Le Bitcoin consomme autant d’énergie que la Suisse, soit environ 0,21 % de la production mondiale,
selon l’université de Cambridge
Le débat sur la consommation énergétique du Bitcoin n’a pas commencé aujourd’hui et ce n’est sans doute pas près de finir. Après Digiconomist il y a quelques semaines, c’est au tour de l’université de Cambridge de prendre le relais et de publier son estimation de la consommation énergétique du Bitcoin. Sur la base d’un outil accessible en ligne, les chercheurs de l’université ont mis en place un indice sur la consommation énergétique de la monnaie électronique, ainsi que son impact carbone. Selon eux, à l’heure actuelle, le Bitcoin consomme plus d’énergie que la Suisse.
« Bitcoin est une cryptomonnaie avec de grandes exigences matérielles, ce qui se traduit évidemment par une demande d'électricité importante », a déclaré Randi Rollins, étudiant en master à l'université d'Hawaii à Manoa (UH Manoa) et coauteur d’une étude sur la consommation électrique du Bitcoin publiée en octobre 2018. Selon les participants à l’étude, la monnaie pourrait bien nous conduire à un chaos énergétique dans vingt ans, en augmentant la température globale au-delà de la limite critique. En effet, ces derniers craignent que si le Bitcoin est adopté à des taux similaires à ceux d’autres technologies telles que les cartes de crédit, il puisse augmenter les températures mondiales de 2°C en moins de deux décennies.
Il y a quelques semaines, Digiconomist a rapporté que les besoins énergétiques de l’activité de minage pour assurer la suivie du Bitcoin ont bien augmentés, atteignant des proportions critiques. Au cours des années, la consommation totale d'énergie du réseau Bitcoin a atteint des proportions épiques, le prix de la monnaie ayant atteint de nouveaux sommets. Selon un rapport publié par l'Agence internationale de l'énergie, l'ensemble du réseau Bitcoin consomme désormais plus d'énergie qu'un certain nombre de pays. La consommation énergétique minimale annuelle du Bitcoin est passée d’environ 30 TWh (térawatt/heure) il y a deux ans pour atteindre aujourd’hui 37,3 TWh en 2019.
Cette consommation peut encore culminer et atteindre les 66,73 TWh l'an. De cette manière, Digiconomist estime que la consommation d'électricité du Bitcoin représente 0,33 % de la consommation mondiale par an. Si le Bitcoin était un pays, sa consommation énergétique serait comparable à celle des pays comme l’Australie, le Chili la République Tchèque ou même la Colombie. Digiconomist place le Bitcoin en tant que le 42e pays qui consomme le plus d’électricité dans le monde avec une consommation énergétique estimée à un peu plus de 66 TWh par an. L’autre gros problème de cette activité de minage qu’a souligné Digiconomist est l’empreinte carbone de la cryptomonnaie conçue par Satoshi Nakamoto.
Dans une démarche différente à celle de Digiconomist, des experts de l’université de Cambridge, en Angleterre, ont mis au point un outil qui leur a permis de comparer les besoins énergétiques annuels du Bitcoin à ceux d’autres pays, mais également de déterminer son empreinte carbone. Les résultats de l’expérience des universitaires de Cambridge ne correspondent pas totalement à ceux obtenus par Digiconomist, mais tout indique que les dépenses énergétiques annuelles du Bitcoin ont de quoi inquiéter l’opinion générale. L’outil estime qu’actuellement, les dépenses énergétiques du Bitcoin sont de l’ordre de sept gigawatts par année, soit 0,21 % de la production mondiale, avec une empreinte carbone tout aussi inquiétant.
L'outil de l'Université de Cambridge modélise la durée de vie économique des mineurs de Bitcoin du monde. Il utilise un prix moyen de l’électricité par kilowattheure (0,05 USD) et les besoins en énergie du réseau Bitcoin. Enfin, le modèle suppose que toutes les machines d’extraction du Bitcoins dans le monde fonctionnent avec différentes efficiences. L’indice de consommation d’électricité de Bitcoin du Cambridge fournit une estimation en temps réel de la charge totale en électricité et de la consommation du réseau Bitcoin. Le modèle repose sur une approche ascendante initialement développée par Marc Bevand en 2017, qui prend comme point de départ différents types de matériel d'exploitation minière disponible.
