Le gouvernement va lancer un indice de réparabilité des produits électroniques
pour lutter contre l’obsolescence programmée
La loi française définit l'obsolescence programmée comme « l'ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement. » Avec l’explosion de l’usage des produits électroniques et électroménagers, il y a eu une augmentation considérable des déchets électroniques. Or, ces déchets plus que d’autres ont une empreinte écologique très élevée en raison des importantes quantités de ressources en eau, métaux, et énergies mobilisées par la conception, la fabrication, le transport, l'utilisation et le recyclage des composants et objets électriques et électroniques.
Pour cette raison, le gouvernement français a décidé qu’il serait temps de doter les produits électroniques et électroménagers d’un “indice de réparabilité”, calculé selon dix critères. Cet indice entrera en vigueur au 1er juin 2020 et va servir à lutter contre l’obsolescence programmée.
Est-il vraiment nécessaire de changer de téléphone chaque deux ans ? 88 % des Français changent de téléphone bien qu’il soit toujours en état de fonctionner. C’est justement ce modèle économique que compte substituer le gouvernement en introduisant cet indice, l’une des mesures phares dans le cadre du plan d’action pour favoriser l’économie circulaire et présenté par le ministère de la Transition écologique et solidaire le 23 avril.
Alors que de plus en plus de pays s’intéressent au recyclage de l’e-waste (Déchets d'équipements électriques et électroniques), il faudra d’abord songer à allonger la durée de vie des produits. Un allongement qui permet d’économiser la consommation de ressources premières et l’émission de gaz à effet de serre.
À titre exemple, le simple fait d’utiliser un smartphone pendant quatre ans au lieu de deux permet d’économiser 37 kg de gaz à effet de serre, explique le ministère.
En Allemagne, parmi les champions de l’économie circulaire, le pays économise entre 60 et 137 millions d’euros par an grâce à l’allongement de la durée de vie des biens de consommation, selon des chiffres publiés par l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).
Un indice semblable à celui d’iFixit
L’indice que compte introduire le gouvernement sera obligatoire, donnera lieu à une note sur dix et sera affiché de manière obligatoire. Un groupe de travail a commencé fin juin à mener une réflexion et devra présenter ses conclusions "d'ici la fin de l'année" pour que l’indice puisse entrer en vigueur le 1er janvier 2020, a expliqué mardi la secrétaire d'État, Brune Poirson.
Il ne s’agit pas d’implémenter une énième « norme absurde », mais apporter au consommateur une information « utile et pragmatique », a ajouté la ministre. « S'il ne fonctionne pas, nous passerons aux sanctions et aux mesures contraignantes », a prévenu la secrétaire d'État.
En France, une loi a été votée en juillet 2015 punissant l'obsolescence programmée, désormais un délit. Elle est passible d’une amende de 300 000 euros et jusqu'à deux ans de prison.
Malgré les attentes du gouvernement pour cet indice, certains restent sceptiques quant à son efficacité et pensent même que son introduction est inutile à l’image de l’économiste Alexandre Delaigue.
« Un étiquetage sur la réparabilité ne dit rien sur le coût de cette réparation, sur la disponibilité du personnel, sur le temps que cela prend », explique-t-il au site internet du Figaro.
« Si les gens changent de produits avant que ceux-ci cessent de fonctionner, c'est parce qu'ils veulent des choses nouvelles et performantes, ou qu'ils sont incités par les nouvelles réglementations du gouvernement », ajoute M. Delaigue.
Du côté de Hop (Halte à l'obsolescence programmée) on applaudit cette mesure, mais l’association estime qu’il faudrait « aller plus loin vers une transparence complète sur la fiabilité des produits ».
Ce n’est pas la première fois que Hop intervient au sujet de l'obsolescence programmée. En septembre 2017, l’association a déposé plainte contre X pour obsolescence programmée et tromperie. Les fabricants cités dans la plainte ont été : Canon, Epson, Brother et HP. Les entreprises ont été accusées de « programmer » la durée de vie des cartouches d’encre afin d’obliger les consommateurs à en racheter, en activant « le blocage des impressions au prétexte que les cartouches d’encre seraient vides alors qu’il reste encore de l’encre. » Par la suite, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire pour « obsolescence programmée » et « tromperie sur l’aptitude à l’emploi » contre le fabricant d’imprimantes Epson.
Source : AFP
Et vous ?
Pensez-vous que cet indice de réparabilité va encourager les gens à réparer leurs appareils électroniques ?
Ou bien la tendance consumériste va continuer à dominer ?
Voir aussi :
Obsolescence programmée : une plainte déposée auprès du Procureur de la République par l'Association HOP
L'enquête préliminaire visant Apple pour obsolescence programmée en France pourrait coûter à la firme jusqu'à 5 % de son chiffre d'affaires annuel
Partager