Facebook a permis aux géants de la tech d'accéder aux messages privés et listes d'amis
plus de 150 entreprises auraient bénéficié d'un accès intrusif
Depuis le scandale Cambridge Analytica, les révélations concernant Facebook se succèdent et se ressemblent. Elles montrent toutes que les données personnelles sur le réseau social ne bénéficient d'aucune protection réelle même si les utilisateurs croient avoir défini les paramètres qu'il faut. Si ce ne sont pas des développeurs tiers qui abusent de leur accès aux données de Facebook, ce sont des bogues qui exposent les données des utilisateurs. Sans oublier que l'entreprise elle-même est insatiable dans sa soif pour les données personnelles, étant donné qu'elle vit de la publicité ciblée... mais aussi la revente de données, ce que vient de confirmer de nouvelles informations du New York Times.
Mardi soir, le quotidien américain a en effet rapporté que, pendant des années, Facebook « a donné à certaines des plus grandes sociétés de technologie du monde un accès plus intrusif aux données personnelles des utilisateurs qu'elle ne l'a révélé, exemptant ainsi ces partenaires commerciaux de ses règles de confidentialité habituelles ». Le New York Times le dit sur la base d'entretiens avec d'anciens employés et des documents internes qu'il n'a pas publiés.
Les arrangements spéciaux sont détaillés dans des centaines de pages de documents de Facebook générés en 2017 par le système interne de suivi des partenariats de la société. Les documents, ainsi que des entretiens avec environ 50 anciens employés de Facebook et de ses partenaires, révèlent que Facebook a autorisé certaines sociétés à accéder aux données malgré les protections mises en place.
D'après les documents, Facebook aurait par exemple autorisé le moteur de recherche Bing de Microsoft à voir les noms de pratiquement tous les amis des utilisateurs de Facebook sans consentement, et aurait donné à Netflix et à Spotify la possibilité de lire les messages privés des utilisateurs de Facebook.
Le réseau social aurait aussi permis à Amazon d’obtenir les noms et informations de contact des amis. Il aurait également permis à Yahoo de voir les flux de publications des amis au moins jusqu'à cet été, bien que Facebook ait déclaré publiquement avoir mis fin à ce type de partage des années auparavant.
Au total, les arrangements décrits dans les documents auraient profité à plus de 150 entreprises - la plupart d’entre elles étant du secteur des technologies, y compris des détaillants en ligne et des sites de divertissement, mais également des constructeurs automobiles et des entreprises de médias. Les documents ont révélé, selon le New York Times, que les applications des partenaires de Facebook étaient alimentées par les données de centaines de millions de personnes chaque mois. Ces partenariats, dont le plus ancien date de 2010, étaient tous actifs en 2017. Et certains étaient encore en vigueur cette année.
Ces révélations confirment l'image qu'on a déjà des pratiques de partage des données du réseau social. Ils indiquent également à quel point les données à caractère personnel sont devenues précieuses dans l'ère numérique et négociées à grande échelle par certaines des sociétés les plus puissantes de la Silicon Valley et même au-delà. Mais dans une interview, Steve Satterfield, directeur de la protection de la vie privée et des politiques publiques de Facebook, a déclaré qu'aucun des partenariats ne violait la vie privée des utilisateurs ou les règles de la FTC. Il précise d'ailleurs que les contrats exigent que les entreprises se conforment aux politiques de Facebook.
Il reconnait néanmoins que Facebook a connu des erreurs au cours de la dernière année et que l'entreprise continue de travailler pour les réparer : « Nous savons que nous avons du travail à faire pour regagner la confiance des gens », a déclaré M. Satterfield. « Protéger les informations des personnes nécessite des équipes plus fortes, une meilleure technologie et des politiques plus claires, et c'est sur cela que nous nous sommes concentrés pour la majeure partie de 2018. » Il affirme que les partenariats constituent « un domaine prioritaire » dans la quête de la confiance des utilisateurs et que Facebook était en train d'en finir avec beaucoup d'entre eux.
Steve Satterfield explique aussi qu'avec la plupart des partenariats, les règles de la FTC n’exigeaient pas que le réseau social obtienne le consentement des utilisateurs avant de partager des données, car Facebook considérait ses partenaires comme des extensions de son propre réseau, comme des fournisseurs de services permettant aux utilisateurs d’interagir avec leurs amis Facebook... Et les partenaires n'ont pas été autorisés à utiliser les informations personnelles à d'autres fins, a-t-il déclaré. « [Ils] ne doivent pas ignorer les paramètres de confidentialité des utilisateurs », dit-il.
Un porte-parole de Facebook soutient encore que l'entreprise n'a trouvé aucune preuve d'abus de la part de ses partenaires. Pour leur part, certains des partenaires les plus importants, dont Amazon, Microsoft et Yahoo, ont déclaré avoir utilisé les données de manière appropriée, même s'ils n'ont pas voulu discuter en détail des accords de partage.
Source : The New York Times
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