Légèrement en dessous des prévisions de Digiconomist, l’outil des universitaires montre que la consommation énergétique annuelle du Bitcoin est estimée à 53,01 TWh (53,01 contre 66,73 térawatts/heure par an pour Digiconomist). Selon l’outil, la consommation énergétique minimale annuelle du Bitcoin est d’environ 21,46 TWh. Cette consommation peut toutefois évoluer pour atteindre un seuil maximal d’environ 146,45 TWh par an. Dans les comparaisons, cette consommation d’énergie est sensiblement égale à celle de la Suisse sur une année et représente ainsi 0,21 % de la production énergétique annuelle dans le monde. Selon certains experts, il s’agit là d’un pic d’énergie démesuré et une prise de risque inutile pour l’humanité. « C’est un problème qu’il faudra résoudre », ont-ils souligné.
D’après Alex de Vries qui lui aussi avait mis au point en 2018 un outil pour faire les mêmes comparaisons, le réseau du Bitcoin a un problème de consommation d'énergie. Il utilise beaucoup d'énergie malgré un traitement de moins de 100 millions de transactions financières par an. Selon lui, ce nombre est « complètement insignifiant » au niveau mondial. Il le compare d’ailleurs au monde de la finance traditionnelle où il estime que ce dernier traite à lui seul plus de 500 milliards de transactions par an, mais ne consomme pas autant d’énergie. Pour sa part, en comparant la consommation en énergie du Bitcoin à d’autres sources de paiement comme par VISA par exemple, Digiconomist a remarqué que cent mille transactions VISA nécessitent environ 150 kilowattheures alors qu’une seule transaction du Bitcoin nécessite plus de 500 KWh (environ 540 KWh).
La différence est bien énorme. Selon Alex de Vries, le Bitcoin semble toujours utiliser plus d’énergie par transaction que toutes les banques du monde réunies. L’exploitation minière du Bitcoin est vorace en énergie et émet des quantités astronomiques de CO2 par an. D’après la BBC qui cite une étude publiée dans la revue scientifique Joule, l’électricité utilisée par le réseau Bitcoin produit environ 22 mégatonnes de CO2 par an. La consommation des sept gigawatts d’électricité qui est attribuée au Bitcoin représente autant de puissance que celle qui serait générée par sept centrales nucléaires de Dungeness à la fois. Au cours d'une année, cela équivaut à peu près à la même consommation d'énergie que la Suisse.
Tout ceci est dû à l’activité de minage du Bitcoin et principalement au fait que les réseaux de mineurs se multiplient constamment. Le minage représente le procédé par lequel les transactions Bitcoin sont sécurisées. À cette fin, les mineurs effectuent avec leur matériel informatique des calculs mathématiques pour l’ensemble du réseau Bitcoin. Comme récompense pour leurs services, ils collectent les Bitcoins nouvellement créés ainsi que les frais des transactions qu’ils confirment. Actuellement, cette récompense est de 12,5 Bitcoins par bloc. Elle est divisée par deux tous les quatre ans environ. Pour tirer le maximum d’argent de ce processus, les utilisateurs connectent souvent un grand nombre de mineurs au réseau, même des entrepôts entiers.
L’outil des universitaires du Cambridge propose aussi d’autres comparaisons avec d’autres entités. Vous pouvez manipuler les chiffres et voir en temps réel l’estimation de la consommation d’énergie du Bitcoin par rapport à ces chiffres. Vous pouvez également découvrir la méthodologie utilisée par les scientifiques pour mettre en place l’indice de consommation. Néanmoins, ont-ils notifié, retenez que compte tenu du fait que la consommation d'électricité exacte ne peut pas être déterminée, l’outil offre une gamme de possibilités consistant en une estimation de la limite inférieure (plancher) et de la limite supérieure (plafond). À l’intérieur des limites de cette plage, une estimation approximative est calculée pour fournir un chiffre plus réaliste qui se rapproche le plus de la consommation d’électricité annuelle réelle de Bitcoin.
Sources : BBC, Outil de mesure de l’université de Cambridge
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