Les développeurs consacrent trop de temps à corriger le mauvais code
Au lieu de se focaliser sur de nouveaux projets, ce qui pénalise les entreprises
À mesure que la technologie se dilue dans tous les aspects de l’économie mondiale, les ingénieurs informatiques en génie logiciel apparaissent de plus en plus comme l’une de leurs ressources les plus précieuses.
Une étude publiée récemment par Stripe, l’éditeur d’une plateforme et d’applications de paiement en ligne, semble valider l’hypothèse selon laquelle l’allocation d’une trop grande quantité de temps à la maintenance plutôt qu’au développement de nouveaux projets peut avoir un impact économique non négligeable sur une organisation.
L’enquête a été menée pour Stripe par l’institut Harris Poll. Plus de 2000 développeurs, responsables techniques et des cadres supérieurs de niveau C à travers six pays (incluant la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, Singapour et les États-Unis) ont été interrogés. Elle présente les développeurs comme un facteur qui reste encore trop négligé, alors qu’il peut avoir un impact décisif pour le succès futur d’une entreprise (production, vente, différentiation, visibilité, etc.). Cette étude fournit également un aperçu de la vision des décideurs dans le milieu entrepreneurial.
Une très grande partie des cadres supérieurs sondés estiment que leurs entreprises aujourd’hui sont confrontées à des défis qui vont bien au-delà de leur simple objectif de rentabilité. Ces challenges sont essentiellement d’ordre sécuritaire (66 %) et règlementaire (62 %), concurrentiel (60 %) ou liés à la disponibilité d’une main-d’œuvre de qualité (61 %). ils sont plus préoccupés par les questions ayant trait à l’accès à l’information et à la technologie que des problèmes liés à l’immigration et à l’accès au capital ou aux marchés.
La majeure partie des cadres supérieurs (44 %) estiment que leurs concurrents de l’industrie de la technologie représentent la plus grande menace pour leurs activités. C’est pour cette raison qu’ils envisagent de prioriser les investissements sur l’infrastructure logicielle (41 %), la R&D (31 %) et le recrutement (31 %) au cours des cinq prochaines années.
Les développeurs et les exécutifs de niveau C s’accordent à dire que l’intelligence artificielle (IA), les services basés sur les API et l’Internet des Objets (IoT) représentent les tendances technologiques qui actuellement impactent le plus fortement sur leurs activités. Le Machine Learning (ML), les assistants virtuels et la Blockchain devraient compléter cette liste dans les dix prochaines années.
Les cadres supérieurs sont un peu plus optimistes que les développeurs lorsqu’on leur demande s’ils pensent que leurs entreprises disposeront de ressources suffisantes pour tirer parti de ces tendances technologiques (83 % contre 77 %). Les développeurs qui ne partagent pas ce point de vue optimiste justifient leurs inquiétudes par le fait que leurs entreprises sont trop lentes à régir, ne disposent pas de suffisamment d’employés qualifiés ou des infrastructures techniques adéquates, mais aussi par le fait que les dirigeants de leurs entreprises n’accordent pas suffisamment de priorité à la technologie.
Bien qu’il soit prioritaire pour les cadres supérieurs d’accroitre la productivité de leurs développeurs (96 % l’ont signalé), cette étude montre que chaque développeur consacrerait en moyenne plus de 17 heures par semaine (jusqu’à 20,9 heures en France) à la maintenance : débogage, refactoring, etc. Chaque développeur passerait près de 4 heures à retoucher du « mauvais code », plutôt que de s’investir dans de nouveaux projets.
Six développeurs sur dix jugent eux-mêmes « excessif » le temps dédié au « mauvais code ». Pour les entreprises qui les emploient, ce qui à l’échelle mondiale équivaudrait chaque année à un manque à gagner d’environ 85 milliards USD en termes de « cout d'opportunité ».
Les développeurs (18 millions dans le monde) peuvent agir ensemble comme un « multiplicateur de force » puisque, comme l’a précisé l’enquête, ils « ont le potentiel, collectivement, d’augmenter le PIB mondial de 3000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années ». Les organisations qui les emploient auraient donc tout intérêt à les « utiliser » plus efficacement.
Source : Stripe (PDF)
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