Les USA accusent des entreprises chinoise et taïwanaise de vol de secrets industriels
à Micron Technology Inc., un fabricant US de micropuces
La guerre commerciale et technologique entre la Chine et les USA continue de s'intensifier. Le Département du Commerce des États-Unis d’Amérique vient de placer sur sa liste noire Fujian Jinhua, une société chinoise qui fabrique des semi-conducteurs. L'entreprise ne pourra plus acheter ou vendre de produits technologiques sur le sol américain. Et pour cause, le Département de la Justice des États-Unis a dévoilé jeudi dernier les accusations portées contre une entreprise publique chinoise et son partenaire taïwanais, pour avoir volé des secrets commerciaux auprès de Micron Technology Inc., un fabricant américain de micropuces pour les smartphones, les tablettes et aussi pour les ordinateurs.
Les employés de Fujian Jinhua auraient tenté de dissimuler les preuves mais la police taïwanaise a réussi à retrouver l'employé chinois chargé de faire disparaître les preuves de l'espionnage industriel. Selon les autorités taïwanaises, ces informations étaient destinées à la Chine, qui comptait les copier et les reproduire à grande échelle dans une nouvelle usine de micropuces, une startup financée par des fonds publics s'élevant à 5,7 milliards de dollars US, dont le nom est Fujian Jinhua. Par cet acte, la Chine espérerait envahir le marché des puces avec ces copies probablement bon marché et, au passage, atteindre l'autosuffisance sur la production de micropuces.
Rappelons à juste titre qu'un plan connu sous le nom de « Made in China 2025 » visant à dominer les industries émergentes de haute technologie qui stimuleront la croissance économique future de la Chine prévoit en effet que le pays devienne un concurrent de taille des USA dans de nombreux domaines, notamment dans les semi-conducteurs. Fujian Jinhua serait l'une des clés de voûte de ce plan. L’acte d’accusation, annoncé parallèlement à une vaste initiative américaine visant à lutter contre les menaces à la sécurité nationale de la Chine, est le dernier en date des nombreuses accusations de vol de technologie de la part de la Chine.
Cette affaire, faisant suite à des accusations pénales connexes déposées par les autorités taïwanaises l’année dernière, porte sur United Microelectronics Corp. (UMC), une entreprise de semi-conducteurs de Taïwan cotée à la bourse de New York, Fujian Jinhua Integrated Circuit Co, une entreprise publique chinoise et trois ressortissants de la Taiwan. Selon l’acte d’accusation, l’un des accusés était un ancien employé de Micron à Taiwan. Il s’est installé à UMC en 2015 et a recruté les deux autres personnes accusées de le rejoindre et d’apporter les secrets commerciaux de Micron avec eux. Le chef de file présumé s'est arrangé pour qu'UMC collabore avec Jinhua, où il s'est rendu pour développer la même technologie.
Les réactions du côtés des USA ne se sont pas faites attendre. Le procureur général Jeff Sessions a condamné la Chine pour ce qu'il a déclaré être une violation flagrante d'un accord conclu avec l'administration Obama aux termes duquel les deux gouvernements ont convenu de ne pas soutenir les cyberattaques pour se voler des secrets d'entreprise. « En 2015, la Chine s'est publiquement engagée à ne pas prendre pour cible, les entreprises américaines pour des gains économiques. Et de toute évidence, cet engagement n'a pas été tenu », a déclaré Jeff Sessions.
Selon The Wall Street Journal, les représentants de Jinhua et de l’ambassade de la Chine à Washington ne se sont pas encore prononcés à propos de l'acte d'accusation. Un avocat d'UMC aurait également refusé de se prononcer. Micron quant à lui a salué l'acte d'accusation dans un communiqué, affirmant qu'il avait investi des milliards de dollars pendant des années pour développer sa propriété intellectuelle.
Bien évidemment, on s'attend à ce que des mesures ou sanctions soient prises par les USA et c'est le cas. Le département du commerce américain a placé Fujian Jinhua sur sa liste noire. L'entreprise ne pourra plus acheter ou vendre de produits technologiques sur le sol américain. Sessions a annoncé hier une nouvelle « initiative » visant à mieux lutter contre le vol de secrets commerciaux, la corruption, le lobbying étranger illicite et les coalitions commerciales susceptibles de donner aux investisseurs étrangers, l’accès à la technologie des États-Unis. Il a également déclaré que dans le cadre de cette initiative, un nouveau groupe de travail composé de cadres du Département de la Justice, y compris les plus grands procureurs fédéraux des districts de la Californie, du Texas et d'autres États, renforceraient l'engagement des forces de l'ordre avec les universités américaines, où le Département de la Justice estime que les initiatives du parti communiste chinois ciblent la technologie et menacent la liberté académique.
« Cette affaire, et bien d’autres comme celles-là, montre un pays [la Chine] déterminé à gravir les échelons du développement économique et ce, aux dépens des Américains », a déclaré John Demers, directeur du Département de la Justice, division de la sécurité. Rappelons qu'il y a quelques mois, après un long bras de fer entre la Chine et les États-Unis d’Amérique, le gouvernement américain a pris la décision d'interdire pendant sept ans aux entreprises américaines de vendre du matériel et des logiciels au constructeur de smartphones et d'équipements de télécommunications chinois.
ZTE, l'équipementier chinois spécialisé dans le domaine des télécommunications, en a payé les frais. Depuis des années, des menaces pesaient sur la grande firme chinoise. Elle était soupçonnée d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois, et aurait des liens avec le parti communiste au pouvoir. Avec cette nouvelle affaire, on est en droit de ce demander jusqu'au et pendant encore combien de temps, cette tension va durer entre les USA et la Chine. Les internautes, très impatients, disent attendre vivement la réaction de la Chine vu qu'aucun des accusés par l'acte d'accusation ne s'est encore prononcé sur l'affaire.
Qu'ils vous souvienne également qu'un rapport publié par Bloomberg avait indiqué que le spécialiste américain des cartes mères de serveurs, Supermicro, aurait été compris en Chine, où des groupes affiliés au gouvernement auraient infiltré sa chaîne d'approvisionnement pour insérer de minuscules puces, de taille comparable à un grain de riz ou à un bout de crayon, sur des cartes mères qui se sont retrouvées dans des serveurs déployés aux États-Unis. "The Big Hack", c’est ainsi que Bloomberg a appellé ce qui pourrait être l’un des plus grands programmes d’espionnage commercial d’un État-nation : le gouvernement chinois aurait réussi à accéder aux serveurs de près de 30 sociétés américaines, y compris Apple. Par la suite, Apple et Amazon ont démenti cela et ont demandé à Bloomberg de se rétracter de ses allégations
Source : The Wall Street Journal
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