Monnaie électronique : la Chine rend les levées de fonds de type ICO illégales,
et invite ceux qui en ont profité à procéder à des remboursements
Un ICO, pour Initial Coin Offering, est un token (qui peut correspondre à une part) mis en vente avant la mise sur le marché d’une monnaie. Vous achetez des tokens, qui seront ensuite convertis en monnaie. En clair, il s’agit d’une levée de fonds en monnaie électronique.
Comme les fonds sont levés sur Internet, tout le monde peut y participer. « Quand une entreprise fixe une date, l'ICO s'ouvre et tout le monde peut investir en même temps. Plus elle communique bien en amont, plus le montant recherché est atteint rapidement », résume Édouard Vallet, secrétaire de l'association Le Cercle du Coin. La durée et le montant de la levée de fonds sont prévus avant le lancement de l'ICO et ne peuvent pas être modifiés en cours de route. Une fois le montant atteint, les prochains paiements sont automatiquement refusés.
La Chine a interdit lundi aux individus et aux organisations de recueillir des fonds grâce à ce système, affirmant que la pratique constituait une collecte illégale de fonds.
Ce mode de financement est de plus en plus prisé à l’échelle mondiale, y compris en Chine. Notons par exemple deux projets côté français qui ont réussi grâce à l’ICO : Beyond The Void, une start-up de jeu vidéo sur la blockchain, et iEx.ec, une spin-off de l'INRIA spécialisée dans le cloud distribué. Cette dernière a levé l'équivalent de 12,5 millions de dollars (2761 bitcoins et 173 886 ethers) en moins de trois heures le 19 avril dernier.
« Nous avions la possibilité de lever 4,5 millions d'euros via un fonds. Mais ça aurait pris un an », a assuré Julien Béranger, chargé de communication d'iEx.ec. Depuis l'ICO, la levée de fonds a pris de la valeur puisque les cours des deux cryptomonnaies ont considérablement augmenté.
Les personnes et les organisations qui ont levé des fonds suite à un ICO devraient prendre des dispositions pour les retourner, ont déclaré dans un communiqué conjoint la Banque populaire de Chine, des organismes de réglementation des valeurs mobilières et bancaires et d'autres ministères chinois, qui a été affiché sur le site de la banque centrale.
La Banque centrale chinoise a ainsi annoncé une interdiction immédiate du financement par ICO, qui a « sérieusement perturbé l’ordre économique et financier ». Selon le site chinois Caixin, le comité qui a pris cette décision a préparé une liste de 60 échanges qui feront l’objet d’une inspection et d’un rapport. En attendant l’issue de ces investigations, toutes les ICO seront gelées en Chine. En parallèle, ICOage et ICO.info, deux des plus importantes plateformes chinoises qui connectent des entreprises vendant des tokens avec des acheteurs, ont suspendu leurs services.
Zennon Kapron, directeur de Kapronasia, consultant en technologie financière basé à Shanghai, a déclaré qu'il soupçonne que les régulateurs appuient sur la pédale de frein pour les ICO dans l’optique de mieux comprendre le phénomène, mais pourrait le faciliter à l'avenir.
« Les régulateurs du monde entier s'efforcent de comprendre ce que sont les ICO, quels sont les risques et comment les réglementer », a-t-il déclaré.
« La Chine, à bien des égards, n'est pas différente des États-Unis ou de Singapour dans la mesure où elle a dit OK, nous devons repousser cela pour l'instant jusqu'à ce que nous comprenions comment les traiter ... Je pense que ce sera une mesure temporaire. »
Il faut noter que la monnaie électronique a gagné en popularité en Chine cette année. En juillet, l'agence de presse d'état Xinhua a cité des données d'une organisation gouvernementale qui surveille l'activité financière en ligne pour signaler qu'il y avait eu 65 ICO à ce jour au cours de l'année, portant un montant combiné de 2,62 milliards de yuans (394,6 millions de dollars) de 105 000 personnes dans le pays.
La réaction a été rapide en ligne.
« La musique s’est arrêtée », a déclaré un membre d'un groupe de discussion sur la plateforme de réseaux sociaux WeChat qui a été mise en place la semaine dernière afin de parler d’une prochaine ICO pour le compte de SelfSell.
« Dépêchez-vous et vendez vos bitcoins », a déclaré un autre.
Selon Kapron, les nouvelles règles n'ont apparemment pas visé les investisseurs chinois, qui seraient encore en mesure de participer aux ICO en offshore.
Cet avis défavorable de la Banque centrale chinoise pour les ICO fait écho à un avertissement récent émis par l’Autorité monétaire de Singapour (MAS) : « Les ICO sont vulnérables aux risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme en raison de la nature anonyme des transactions et de la facilité avec laquelle des sommes importantes d’argent peuvent être levées dans un court laps de temps », avait déclaré l’organisme bancaire le 1er août dernier.
Source : Reuters
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