Les quelque 200 gypaètes barbus adultes qui forment actuellement la population alpine 30 ans après les premières réintroductions, affichent un taux de survie annuelle de 96%. C’est-à-dire que 8 de ces 200 adultes meurent «naturellement» chaque année. Or, selon nos projections démographiques, si 13 adultes au lieu de 8 devaient périr bon an mal an, soit seulement 5 de plus,
par exemple tués par les éoliennes projetées sur les cols et les crêtes, et ceci dans les Alpes prises dans leur ensemble, on devrait se faire du souci pour l’avenir de notre prince des airs réhabilité à grands frais!
Nos études à l’Université de Berne ne se contentent pas d’analyser les problèmes. Nous avons montré qu’une manière de compenser la mortalité supplémentaire causée par les éoliennes consisterait à
assainir les milliers de pylônes électriques suisses mal conçus qui électrocutent des centaines, sinon des milliers de grands oiseaux (cigognes, rapaces diurnes et nocturnes, etc.). Justement ceux dont la reproduction est trop lente pour équilibrer une nouvelle source de mortalité. Las, cette stratégie compensatoire n’a jusqu’ici trouvé grâce ni auprès de l’administration fédérale, ni guère d’ailleurs auprès des ornithologues, alors qu’elle serait à la fois pragmatique, car facile à mettre en œuvre, et doublement efficace si l’on songe aux pertes économiques que les cas d’électrocution entraînent sur les réseaux de distribution.
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