L'IA pourrait supplanter 40% des emplois du monde dans 15 ans
l'humanité arrivera-t-elle à surmonter ce bouleversement technologique ?
La bataille de l’IA fait de plus en plus rage entre les pays, et pour cause, elle est considérée comme une clé du futur pour dominer les nations, comme l’a laissé entendre le président russe Vladimir Poutine. Là où l’IA est mise en application, elle présente un potentiel énorme de croissance et de richesse en raison de l’augmentation de productivité. Pourtant, des rapports accablants mettent en garde contre une percée trop rapide de cette technologie qui pourrait avoir des répercussions désastreuses sur l’emploi et creuser davantage l'écart entre les salaires des salariés qualifiés et ceux moins qualifiés.
Kai Fu Lee
Parmi les partisans de l’idée de l’IA destructrice d’emploi, il y a Kai Fu Lee, un pionnier de l’intelligence artificielle et un investisseur de capital-risque. Il croit fermement que dans 15 années, 40 % des emplois du monde vont être automatisés.
« L’IA va de plus en plus remplacer les emplois répétitifs, pas seulement les emplois col bleu, mais aussi le travail des cadres, » dit-il à Scott Pelley dans la célèbre émission américaine 60 minutes. « Les conducteurs, les chauffeurs de poids lourd, tous ceux qui conduisent pour gagner leur vie, leurs emplois seront davantage perturbés dans les 15 à 25 ans à venir, » dit-il. « Beaucoup d’emplois qui semblent un peu complexes, chef, serveur, beaucoup de choses seront automatisées … les magasins, restaurants, et dans 15 ans, cela va supplanter près de 40 % des emplois dans le monde. »
Ce chiffre renversant de 40 % a en quelques sortes surpris le journaliste américain Scott Pelley qui s’est empressé à interroger davantage l’expert chinois. Ce dernier a affirmé que les jobs seront effectivement « supplantés ».
« Je pense que l’IA va changer le monde plus que toute autre chose dans l’histoire de l’humanité. Plus que l’électricité, » dit-il.
Cette prophétie peut sembler apocalyptique pour certains, mais elle rejoint d’autres études et rapports qu’on a couverts auparavant ici à Developpez. En 2016, des scientifiques et des conseillers économiques de l’ancien président américain Barack Obama ont publié un rapport âpre sur l’IA, mettant en garde contre les effets de l’automatisation sur le marché de l’emploi et l’économie américaine. En effet, l'automatisation a conquis de nombreux postes d’emploi comme ceux des standardistes, des agents de voyage ou encore les travailleurs dans la chaine de montage. Aujourd’hui, l’IA menace de remplacer les chauffeurs de taxi, Google vient de lancer Waymo One, son service de taxis autonomes. D’autres startups (ainsi que le géant allemand Daimler) travaillent sur des camions autonomes, une menace calamiteuse pour l’industrie du poids lourd qui fournit plus 3,8 millions d’emplois rien qu’aux États-Unis. D’autres exemples ne manquent pas, Amazon a commencé d’ores et déjà à ouvrir des magasins sans caisse où les employés sont remplacés par des détecteurs et la vision par ordinateur. De même, quelques chaines de restaurants fastfood ont commencé à installer des kiosques et des systèmes de commande automatique.
Un des changements majeurs concernera l’éducation. Lee finance des entreprises qui installent des systèmes IA dans classes à distance en Chine pour améliorer l’apprentissage des étudiants habitant loin des villes en croissance du pays. Le système d'intelligence artificielle est conçu pour évaluer l'intérêt et l'intelligence des élèves selon la matière. L'intérêt de ce système est de dresser un profil personnalisé de chaque étudiant et savoir où son apprentissage reste bloqué pour que l’enseignant puisse personnaliser les points dans lesquels l’élève a besoin d’aide, explique Lee. Une telle IA pourrait aussi aider à identifier les génies du monde, « c’est possible dans le futur, » pense l’expert.
Quand il a été interrogé sur quel futur attend ces élèves dans un monde où 40 % des emplois seront remplacés par l’IA, Lee s’est montré confiant sur la capacité de l’intelligence humaine à surmonter tous les défis.
« Eh bien, dans un sens, il y a la sagesse humaine qui arrive toujours à surmonter ces révolutions technologiques », dit Lee. « L'invention de la machine à vapeur, de la machine à coudre, de l'électricité, ont toutes supplanté des emplois. On s'en est remis. Le défi de l'IA est que ces 40 %, qu'il s'agisse de 15 ou 25 ans, arrivent plus vite que les révolutions précédentes. »
En Chine, de nombreuses entreprises travaillant d’arrache-pied sur l’IA ont un avantage énorme. Elles ont accès aux données d’une population énorme de 1,4 milliard d’habitants, tous dotés de smartphones et qui les utilisent pour tout faire, même les activités les plus futiles comme faire des courses ou louer des vélos. Ces données constituent une mine d’or qui alimente le développement prompt de l’IA. « La Chine a clairement un avantage, » dit Lee.
L’empire du Milieu veut devenir le leader mondial de l'intelligence artificielle et ne cache plus ses ambitions d'hégémonie. Le gouvernement chinois a rendu public en 2017 le plan de développement national qu’il compte mettre en place pour l’émergence de l’intelligence artificielle « made in China ». Ce projet prévoit d’augmenter le poids économique de ce secteur d’avenir de 150 milliards de yuans (22,15 milliards USD) d’ici 2020 à 400 milliards de yuans (59,07 milliards de dollars) à l’horizon 2025, selon les chiffres officiels fournis par le gouvernement chinois.
Mais l’expert chinois reconnaît que les États-Unis continuent de garder la mainmise technologique sur le développement de l’IA, du moins dans le futur proche. « Les chercheurs les plus éminents sont pour la majorité américains, alors je pense que ça sera 50/50 pour les 5 prochaines années, » a dit Lee.
Des prédictions exagérées ?
Si certains experts sont déterminés à faire savoir que l’IA va bouleverser le marché de l’emploi et nos habitudes de travail. D’autres experts sont plus confiants et estiment que l’IA ne constitue pas une menace, mais plutôt une force créatrice d’emplois. Cette opinion est partagée par le cabinet Gartner ainsi que Byron Reese, le PDG et l'éditeur de la société de recherche technologique Gigaom.
D’autres observateurs plus pessimistes estiment que l’IA est encore loin du stade bouleverser quoi que ce soit. Autrement dit, au stade actuel de son développement, l’IA n’est pas toujours apte de remplacer complètement un employé humain.
En admettant que l’IA va vraiment supplanter plein de nos emplois, il apparaît que des jobs comme courtier, conseiller juridique et analyste en assurance sont plus menacés de disparaître que des jobs comme cueilleur de fruits ou serveur, difficiles à automatiser. Ce scénario digne de la science-fiction risque donc de laisser dans le monde deux catégories sociales : les milliardaires et les pauvres.
Source : cbsnews
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