Chine : une start-up se fait financer par le gouvernement pour développer un navigateur purement chinois
mais qui serait un clone déguisé de Chrome
En mai 2016, le baromètre Net Applications a couronné Google Chrome comme le nouveau leader du marché des navigateurs Web de bureau. Le navigateur de Google venait ainsi de mettre fin au règne de près de deux décennies d'Internet Explorer (IE) qui a profité de sa place privilégiée sur Windows. Google Chrome a continué à creuser l'écart depuis lors, laissant de plus en plus très loin derrière ses concurrents, avec environ les deux tiers des parts de marché. Toutes plateformes confondues, Google Chrome est également le numéro un mondial, mais dans certains pays (Chine, Inde et Indonésie par exemple) Chrome est talonné, et parfois éclipsé, sur mobile par UC Browser, le navigateur du Chinois Alibaba. Également basé sur Chromium, le projet libre de Google, UC Browser est disponible pour mobile et desktop, mais c'est sur mobile qu'il a plus de succès. Sur desktop, Google reste incontestablement le leader partout dans le monde.
Mais avec les tensions récurrentes entre la Chine et les USA et depuis les révélations d'Edward Snowden, le gouvernement chinois essaie de limiter sa dépendance et son utilisation des technologies développées par des firmes américaines. Pour cela, il est prêt à soutenir, voire financer, des champions chinois de la technologie. C'est en saisissant cette opportunité que la start-up chinoise AllMobilize Inc. a décidé de développer un vrai navigateur Web "made in China" qui pourrait être utilisé par le gouvernement.
Le navigateur en question, baptisé Redcore, a été commercialisé en tant que technologie purement chinoise. Dans un article sur le service de messagerie WeChat, la start-up a déclaré que les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine avaient mis à nu la dépendance de la Chine vis-à-vis de la technologie étrangère, raison pour laquelle elle avait décidé de lancer un navigateur. Un navigateur, qui selon la start-up, utilise des « droits de propriété intellectuelle indépendants » et qui pourrait mettre fin au « monopole » des logiciels américains.
Avec un tel marketing, AllMobilize Inc. n'a pas eu beaucoup de mal à collecter 250 millions de yuans (36,2 millions de dollars) pour son financement, auprès de diverses entités, dont de grandes sociétés cotées en bourse et des agences gouvernementales, d'après la société. Mais il semble qu'elle a simplement trompé les investisseurs.
En effet, mercredi, la start-up est devenue la risée des médias sociaux après avoir dévoilé son navigateur Redcore au public. Les revendications de l'entreprise ont été ébranlées suite à un examen minutieux du navigateur. Lors de l’analyse du logiciel, les internautes chinois ont découvert certaines particularités de la technologie de base de Redcore, notamment des fichiers d’installation compressés "chrome.exe", de nombreuses URL Chrome et même des fichiers images du logo de Google Chrome. Autrement dit, on retrouve des traces de Google Chrome dans le répertoire d'installation du navigateur dit purement chinois.
Logo de Chrome retrouvé dans le répertoire d’installation de Redcore
Redcore serait-il donc un clone déguisé de Google Chrome ? Apparemment oui. En réponse à la controverse, le fondateur d'AllMobilize, Chen Benfeng, a admis que Redcore est bien basé sur Google Chrome, mais a souligné que sa technologie de base comprend d'importantes innovations indépendantes qui l’améliorent par rapport à Chrome. Pour ceux qui croient comprendre ce qui s'est passé, il a également défendu - avant que les accusations ne tombent - que son entreprise n'a pas essayé pas de détourner les fonds nationaux en ciblant les agences gouvernementales.
Après que les traces de Google Chrome ont été trouvées dans Redcore, la société a supprimé la possibilité de télécharger le navigateur depuis son site Web.
Sources : CNBC, Shanghai.ist
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