Pornographie : le gouvernement entend exiger des filtres pour empêcher les enfants d'y accéder
mais est-il vraiment possible de les mettre en place ?
Mettre les contenus pornographiques hors de portée des enfants, c’est l’objectif que s’est fixé Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes. Ella a annoncé ce dimanche sur Franceinfo son intention de forcer les pourvoyeurs de contenus pornographiques de mettre en place des filtres afin d'empêcher les enfants d’y avoir accès ou du moins le rendre plus difficile.
Marlène Schiappa
« Aujourd'hui, il n'y a pas de filtre, mais nous allons exiger de la part de celles et ceux qui mettent en ligne ces contenus qu'il y ait des filtres très importants. Nous sommes prêts, avec Jean-Michel Blanquer [ministre de l'Éducation nationale], avec Mounir Mahjoubi [secrétaire d'État au Numérique], avec Agnès Buzyn [ministre des Solidarités et de la Santé], tous les ministres concernés, nous sommes prêts à aller très loin, à être très fermes, pour faire en sorte que ce ne soit pas à libre disposition des enfants », a dit Marlène Schiappa.
Cette intention du gouvernement peut être louable si l’on admet que c’est pour la bonne cause de la protection des enfants. Néanmoins, certains se demandent comment ce blocage peut-il être implémenté. La secrétaire d’État parle de filtrage, mais la plupart des sites ne sont pas basés en France. Vouloir bloquer un contenu aussi conséquent sur internet est un combat perdu d’avance, c’est un peu comme le combat contre le piratage, en fermant une plateforme, dix font aussitôt leur apparition.
Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement a songé à bloquer des contenus pornographiques. En Grande-Bretagne, le gouvernement Cameron avait déjà annoncé en 2013 des mesures destinées à lutter contre la pornographie en ligne. Parmi ces mesures, l’installation automatique du contrôle parental chez tous les ménages. Le gouvernement britannique à travers cette mesure a invoqué la nécessité de protéger l'innocence des enfants là aussi.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce contrôle parental n’est pas sous contrôle exclusif des parents. Il est aussi sous contrôle des FAI et des autorités publiques. Pour le débloquer et avoir accès à certains sites figurant dans une liste noire, il faut au préalable le faire savoir explicitement et ensuite prouver son identité, une démarche plus que gênante pour les internautes qui veulent accéder à des contenus jugés impropres pour des raisons légitimes. Ensuite, ce filtrage par défaut peut avoir certaines dérives, c’est un dispositif qui prive les internautes de résultats de recherche dépourvus de contenus offensants.
D’un point de vue technique, filtrer le web est une tâche énormément compliquée. Les contenus pornographiques sont publiés par des sites difficiles à identifier et dont la plupart ne sont pas basés en France. De plus, une panoplie de logiciels permet de garder l’anonymat en ligne et accéder aux coins les plus sombres d’internet, on pense ici aux solutions VPN ou encore à Tor. C’est d’ailleurs pour cette raison que le dispositif mis en place en Grande-Bretagne a été jugé comme étant peu efficace. La secrétaire d’État pense-t-elle vraiment qu’il est possible de filtrer le web malgré toutes les difficultés techniques ?
Source : franceinfo
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
sachant que le plus gros des sites de pornographie ne sont pas basés en France, est-il possible de penser à les filtrer ?
Ou bien il s'agit d'une incompétence de la part de la secrétaire d'Etat ?
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