Un salarié de Microsoft conseille à Mozilla de descendre de sa tour d'ivoire, de jeter l’éponge avec Gecko
Et d’adopter Chromium comme les autres
Un Project Manager chez Microsoft qui crée des outils de développement Web pour le logiciel Visual Studio Code a fait sensation sur Twitter ce week-end en suggérant à Mozilla, l’éditeur de Firefox, de prendre exemple sur la firme de Redmond en abandonnant le moteur de rendu maison utilisé pour son navigateur Web au profit de Chromium, celui développé par Google.
D’après lui, « le moment est venu pour @mozilla de descendre de sa tour d’ivoire philosophique. Le Web est dominé par Chromium. S’ils se soucient vraiment du Web, ils devraient apporter leur pierre à l’édifice au lieu de créer un univers parallèle qui est utilisé par moins de cinq % » des internautes, a écrit Kenneth Auchenberg sur Twitter. Il a, toutefois, tenu à nuancer ses propos en précisant ne pas souhaiter voir Mozilla disparaître. Auchenberg a estimé que cette entreprise devait se reconvertir en tant qu’institution de recherche « au lieu d’essayer de se justifier derrière un récit “de protecteurs du Web” ».
Il a par ailleurs confié : « Au fur et à mesure que la complexité augmente, vous arrivez à un point où vous “êtes obligés” de bâtir sur les couches existantes pour être en mesure de répondre aux attentes fondamentales et d’être compétitif. C’est là où nous en sommes aujourd’hui avec la plateforme Web. Tenter l’impossible et insister sur votre propre implémentation relève du suicide ».
Son intervention fait suite à la réaction de Mozilla qui, après l’annonce par Microsoft en décembre dernier de la mise au rebut du moteur de rendu maison EdgeHTML de Edge au profit de Chromium, déplorait le fait que le moteur Gecko de Firefox soit désormais la seule alternative au moteur de rendu développé par Google qui est utilisé par la grande majorité des navigateurs.
Pour Chris Beard, le PDG de Mozilla Corporation, en adoptant Chromium, Microsoft a officiellement renoncé à une plateforme indépendante pour Internet et confié à Google un plus grand contrôle de la vie en ligne. D’après lui, Chromium et Gecko sont des composants logiciels clés qui déterminent en grande partie ce que chacun de nous peut faire en ligne puisqu’« ils déterminent les fonctionnalités essentielles, telles que le contenu que nous pouvons voir en tant que consommateurs, notre niveau de sécurité lorsque nous regardons du contenu et le niveau de contrôle que nous avons sur ce que les sites Web et les services peuvent nous apporter ».
Chris Beard a surtout regretté que « la décision de Microsoft donne à Google plus de possibilités pour décider seul des possibilités offertes à chacun de nous » et faisait valoir que son entreprise se devait de concurrencer la firme de Mountain View, « car la santé d’Internet et de la vie en ligne dépendent de la concurrence et du choix ».
Si Google parvenait à se placer en situation de quasi-monopole sur ce marché grâce à Chromium, les développeurs n’auraient plus d’autres choix que de concevoir leurs sites Web et leurs applications pour travailler avec Chromium, a-t-il prévenu, s’inquiétant d’un retour aux années 2000 pré-Firefox lorsque Internet Explorer de Microsoft dominait les autres navigateurs Web. Mais Kenneth a balayé ces craintes de domination en rappelant que, contrairement à Internet Explorer, Chromium découle d’une initiative open source.
Les propos d’Auchenberg n’ont pas laissé la toile indifférente et nombreux ont été les développeurs qui ont commenté cette déclaration du salarié de la firme de Redmond, la plupart pour exprimer leur désaccord vis-à-vis de son point de vue.
Asa Dotzler, en poste chez Mozilla Corporation, lui a par exemple répondu : « Ce n’est pas parce que votre employeur a renoncé à son personnel et à sa technologie que d’autres devraient suivre ». Chris Peterson, un autre salarié de Mozilla impliqué dans le projet Firefox, s’est voulu plus rassurant quant à l’avenir du navigateur Firefox, estimant que ce n’est qu’une question de temps avant que Google et Microsoft ne prennent conscience des divergences de leur agenda respectif, lorsqu’il faudra, par exemple, savoir quels correctifs intégrer à Chromium.
« Google, Apple et Mozilla ont des agendas différents. Par exemple, Google accepterait-il des correctifs d’Apple ou de Mozilla pour ajouter une protection contre le suivi sur Chromium ? Combien de temps avant que Microsoft et Google ne soient en désaccord ? », a demandé Peterson.
Source : Twitter
Et vous ?
Qu’en pensez-vous : Mozilla doit-il s’aligner derrière Chromium ou persister avec Gecko ?
Quel commentaire faites-vous des propos du salarié de Mozilla qui s’interroge sur le temps qui reste à la collaboration entre Microsoft et Google autour de Chromium ?
Partagez-vous le point de vue du salarié de Microsoft lorsqu’il affirme qu’aujourd’hui, sur la plateforme Web, insister sur votre propre implémentation relève du suicide ? Selon vous, Chromium représente-t-il l'avenir sur cette plateforme ?
Le caractère open source d’un projet tel que Chromium permet-il d’écarter les risques d’abus de position dominante comme le suggère le salarié de Microsoft ?
Voir aussi
Navigateurs web : Firefox tombe en dessous des 9 % de parts de marché sur desktop, n'y a-t-il de la place que pour Google Chrome ?
Un ancien stagiaire de l'équipe Edge prétend que le navigateur a été saboté par Google, ce qui aurait poussé Microsoft à passer à Chromium
C'est officiel, Microsoft Edge sera désormais basé sur Chromium et enfin disponible sur Windows 7, Windows 8 et d'autres plateformes comme macOS
Partager