Grande-Bretagne : le gouvernement veut emprisonner toute personne regardant un contenu terroriste
Pour lutter contre l’extrémisme en ligne
Les internautes qui regardent régulièrement un contenu lié au terrorisme en ligne pourraient être condamnés à 15 ans de prison, c’est la décision qu’a prise le gouvernement britannique dans le cadre de sa lutte contre l’extrémisme en ligne. Si la révision de loi n’est pas encore entrée en vigueur, le gouvernement entend entrer les changements nécessaires pour l’appliquer, c’est ce qu’a annoncé la ministre de l’Intérieur Amber Rudd ce mardi.
Cette peine va également être appliquée aux terroristes qui publient en ligne des informations sur des membres des forces armées, la police et les services de renseignement dans le but de préparer des attentats terroristes. Ce durcissement de la loi sur le streaming de contenus terroristes fait partie de l’évaluation de la stratégie du gouvernement britannique pour contrer le terrorisme, surtout après la multiplication des récentes attaques au Royaume-Uni cette année.
« Je voudrais m’assurer que tous ceux qui regardent un contenu méprisable de terroristes, y compris les sites web de djihadistes, la propagande de l'extrême droite et les instructions portant sur la fabrication de bombes, devront faire face à la loi, » a dit Rudd. « Il y a actuellement un écart dans la loi portant sur le contenu regardé en streaming depuis internet sans qu’il soit téléchargé de façon permanente. Il s’agit d’un moyen de plus en plus prépondérant avec lequel le contenu est consulté pour des raisons criminelles et constitue un moyen particulièrement courant pour la consultation de contenu extrémiste comme les vidéos et les pages web, » a ajouté la ministre de l’Intérieur britannique.
Un rapport du ministère de l’Intérieur britannique a montré que depuis le premier septembre de 2016, les supporters d’Isis ont publié près de 67 000 tweets en anglais, dans le but de promouvoir des liens en ligne de leur propagande sur plusieurs plateformes et faisant des internautes anglophones leur seconde audience la plus importante après celle de la langue arabe. Les chiffres indiquent également que durant les huit premiers mois de cette année, plus de 44 000 liens de propagande d’Isis ont été créés et partagés.
Ce changement proposé va renforcer la peine actuelle qui concerne le fait de posséder des informations susceptibles d’être exploitées par des terroristes sous l’article 59 du Terrorism Act 2000, le champ d’application de cette loi va désormais être élargi pour prendre en compte également le contenu regardé en ligne de façon répétée. Pour le moment, la loi ne concerne que le contenu en ligne téléchargé et sauvegardé sur l’ordinateur du contrevenant, dans un appareil séparé ou imprimé en version papier.
Toujours selon le ministère de l’Intérieur britannique, la nouvelle infraction va s’assurer que seulement ceux qui ont regardé de façon répétée le contenu de terroristes seront punis par la loi. Les personnes ayant cliqué par erreur sur le contenu ou seulement l’ont regardé par curiosité sans avoir une intention criminelle ne seront pas punies. Les autres profils comme les académiques et les journalistes seront également épargnés à condition qu’ils présentent une raison légitime de visualisation du contenu.
Lors d’une réunion antérieure, Rudd a informé qu’elle va continuer à mettre la pression sur les sociétés d’internet afin qu’elles redoublent d’efforts pour éviter que le contenu de caractère terroriste ne soit rendu disponible sur leurs plateformes. La ministre s’est également attaquée à l’industrie de la tech, arguant qu’elle affiche un caractère faisant preuve de condescendance et se moquant des politiciens qui n’ont pas toujours la bonne réponse. Elle soutient l’idée qu’il n’est pas nécessaire pour elle de comprendre comment fonctionne le chiffrement de bout en bout pour savoir qu’il est en train d’aider les terroristes.
Pour rappel, la ministre britannique a estimé auparavant qu’il est inacceptable de chiffrer les services de messagerie, vu que cela offre une protection aux terroristes. Lorsqu’un membre de l’audience lui a demandé si elle comprend comment fonctionne le chiffrement de bout en bout, elle a répondu : « Il est facile de faire preuve de condescendance dans ce domaine. Nous ferons tout le possible pour le comprendre. Nous prendrons en compte les conseils d’autres gens. Mais je pense qu’il y a une avalanche de critiques pour tous ceux d’entre nous qui essaient de légiférer dans de nouveaux domaines ; ils sont automatiquement moqués et ridiculisés s’ils n’agissent pas comme il le faut. Je n’ai pas à comprendre comment le chiffrement fonctionne pour savoir qu’il aide les criminels, » ajouta-t-elle. « Je vais m’impliquer avec les services de sécurité pour trouver les meilleurs moyens pour combattre ceci. »
Comme toujours, il est question de savoir non seulement ce qui est défini comme étant un matériel terroriste, mais aussi qui a la compétence nécessaire pour décider de cette définition. Le ministère de l’Intérieur britannique a dit que les personnes présentant une excuse raisonnable ne seront pas poursuivies par la justice s’ils regardent un contenu terroriste, mais il est difficile de ne pas penser que d’autres personnes vont s'appuyer sur la même excuse pour échapper à la peine de prison.
Source : The Guardian
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Voir aussi :
Attentat de Londres : le Premier ministre britannique appelle à une régulation internationale d'Internet pour combattre le terrorisme
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