaire qui répond au son de son propre nom.
Lorsque les propriétaires de smartphones sont engagés dans des tâches pour lesquelles leur smartphone n’a pas d’importance, la capacité de ces dispositifs à attirer automatiquement l'attention peut miner les performances de deux façons :
- tout d'abord, les smartphones peuvent rediriger l'orientation de l'attention consciente loin de la tâche principale et vers des pensées ou des comportements associés à son téléphone. Dans ce cas, l’équipe rappelle que des recherches antérieures fournissent des preuves suffisantes attestant que les individus s'occupent spontanément de leur téléphone à des moments inopportuns et que cette distraction numérique affecte négativement la performance et le plaisir ;
- ensuite, les smartphones peuvent redistribuer l'allocation des ressources attentionnelles entre se dévouer à la tâche centrale et inhiber l'attention sur son téléphone. Parce que l'inhibition de l'attention automatique occupe des ressources attentionnelles, les performances sur les tâches qui dépendent de ces ressources peuvent en subir les conséquences, même lorsque les propriétaires de smartphones ne s'occupent pas consciemment de leur téléphone. Une possibilité que les chercheurs ont explorée dans le cadre de leur étude.
L’équipe a alors lancé deux expériences pour tester l’hypothèse selon laquelle la proximité de son smartphone affecte les capacités cognitives, même lorsqu’on ne l’utilise pas.
Procédure de la première expérience :
L’univers a été constitué de 548 individus. L’équipe a manipulé la portée des smartphones en assignant au hasard les participants à l'une des trois conditions de localisation du téléphone : bureau, poche/sac ou autre pièce :
- les participants se retrouvant dans la condition « autre pièce » ont laissé tous leurs effets dans le hall avant d'entrer dans la salle d'essai (selon le protocole de laboratoire typique) ;
- les participants se retrouvant dans la condition « bureau » ont laissé la plupart de leurs biens dans le hall, mais ont pris leur téléphone dans la salle d'essai « pour une utilisation dans une étude ultérieure », une fois dans la salle de test, ils ont été invités à placer leur téléphone face cachée dans une zone désignée sur leur bureau ;
- les participants à la condition « poche/sac » ont porté tous leurs biens dans la salle d'essai avec eux et ont gardé leur téléphone partout où ils l’auraient fait « naturellement ». Sur les 174 participants à cette condition, 91 (52,3 %) ont déclaré garder leur téléphone dans leur poche, et 83 (47,7 %) ont déclaré garder leur téléphone dans leur sac.
Les participants dans toutes les conditions ont été chargés de « mettre complètement leur téléphone sur silencieux. Cela signifie désactiver la sonnerie et couper les vibrations de sorte que leur téléphone ne produise aucun son. »
Après quoi ils ont été soumis à une batterie de tests.
L’équipe a conclu que les résultats de ces deux expériences indiquent que même lorsque les gens réussissent à maintenir une attention soutenue (comme pour éviter la tentation de vérifier leur téléphone), la simple présence de ces dispositifs réduit la capacité cognitive disponible. De plus, ces coûts cognitifs sont les plus élevés pour ceux qui ont une plus grande dépendance au smartphone.
Source : résultats de l'étude
Voir aussi :
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