Les imprimantes 3D auraient toutes une sorte « d’empreintes » qui permettrait de suivre les armes qu’elles impriment à la trace
selon une étude
La question des armes imprimées en 3D et de leur traçabilité a, semble-t-il, toujours été un des arguments avancés par les détracteurs des systèmes d’impression 3D. Eh bien, grâce à une étude dont les résultats ont été dévoilés à Toronto au cours de la conférence sur la sécurité des ordinateurs et des communications organisée par l’Association for Computing Machinery entre le 15 et le 19 octobre, cet argument est désormais obsolète. En effet, le problème de traçabilité des armes imprimées en 3D vient probablement d’être résolu.
L’équipe de scientifiques a l’origine de l’étude, constituée de chercheurs de la Buffalo University de New York, de la Rutgers University du New Jersey et de la Northeastern University du Massachussetts, a réussi à établir le fait qu’aucune imprimante 3D n’est pas comme les autres, cette différence pouvant être exploitée pour différencier les impressions issues de telle imprimante de celles issues de telle autre imprimante. Il s’agit donc presque d’empreintes digitales propres à chaque imprimante 3D. L’équipe a mis en place la toute première méthode précise et efficace permettant de reconnaître une impression par rapport à son imprimante d’origine.
Leur méthode, baptisée « PrinTracker », pourrait réellement permettre aux entités d’exercice et d’application de la loi de retrouver les origines d’armes à feu imprimées en 3D, de détecter des contrefaçons et d’autres types de produits illicites, tout ceci contribuant à accroître la sécurité des personnes et des biens. « L'impression 3D a de nombreuses applications merveilleuses, mais elle est aussi le rêve du contrefacteur. Elle a également le potentiel de rendre les armes à feu plus facilement accessibles à des personnes qui ne sont pas autorisées à les posséder », déclare Wenyao Xu, chef de l’équipe, professeur agrégé d'informatique et d'ingénierie à la faculté d'ingénierie et de sciences appliquées à la Buffalo University
Les imprimantes 3D pourraient sembler totalement différentes des imprimantes à jet d’encre classiques, mais sur le principe, elles impriment exactement de la même manière. C’est-à-dire qu’à l’instar d’une imprimante à jet d’encre classique, une imprimante 3D bouge d’avant en arrière pendant le processus d’impression. La grande différence se situe au niveau du matériau éjecté par la buse. En lieu et place de l’encre classique, la buse d’une imprimante 3D décharge un filament (de plastique, par exemple) en couches relativement fines, et ce, jusqu’à ce que l’objet à imprimer soit complet.
Chacune de ces couches contient de minuscules plis se mesurant généralement en submillimètres. Ces plis, appelés « motifs de remplissage », sont censés être uniformes, Cependant, le modèle d’imprimante, la nature du filament, la taille de la buse et d’autres facteurs encore induisent de très subtiles modifications dans ces motifs de remplissage. Le résultat est donc très légèrement différent du projet à imprimer au niveau des motifs de remplissage. Cette différence tient généralement entre 5 et 10 %. Ces motifs étant donc uniques, ils peuvent facilement mener à l’imprimante d’origine.
« Les imprimantes 3D sont conçues pour être identiques. Cependant, il existe de légères variations dans le matériel créé au cours du processus de fabrication, qui conduisent à des motifs uniques, inévitables et non modifiables dans chaque objet imprimé », explique Wenyao Xu. La théorie posée, il était temps de passer à la plus importante phase de tout processus scientifique : la vérification par l’essai. L’équipe de chercheurs a donc soumis PrinTracker à un test impliquant 14 clés générées par 14 imprimantes 3D assez courantes : 10 imprimantes de modélisation par dépôt fondu et 4 imprimantes stéréolithographiques.
Elle s’est ensuite servie d’un scanner pour créer des images numériques de chaque clé. Puis, elle a amélioré et filtré chaque image afin d’en identifier les motifs de remplissage. Développant ensuite un algorithme pour gérer les empreintes, ils ont créé une base de données composée des 14 motifs de remplissage différents. Le taux de précision de PrinTracker a été de 99,8 %. Ces résultats extrêmement satisfaisants ne semblaient pas suffire aux chercheurs, notamment du fait de la maigreur de l’échantillon étudié. C’est pour cela que dix mois plus tard, ils ont conduit une nouvelle série de tests avec plus d’imprimantes, sans que cela n’altère le résultat de PrinTracker.
Pour achever de corroborer leur théorie, ils se sont ensuite servis de clés endommagées de diverses façons de manière à masquer leur provenance. Le taux de précision de PrinTracker s’est alors stabilisé à 92 %. « Nous avons démontré que PrinTracker était un moyen efficace, robuste et fiable permettant aux services répressifs, ainsi qu'aux entreprises soucieuses de propriété intellectuelle, de retracer l'origine des produits imprimés en 3D », a conclu le chef d’équipe Wenyao Xu.
Ne s’intéressant pas vraiment à la percée réalisée par l’équipe de chercheurs, les internautes sont longuement revenus sur la question des armes 3D. Pour eux, cette question est arrivée à point nommé pour démontrer « l’extrême stupidité » des lois de contrôle des armes en vigueur actuellement.
Source : Résultat de l'étude
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